
Les usagers qui louent les nouveaux minibus de marque Tata ou King Long ont fait leur choix. Parce qu’ils desservent les zones les plus reculées avec une meilleure organisation, ces véhicules, entrés en lice à partir de 2004 dans le cadre du renouvellement du parc automobile, sont en passe de ravir la vedette aux vieux cars « Ndiaga Ndiaye » et autres « cars rapides » qui transformaient le moindre déplacement en véritable chemin de croix pour les usagers.
Le garage Petersen fourmille de monde. Dans ce méli-mélo indescriptible d’étals et de véhicules, rendu encore plus insupportable par les klaxons et les cris, on se fraye difficilement un chemin. En cette de fin de soirée où tout le monde veut rentrer après une dure journée de travail, les cars de transport en commun sont pris d’assaut. Plus particulièrement les bus de marque Tata ou King Long, reconnaissables à leur parure blanche barrée de rayures bleues.
A l’emplacement des bus de la ligne 50, une foule bigarrée constituée principalement de femmes attend de faire le plein. A la différence des autres arrêts bus, ici on ne fait pas le rang. Ce sont des numéros qu’on distribue à chaque usager. Dix minutes après que le dernier bus est parti, un autre vient de se garer. Une petite frénésie s’empare des clients. On s’agglutine devant la porte. Le régulateur Baïdy Soumaré se fraye un chemin et se met devant.
Trajets saucissonnés et grosses bousculades
Il s’époumone : « numéro 23, numéro 24». Chaque détenteur du numéro ainsi appelé s’engouffre dans le bus et choisit une place. Il en est ainsi jusqu’à ce que toutes les places assises soient occupées. Les plus endurants ou les plus pressés, eux, peuvent rester debout. Salimata Sané, elle, a décidé d’attendre un autre bus : « le régulateur s’est arrêté au numéro 44, moi j’ai le 48. Donc j’aurai une place assise dans le prochain bus », explique cette habitante de Malika, qui était venue faire ses emplettes chez les commerçants chinois.
Comme cette dame, nombreux sont les Sénégalais qui ont tourné le dos aux vieux cars « Ndiaga Ndiaye » ou autres « cars rapides », depuis l’avènement des nouveaux bus en 2004. Fini les trajets saucissonnés et les grosses bousculades. Presque tous les coins de Dakar et de sa banlieue sont desservis. « Nous avons ouvert la ligne 50, il y a à peine un an. Nous rallions Malika en passant par Bountou Pikine, Thiaroye et Yeumbeul », confie Baïdy Soumaré. Au grand bénéfice des habitants de ces localités qui avaient tout le mal du monde pour rentrer chez eux.
Sac en bandoulière, lissant tranquillement son bouc, Hamdy Sow, attend un bus pour embarquer. Il fait partie des usagers qui saluent la création de la ligne 50 desservant son quartier de Tally Bou Xonk, un patelin situé à mi-chemin entre Yeumbeul et Malika.
« Avant, il me fallait emprunter deux ou trois cars par jour. A l’aller comme au retour », dit-il derrière ses lunettes de soleil, même si l’astre du jour avait déjà fini de se coucher. Pour cet habitant de la banlieue, l’avènement de ladite ligne ne lui épargne pas que seulement le calvaire des trajets saucissonnés. En effet, il dépense moins en termes de budget de transport : « je dépensais au bas mot près de 1.000 francs Cfa par jour, là où je ne dépense plus que 500 Fcfa aujourd’hui», se réjouit-il. En effet, le ticket pour Malika, à partir Petersen, revient à 250 Fcfa, renseigne le régulateur. Même son de cloche chez Oumou Bèye, une dame affichant la cinquantaine, vendeuse à Petersen depuis une dizaine d’années, qui ne tarit pas d’éloges à l’endroit des promoteurs de tous ces bus.
« Franchement, s’il y a un secteur où Wade a réussi, je pense que c’est celui du transport. Il n’y a pas un endroit aujourd’hui où les bus ne vont pas. Le transport n’est plus un calvaire. Ceux qui pensent le contraire n’étaient pas encore à Dakar au début des années 2000 », assure-t-elle.
250 Fcfa pour aller de Malika à Petersen
Presque au même emplacement se trouve l’arrêt de la ligne 56. Forte de 13 bus, elle dessert Keur Massar en passant par l’autoroute. Contrairement à la ligne 50, la ligne 56 n’est pas envahie par les usagers. Cela s’expliquerait par le fait qu’il y a au moins cinq autres lignes dont la 54 et la 71 qui rallient cette partie de la banlieue, renseigne Omar Sarr régulateur de la ligne 56, tout occupé à mettre en ordre la petite queue qui s’est formée à la porte d’un bus.
A Petersen, s’il y a une ligne qui est particulièrement prisée par les usagers, c’est sans doute la 55 qui dessert Rufisque. A toute heure de la journée, on y note de longues files indiennes. « Ce n’est pas la seule ligne qui rallie la vieille ville, mais c’est la plus ancienne », explique Souleymane Guèye, un habitué de la ligne, pour expliquer sa fidélité.
Pour Aïssatou Bâ, de toutes les lignes, c’est la création de la 70 qui lui fait plus de plaisir. Raison invoquée : elle rallie Guédiawaye à Jaxaay, ce nouveau quartier érigé près de Tivaouane-Peul pour accueillir les déplacés des quartiers inondés de la banlieue : « presque tous les habitants de Jaxaay, dont moi, viennent de Guédiawaye où nous avons encore des parents et des amis. Donc avec la ligne 71, il nous est plus facile de faire la navette », soutient Aïssatou.
« Teunguedji benne place -Rufisque, une place», s’égosille de l’autre côté du garage, un apprenti d’un car « Ndiaga Ndiaye » qu’il a du mal à remplir. Les temps sont décidément en train de changer.
Elhadji Ibrahima THIAM (Stagiaire)
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