
Dans la galaxie présidentielle, il est la voix la plus autorisée pour porter la parole du locataire de l’Avenue Léopold Sédar Senghor dont il revendique la proximité. Quand Abou Abel Thiam parle, on entrevoit la voix du «Boss». Il cogne, sans aucune forme de culpabilité, sur les libéraux. Toutefois, il prend quelques précautions pour parler des alliés. Car, pour lui, le vent de la discorde ne doit surtout pas venir du coté de Mermoz.
Macky Sall a bouclé un semestre de gouvernance. Quel tableau dressez-vous de la situation du Sénégal ?
En résumé, ce serait un contenu positif, même si on ne peut pas faire le tableau de l’ensemble des activités sociales, politiques et économiques du pays dans une interview. Il est vrai que nous venons de boucler un semestre de gouvernement du Président Macky Sall qui est arrivé au pouvoir le 25 Mars, avec un score quasiment plébiscitaire, avec la foi des Sénégalais placée en lui sur la base du programme de gouvernement qui leur a été soumis, mais aussi sur la base de son coefficient personnel. Le Président Macky Sall, par la grâce de Dieu, est parvenu à restaurer la République dans ses fondamentaux, à entamer un processus visant à remettre le pays sur les rails, à restaurer la dignité de l’Etat, la sécurisation de l’espace public, mais aussi la rationalisation des choix budgétaires au bénéfice des Sénégalais. Parmi ces mesures positives, il y a celle relative aux licences de pêche. Le marché est devenu mieux approvisionné en poissons, ce qui a occasionné une baisse notable des prix de cette denrée fondamentale dans notre alimentation.
Est-ce que la situation actuelle du pays pourrait augurer de lendemains meilleurs pour les Sénégalais étreints par le coût de la vie ?
Naturellement, si on se base sur l’assainissement de l’espace public, des procédures budgétaires, des rapports entre l’Etat et les populations que cet Etat sert, on peut dire que le pays est mis sur des rails qui lui permettront d’accéder à l’émergence. On est en droit d’espérer des lendemains meilleurs.
Les prix des produits pétroliers ont connu une hausse vertigineuse et l’école risque de péricliter encore dans une crise sans issue. Macky Sall est-il en mesure de tenir son engagement de soulager les Sénégalais ?
Je ne suis pas d’accord avec le tableau que vous venez de peindre. Il y a un ensemble de secteurs clés pour les populations sur la base desquels, vous conviendrez avec moi, il faut revoir votre argumentation. Vous avez parlé tantôt des produits pétroliers. C’est très important de savoir quel seraient leurs prix s’il n’y avait pas une politique rigoureuse menée par le Président Macky Sall. Pour les six premiers mois de son magistère, il a fait consentir à l’Etat un effort important qui a permis de maintenir par exemple le prix du litre de gasoil à 792 Fcfa. Il faut que les gens soient au courant des efforts incommensurables qui sont derrière le maintien des prix à ce niveau-là. Pour ces 4 dernières semaines, 750 millions Fcfa ont été injectés afin de maintenir le prix du gaz au niveau auquel il est. On ne peut pas consentir tous les efforts de l’Etat dans ce secteur. Il faut bien que les Sénégalais mangent correctement, se soignent et soient sécurisés. A partir de ce moment, il y a un niveau d’arbitrage qui incombe au chef de l’Etat et au gouvernement. La répartition du budget obéit à de tels critères.
Vous semblez revenir à la réalité du marché concernant les produits pétroliers…
Non, je n’ai pas dit ça. Je dis que le Président Macky Sall applique un effort budgétaire qui permet d’être en deçà de la vérité des prix, qui permet d’atténuer le renchérissement quasi naturel des prix des produits pétroliers. Face à la flambée des prix des produits pétroliers, l’Etat consent un effort important justement pour qu’on n’arrive pas à cette vérité des prix. Pour ce qui est du gaz, les 750 millions Fcfa dont je vous parle constituent la perte subie par l’importateur qu’on ne peut pas lui imputer. Les ressources devant aller à d’autres secteurs ne doivent pas être englouties par les produits pétroliers. C’est pour dire qu’il y a un effort que les Sénégalais doivent comprendre. L’autre aspect du problème, c’est l’électricité. Je dois vous dire que les efforts consentis par le Président, son gouvernement et la nouvelle administration de la Sénélec ont permis au Sénégal d’avoir, au niveau de la production, un accroissement de l’ordre de 18%. Alors que nous étions, il y a juste une année, à 3,7 %. Imaginez l’amplitude de cet accroissement.
Pourtant, malgré les efforts que vous mentionnez, les Sénégalais ressentent durement ces augmentations. N’êtes-vous pas rattrapés par la réalité du marché international ?
Durant la campagne présidentielle, Macky Sall disait qu’il était anormal que le prix du gasoil coûte 800 Fcfa au Sénégal alors que le Mali qui s’approvisionne chez nous vend le litre de gasoil à 500 Fcfa. Il avait même promis de rabaisser le prix du litre de gasoil à 500 Fcfa…
Je regrette. Il n’a jamais dit qu’il allait ramener le litre du gasoil à 500 Fcfa. Il n’a jamais avancé de chiffre. Ce que je vous dis, c’est que pendant 6 mois, le litre du gasoil est resté à 792 Fcfa, le prix de la bonbonne de gaz n’a pas atteint ce qu’il devrait être.
Là, vous en êtes à six mois de gouvernance seulement. N’allez-vous pas vous résoudre à appliquer, d’ici deux ans, la vérité des prix comme l’ont suggéré la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International ?
Absolument pas. Le gouvernement du Président Macky Sall n’est pas le gouvernement de la Banque Mondiale ou du Fonds Monétaire International. Il n’y a pas de gouvernement supranational qui serait au-dessus du gouvernement souverain à la tête duquel se trouve le Président Macky Sall. Et, constatez avec moi, que nous avons notre liberté de manœuvre. Nous sommes un gouvernement souverain. Nous ne sommes pas prisonniers de leur politique. Nous appliquons notre propre politique, mais il y a des partenariats que nous respectons. Nous préservons, autant que possible, l’intérêt du Sénégal.
Pour le moment, vous peinez à respecter la plupart de vos engagements électoraux concernant le coût de la vie. Ne pensez-vous pas que les baisses opérées sur les prix des denrées de première nécessité sont insignifiantes ?
Quelle qu’en soit l’ampleur, il y aura toujours une demande d’accroissement de cette baisse. C’est la vie qui est ainsi faite. L’homme est par nature insatisfait. Le Président s’est engagé à baisser les prix des denrées de première nécessité et il l’a fait. Maintenant, que les gens pensent qu’il y a une nécessité de baisser encore, je le leur concède. Nous y travaillons, mais nous ne pouvons pas le faire au-dessus de nos possibilités.
Est-ce que vous allez appliquer les instructions du FMI et de la Banque Mondiale concernant l’arrêt de la subvention des denrées de première nécessité, des produits pétroliers et de l’électricité ?
Nous ne recevons d’instructions de la part de qui que ce soit. Je vous le dis encore une fois, il n’y a pas de gouvernement supranational.
Vous vous efforcez de tenir vos engagements concernant le coût de la vie, mais vous agitez l’hypothèse d’élargir la taille du gouvernement. Ne craignez-vous pas de vous mettre à dos les Assises nationales ?
Attendez d’abord que ce soit fait avant que vous puissiez porter un jugement de valeur.
Même quand c’est le Président de la République en personne qui annonce envisager cette possibilité
Il s’était engagé devant les Sénégalais à constituer un gouvernement de 25 membres. C’est un fait patent qui s’impose à tous. Maintenant, ce qu’il a expliqué devant les Sénégalais de New York, c’est qu’il comprend l’esprit de son engagement. Quelle que soit la situation, il sera dans le minimum de ministres exigés par le contexte. Nous ne sommes pas prisonniers des nombres et des chiffres. Un gouvernement ne dépend pas de celui qui le forme. Il y a des paramètres qu’il faut prendre en compte. Et il peut arriver que le contexte fasse que l’on soit obligé d’agrandir ou de restreindre. Le programme de gouvernance du Président Macky Sall comprend l’existence du Sénat à côté de l’Assemblée nationale. Mais, le contexte malheureux des inondations l’a obligé à revoir les choses et à procéder à la suppression du Sénat. Il a été rattrapé par une urgence ponctuelle. Si, demain, l’urgence ne se pose plus, il peut ramener le Sénat. Demain, si les circonstances l’exigent, le gouvernement sera élargi à 30 ministres. Le plus important est de rationaliser les choix budgétaires.
Macky Sall n’est-il pas en train d’emprunter le même chemin qui a perdu son prédécesseur, à savoir un gouvernement pléthorique cohabitant avec un bataillon de ministres-conseillers logés au Palais ?
Nous n’égalerons jamais le record d’Abdoulaye Wade en termes de nombre.
Pouvez-vous nous donner le nombre exact de ministres-conseillers autour du Président de la République ?
Je ne l’ai pas en tête. Mais, il est en deçà de ce que nous avions trouvé à la présidence de la République. Il n’y a pas de ministres-conseillers avec des attributions spécifiques. Les nôtres appuient seulement le chef de l’Etat dans des tâches ponctuelles. Nous n’avons pas de gouvernement bis ou parallèle. Il y a un seul gouvernement dirigé par le Premier ministre Abdoul Mbaye. Ce qu’il y a à la Présidence, ce sont des services.
On a fait état récemment d’une proposition de la Secrétaire générale de la Présidence allant dans le sens de revaloriser le traitement salarial des Ministres conseillers et des Conseillers spéciaux. Qu’en est-il exactement ?
Je ne suis pas au courant de cette proposition de Mme Aminata Tall. Ce que je puis vous dire, c’est que le traitement des fonctionnaires et des employés de la présidence de la République, réglementé depuis Senghor et Abdou Diouf, est largement en deçà du niveau de vie des populations.
Cela a quand même surpris les Sénégalais. Pourquoi les conseillers d’Abdoulaye Wade ne se sont jamais plaints de ce traitement que vous jugez misérable ?
C’es vous qui le dites et je dois vous faire remarquer que je ne suis pas le porte-parole d’Abdoulaye Wade.
On parle de l’imminence d’un remaniement ou d’un réaménagement du gouvernement. Qu’est-ce qui retarde cette recomposition ?
Ne restons pas sur des rumeurs. Restons sur les faits qui s’imposent à nous. Mais, on doit s’attendre à un réaménagement à tout moment.
Y aura-t-il de nouvelles entrées ? Des ministres vont-ils changer de portefeuille ?
Je ne suis pas le président de la République. Ce n’est pas moi qui nomme un ministre ou forme un gouvernement. Je ne suis pas au courant d’un remaniement envisagé. Il ne sert à rien d’anticiper sur cela. Je vous renvoie à une des promesses respectée et dont vous ne faites cas : Macky Sall a été élu pour un mandat de sept ans mais il a entrepris de raccourcir ce mandant à 5ans.
Alors, parlons-en ! Quand est-ce que les dispositions constitutionnelles vont être prises pour que l’Assemblée se penche sur cette réforme ?
Ce que je peux vous dire, c’est que le Président Macky Sall ne restera pas 7 ans à la Présidence de la République. Car, qui peut le plus, peut le moins.
Revenons au gouvernement, allez-vous faire appel à des compétences libérales si on devait l’élargir ?
Un gouvernement est d’abord éminemment politique. Et, ces libéraux dont vous parlez sont des adversaires politiques que nous avons défaits par la volonté des Sénégalais. Je ne sais pas si cela va arriver. Mais, si ça arrive, ce ne sera pas la règle générale. Macky Sall a un personnel politique suffisamment compétent qui l’a accompagné.
En faisant appel à Aminata Niane, l’ex-patronne de l’Apix, ne laissez-vous pas entrevoir un possible retour des libéraux dans l’Establishment ?
Aminata Niane est une citoyenne qui a ses compétences et si le Président fait appel à elle, comme conseillère, je ne vois pas pourquoi cela vous gêne. Le peuple a sanctionné Abdoulaye Wade et son régime. Mais, cela ne veut dire qu’on doit jeter le bébé avec l’eau du bain.
Les Sénégalais avaient sanctionné Abdoulaye Wade pour dénoncer l’immixtion de la famille présidentielle dans la gestion de la cité. La Première dame n’est-elle pas en train, avec sa fondation «Servir le Sénégal», de faire la même chose ?
Il n’y a pas de sur-médiatisation de sa part. Même si c’est le cas, ce n’est pas de sa volonté. Il faut laisser la fondation «Servir le Sénégal» dans le créneau qu’elle a choisi : porter secours et assistance aux Sénégalais qui sont dans le besoin. Le Président Senghor était aux affaires et les membres de sa famille occupaient des postes de responsabilité. Le Président Abdou Diouf était aux affaires et des membres de sa famille étaient nommés à des fonctions. Idem pour le Président Abdoulaye Wade. Le Président Macky Sall est au pouvoir, mais où est-ce que vous avez vu ses parents tenir des parcelles de pouvoir d’Etat ?
Des membres de la famille présidentielle sont nommés à des postes de responsabilités. Pourquoi n’avez-vous pas fait valoir cette maxime avec Karim wade qui n’en était pas moins un citoyen sénégalais ?
Il est devenu Sénégalais à partir de 2002, quand il a eu ses pièces d’identité. Karim Wade a été investi d’un pouvoir. Il était le vice-président sans qu’il puisse se prévaloir d’une légitimité. Avez-vous vu le Président Macky Sall se comporter de la sorte ?
Revenons à la fondation «Servir le Sénégal». Il y a une polémique qui commence à enfler concernant son mode de financement. Quel commentaire cela vous inspire ?
Lorsque j’ai entendu cette sortie des libéraux, j’ai eu très mal. Parce qu’ils sont très maladroits en soulevant le débat en ces termes. Comment peut-on demander à une fondation de prouver d’où elle tire l’argent qu’elle distribue aux Sénégalais ? Ce n’est pas une critique valable. Mais, dans quel pays sommes-nous ? Est-ce qu’ils ont bien réfléchi à leur questionnement ? Je me dis que ces messieurs en veulent aux Sénégalais parce qu’ils les ont écartés. Puisqu’ils agitent ce débat, il faudra donc faire un audit de toutes les fondations qui avaient demandé, au nom des Sénégalais, de l’argent.
Le Président de la République a prononcé son premier discours à la tribune de l’Onu. D’aucuns pensent qu’il a raté le coche et que son discours n’était pas à la hauteur des attentes comme la condamnation du film sur l’islam, la situation du monde musulman ou l’anniversaire du Joola…
J’ai l’impression que ces messieurs n’ont pas lu le discours et je les renvoie au discours. Le président Macky Sall a parlé des agressions contre l’islam, il s’est ému des agressions contre l’islam en sa qualité de Président de l’Oci. Il faut que ces messieurs attendent d’avoir quelque chose d’objectif pour émettre des critiques sur le Président Macky Sall. À la tribune des Nations-Unies, le Président s’est mué en porte-parole du Sénégal, de l’Afrique et de la Umma. Il a fait preuve, dans des thèmes majeurs de son discours, d’un grand courage. Il a invité les Nations-Unies - au travers de son appel à l’exigence pour l’Afrique d’avoir deux sièges au Conseil de sécurité - à appliquer les idéaux de démocratie qu’elles véhiculent à travers le monde. Macky Sall a aussi parlé de la Syrie, des rapports entre l’Afrique et l’Occident et de la Palestine. La politique diplomatique sénégalaise consiste, aujourd’hui, à redonner au Sénégal ses lettres de noblesses et non à s’adonner à un culte de la personnalité. Depuis quand est-ce que le Sénégal n’a pas reçu des hôtes de marque ? Le Président François Hollande va démarrer sa première tournée africaine par le Sénégal. Le Premier ministre canadien est en séjour au Sénégal. Sur ce point-là, nous sommes en train d’opérer une véritable rupture.
Diplomatie de rupture, dites-vous. Est-ce que cela va toucher le processus de diversification des partenaires économiques entrepris par Abdoulaye Wade ou est-ce que vous allez continuer à fructifier la coopération avec les partenaires traditionnels que sont la France et les Etats-Unis ?
Nous ne sommes pas dans la ligne d’Abdoulaye Wade. Nous sommes dans la rupture. Ne nous comparez pas à Abdoulaye Wade. Le Président Macky Sall est l’antithèse d’Abdoulaye Wade. Maintenant, il n’est pas dit que parce que l’ancien Président avait diversifié nos relations diplomatiques qu’on va faire, pour opérer une rupture, quelque chose d’antinomique. Le Sénégal est un pays souverain qui garde les relations privilégiées qu’il avait avec ses partenaires traditionnels. Nous ouvrons toutes les portes de la coopération avec tous les pays du monde. Nous nous inscrivons dans une diversification des partenaires.
Abdoulaye Wade a été primé dernièrement, mais aucune réaction n’a été enregistrée de la part de la majorité présidentielle. Est-ce à dire que ce prix vous laisse de marbre ?
Demandez-leur s’ils nous ont invités ! Posez-vous la question d’où vient ce prix et quel est son contenu. Vous savez, nous ne sommes pas dans ce jeu. Nous nous en arrêtons là.
L’APR gouverne avec une coalition que Khalifa Sall invite à ne pas encombrer le Président Macky Sall. Qu’est-ce qu’une telle déclaration vous inspire ?
Je laisse la responsabilité de tels propos à Khalifa Sall, s’il les a tenus. Ce que je sais par contre, c’est qu’il n’y a aucun sentiment d’étouffement à l’endroit des partenaires et alliés. Le Président Macky Sall est un homme libre. Je suis d’accord avec Khalifa Sall quand il dit qu’une démocratie a besoin d’une opposition forte et crédible. Je milite pour une opposition de veille et de critique.
Vous ne ressentez pas la pression des alliés qui réclament un retour d’investissement ?
Le Président Macky Sall est un homme politique libre qui a été élu avec 65% des suffrages. Tout ce qu’il fait, il le fait en âme et conscience. Tous ses actes relèvent de sa seule responsabilité.
Ceux qui doutent de la cohésion de la coalition au pouvoir vont être confortés dans leurs doutes avec les virulentes sorties de responsables de Rewmi, suite au débauchage de militants d’Idrissa Seck à Thiès. Que gagnez-vous à détourner les militants d’un allié ?
Il en va ainsi de la vie politique, ceux qui sont ensemble aujourd’hui peuvent se séparer demain, cela dépend des contextes et des ambitions. Chacun est libre de ses choix et de ses orientations. Nous sommes un parti politique libre. Et on se félicite du compagnonnage de ses alliés. Nous ne sommes pas dans le débauchage mais nous accueillons à bras ouvert tous les Sénégalais, pourvu qu’ils viennent nous fortifier. Nous sommes en compétition après tout. Maintenant nous ne pouvons pas gérer les humeurs d’un parti.
Selon des libéraux, Macky Sall et certains de ses collaborateurs ont tellement de choses à se reprocher qu’ils n’osent pas donner un coup dans la fourmilière de la bonne gouvernance. Bref, où en êtes-vous avec les audits et autres enquêtes sur l’enrichissement illicite ?
Les audits avaient été entamés par l’ancien régime. Pour des raisons qui leur sont propres, ils les avaient suspendus. Une fois arrivés au pouvoir, nous les avons réactivés. Nous estimons que la loi est là pour tout le monde. Ceux qui ont géré des deniers publics doivent rendre compte. On ne doit pas entreprendre des audits et les stopper, il n’y a pas de pause. Les audits du Président Macky Sall n’ont pas encore démarré. Nous ne ferons pas une chasse aux sorcières, mais quiconque aura détourné un centime rendra compte. Ce qui est certain, c’est que les choses vont suivre leur cours normal avec la sérénité qui sied. Nous sommes un Etat serein qui se veut neutre. C’est peut être un problème d’empressement de la part de ces libéraux. Notre démarche est simple : «Ni faiblesse coupable, ni ostracisme malveillant».
Nous allons terminer l’entretien avec l’affaire Cheikh Yérim Seck. Votre site (seninfos.com) a été le premier à donner l’information de son arrestation pour viol. D’aucuns y ont vu un règlement de comptes remontant à votre séjour commun à Jeune Afrique. Qu’en-est-il ?
Oui, c’est vrai que mon site a été le premier à donner cette information. Mais, c’est erroné de parler de règlement de comptes. Cheikh Yérim est un jeune frère et un confrère pour qui j’éprouve le plus grand respect et je lui souhaite tout le bien du monde. Cela dit, depuis quand est-ce qu’on peut reprocher à un journal d’avoir un scoop ? J’espère que ce ne sont pas des gens de Dakaractu qui vous l’ont dit ! Est-ce qu’ils savent le nombre de fois où ils ont eu des informations en exclusivité ? Moi, j’aurais eu de la peine, si on m’avait dit que le site que j’ai créé avait donné une information qui s’est révélée fausse. J’aurais eu de la peine si on m’avait dit que ce site s’est attaqué à quelqu’un de façon irresponsable ou que mon site se singularise par la fausseté ou le caractère erratique de ses analyses. Je me demande depuis quand est-ce qu’on peut faire ce genre de reproches à un journal. J’ai travaillé à Jeune Afrique en 2002. J’y suis resté une année ferme et j’ai quitté de mon propre chef pour occuper les fonctions de Directeur de l’information de Walfadjri. C’est de là que j’ai été coopté par le président Mbaye Jacques Diop comme directeur de la communication du défunt Conseil de la République pour les Affaires Economiques et Sociales. Je n’ai aucun problème personnel avec Cheikh Yérim Seck et je lui souhaite de sortir de cette mauvaise passe. Mais, je ne vais pas censurer mon site d’information parce qu’un journaliste est sous les feux de la rampe. Nous sommes tous des citoyens. De la même façon, nous autres journalistes, nous parlons des autres. S’il arrive que par des faits on doive parler de nous, mon dieu, laissons les gens parler de nous en toute responsabilité. Pourvu simplement que ce ne soit pas des choses erronées ou des attaques gratuites et méchantes. Je rends grâce à Dieu. A ce jour, depuis deux ans et demi que ce site existe, il ne m’a jamais été fait ce reproche. Que l’on reproche à mon site d’avoir une exclusivité, eh bien je ne m’en porte que mieux.
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