
Avec Serval, tout le monde est servi, les médias en particulier. Chaque jour arrive avec son lot d’informations sur le Mali. Des informations livrées par une seule et même source : les médias français. Difficilement vérifiables sur le terrain, ces informations sont reprises et consommées par les populations et médias du monde, africains en particulier.
Sans discernement, sans établir une distance nécessaire entre l’informateur et l’objectif visé à travers les informations diffusées par le canal de ces médias français. Tout ce qui est diffusé comme information en provenance du Mali, provient de la France. D’où l’intérêt de rester vigilants quant au traitement de l’information y affairant. D’ailleurs comment faire confiance à une seule source ? Qui a essayé d’aller sur le terrain, de requérir les avis des rebelles islamistes pour confronter la version française et vérifier la fiabilité de ce flux d’informations motivées par un intérêt particulier ? En dehors de la France, qui d’autre a accès à l’information sur le Mali ? La presse sujette à la manipulation, risque bien de tomber dans ce qu’on pourrait qualifier de manipulation ou propagande française, images crédibles à l’appui. « L’armée française a pris Gao, telle ville est tombée, une bibliothèque incendiée par les islamistes, etc. ».
Sauf que la France, à la lumière des informations diffusées, est en train de remporter victoire sur victoire, sans livrer bataille, sans perte en vies humaines, sans rencontrer la moindre résistance... Et l’on ose parler de « guerre », plutôt que d’ « intervention militaire », des termes qui ont tout leur sens car manifestement, on ne nous dit pas tout sur ce que fait la France au Mali.Si l’on a été en mesure d’armer suffisamment les rebelles libyens ou ivoiriens pour renverser Kadhafi ou chasser Gbabgo de la Côte d’ivoire, pourquoi n’aide-t-on pas l’armée légale malienne à venir à bout des islamistes ? Pourquoi ne pas avoir choisi d’équiper, d'encadrer ou de renforcer militairement les forces de la Cedeao pour les inciter à régler eux-mêmes ce problème afro-africain ? Comment d’une part, faire du désengagement et du retrait des soldats français en Afghanistan et en Irak, une priorité, une urgence, et les engager dans la foulée sur le territoire malien ? Où se trouve la logique ? La présence subite de la France au Mali, est suspecte et c’est le moins que l’on puisse dire. Il serait naïf de croire que la France va engager 2000 hommes et épuiser une bonne partie de son budget en armement dans le seul but de « défendre ou sauvegarder » l’intégrité du territoire malien.Mais les Maliens n'ont rien vu venir et il sera trop tard lorsqu'ils décideront d'ouvrir les yeux. On a créé les conditions d’une déstabilisation du pouvoir central de Bamako, et laissé libre champ aux islamistes, afin de justifier une intervention qu'on a rendue nécessaire et vitale: les germes de la crise malienne sont à chercher dans la solution dictée par l'Elysée puis proposée au Mali où la France s’est auto-invitée.On ne saurait en vouloir à ces Maliens qui jubilent tristement, aux passages des convois de l’armée française. Mentalement, ils ont été préparés à accepter et à cautionner la nécessité de cette intervention qualifiée de "guerre".
On ne saurait en vouloir non plus à nos chefs d’Etat, qui estiment que l’Afrique a toujours besoin d’une béquille occidentale pour se tirer d’affaire. Attention à la propagande ! Un président malmené dans les sondages et en mal de répondre à la demande sociale en France, est en train de s'offrir en vedette dans les anciennes colonies françaises, suscitant la sympathie de la part de personnes qui refusent de faire bon usage de leur intelligence et de leur sens de la critique.
L’on se rappelle que l’invasion de l’Irak en 2003 reposait sur un mensonge d’Etat, motivé par une prétendue recherche d’armes de destruction massive qui n’existaient que dans la tête de George Bush Jr. Et comme dans toute guerre, il y a l'aspect médiatique, la bataille de l’opinion. Et qui gagne la bataille de l’opinion, peut être sûr de remporter la guerre. Quelle que soit la réalité sur le terrain. Aux confrères des médias africains, attention à la manipulation ! La réticence de la Grande Bretagne, des Etats-Unis et de l'Europe d'une manière générale devrait ouvrir les yeux aux Africains sur les véritables raisons de la présence française sur le sol malien. Et ce n'est pas sur la presse africaine qu'il faudra compter pour susciter un éveil des consciences.
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