Neuf ans après le naufrage du bateau Le Joola, les familles des victimes mènent le combat contre l’oubli des disparus. Aujourd’hui, pour le coordonnateur du Comité d’initiative pour le Mémorial - Musée Le Joola, Nassardine Aïdara, l’oubli est l’’ennemi commun’ à tous ceux qui luttent pour faire éclater la vérité sur ce drame. Ils ont choisi la Place du souvenir africain pour lutter contre ‘l’oubli’.
L’oubli de leurs parents, amis, voisins et autres connaissances morts dans le naufrage du bateau Le Joola le 26 septembre 2002. L’oubli de cette plus grande catastrophe maritime au monde en tant que telle. L’oubli des promesses des autorités jusque-là non tenues. Ils étaient nombreux à rallier le lieu de rendez-vous pour se souvenir donc des disparus.
Des rescapés de la tragédie, dont Mariama Diouf, seule femme ayant survécu au naufrage, avaient aussi répondu à l’appel. Il y a eu une exposition de plusieurs photos de certaines victimes de ce naufrage qui a touché la Gambie, le Cameroun, la Hollande, la France, etc. Pour le coordonnateur du Comité d’initiative pour le Mémorial - Musée Le Joola, l’oubli est leur ‘ennemi commun’. Nassardine Aïdara est convaincu que si cet ennemi est combattu ‘on pourra connaître la vérité sur le naufrage du bateau, rendre justice et reconstruire les nombreuses vies encore bouleversées par le drame’.
La représentante des orphelins, Rose Martine Gomis, qualifie même la tragédie de ‘cruelle et brutale’ et rappelle à l’Etat les promesses faites aux pupilles de la nation. Le ministre Mamadou Diop Decroix, lui, soutient que le changement de comportement est le seul combat qui vaille. Il dénonce donc les ‘mauvaises habitudes des Sénégalais’. Treize gerbes de fleurs ont été déposées à la Place du souvenir lors de la cérémonie. Treize parce que c’est le nombre de pays touchés par le naufrage du bateau Le Joola. Le dépôt de la gerbe du Sénégal a été exécuté par Rokkhaya Faye appelée ‘Bébé Joola’.
C’est la fille de Mariama Diouf. Sa maman était enceinte d’elle au moment du drame. Mariama Diouf et les familles des victimes demandent ‘le renflouement de l’épave’. Ils veulent également que les noms de toutes les victimes soient gravés à la Place du souvenir. Ils invitent aussi les autorités à assumer leurs responsabilités pour qu’une telle catastrophe ne se reproduise plus. A Ziguinchor : Les populations boudent ‘Le Joola’ Apparemment, les proches des victimes de cette tragédie humaine ont boudé ‘Le Joola’, responsable de leurs malheurs, de leurs nuits cauchemardesques, de leurs angoisses, de leur tristesse, etc.
Certes, elles n’oublieront jamais cet événement douloureux, mais les familles des victimes veulent tourner cette page sombre de l’histoire que malheureusement chaque célébration de cette douloureuse journée vient remettre sous les yeux de ces hommes, femmes et enfants qui pleurent encore la perte d’un ou des proches disparus dans la catastrophe. Aujourd’hui, beaucoup de proches de victimes s’interrogent sur la pertinence de ces célébrations. Et comme ce devoir de mémoire se perpétue, les partisans de la rupture préfèrent rester à la maison, pour prier pour leurs morts. Si bien qu’hier, quelques dizaines de personnes seulement s’étaient présentées au port de Ziguinchor où s’est tenue la cérémonie officielle, présidée par le ministre d’Etat, ministre des Forces armées, Bécaye Diop, accompagné de son collègue des Mines et de l’industrie, et non moins maire de la capitale du sud, Abdoulaye Baldé.
Une délégation aussi maigre que la petite foule qui était là pour les besoins de ce rituel. D’autre part, l’anniversaire d’hier intervient dans un contexte jovial marqué par la victoire du Casa sport en finale de la coupe du Sénégal de football. Un événement qui a réduit l’an 9 du Joola à sa plus simple expression.
Car, aujourd’hui, les populations du sud restent plus attractives aux événements qui leur donnent le sourire, la joie et l’espoir qu’à ceux-là qui leur rappellent sans cesse un triste souvenir comme la tragédie du Joola. Mais tout compte fait, ceux qui tiennent encore à ce rituel ont répondu présents aussi bien au cimetière de Kantène où reposent plus de vingt victimes, la plupart non identifiées, mais surtout au port de Ziguinchor. Seulement, ces derniers ont eu droit à un discours qui n’est qu’un refrain des précédents avec les réalisations de l’Etat, mais aussi son ambition pour la Casamance et les familles des victimes du Joola, conformément aux promesses faites par le président de la République au lendemain du drame. Toutefois, ce tableau reluisant semble laisser les proches des victimes sur leur faim.
Ces derniers attendent aujourd’hui le gouvernement sur un autre terrain : Celui des promesses non tenues. Aujourd’hui, ce qu’ils exigent des autorités, c’est l’octroi de bourses aux étudiants, parents de victimes, la promotion économique des familles de ces victimes, la mise en place d’une fondation dite ‘Le Joola’ et d’un siège pour le directoire national de l’association des familles des victimes, entre autres. Pour la prise en charge de ces préoccupations, les responsables de l’association ont provoqué une rencontre avec les représentants du gouvernement à la gouvernance de Ziguinchor. Et tant que ces doléances ne seront pas satisfaites, certains proches de victimes ne sont pas prêts à pardonner à l’Etat sa responsabilité dans la catastrophe du Joola avec ses deux mille victimes.
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