
Tout
commence le 20 juillet dernier quand cette femme établie dans la région
de Diourbel constate que les 9.750.000 francs CFA qu’elle gardait dans
une chambre avaient été subtilisés.
Ses soupçons se portent alors sur un jeune orphelin qu’elle avait voulu
aider et qu’elle avait fait venir à Diourbel pour monter un commerce de
fruits.
Après une déposition au commissariat, elle prend le soin de prévenir un
compatriote malien pour l’aider à surveiller, à la gare routière de
Pompiers, les bus en partance pour la Guinée.
Par chance, ce dernier tombe sur le suspect qu’il interpelle aussitôt.
Il appelle ensuite en renfort deux policiers qui étaient dans les
parages.
Accompagnés de la plaignante qui avait fini de rappliquer sur les lieux,
les deux policiers et deux témoins se rendent alors commissariat de
Bel-air, flanqués du suspect.
Les deux limiers laissent la plaignante et le présumé voleur sur les
lieux et repartent. Quelque temps après, le commissaire leur demande de
revenir au poste. Pour cause, il manque trois millions sur la somme
récupérée sur le suspect.
Cependant, à la barre, les deux agents du Groupement mobile
d’intervention (GMI) ont nié tout vol. ‘’Quand on est venu à Pompiers,
on a interpellé le voleur et on a attendu que la plaignante arrive pour
aller au commissariat de Bel-air’’, a expliqué l’un des prévenus.
‘’On n’a pas compté l’argent devant nous, on a juste pris le numéro de la mention et on est parti’’, a-t-il ajouté.
‘’L’argent a été compté en notre absence, mais je vous jure qu’on n’a
pas pris cet argent’’, a clamé l’autre policier poursuivi dans
l’affaire.
Mais la victime, elle, a maintenu ses accusations à la barre. ‘’Quand on
a compté l’argent au commissariat, il manquait trois millions’’,
a-t-elle déclaré.
Le suspect, un jeune de nationalité guinéenne, a quant à lui clairement
accusé les deux hommes de tenue. ‘’Quand les policiers m’ont menotté,
ils ont ouvert le sac, avant que l’un deux prenne trois liasses de
billets de banque’’, a-t-il témoigné.
‘’Ils ont déposé le voleur et la plaignante, mais ils m’ont dit qu’ils
étaient pressés et qu’il me laissait s’occuper du reste. C’est pourquoi
on a compté l’argent en leur absence. Ils n’ont pas attendu’’, a de son
côté expliqué le brigadier-chef du poste de Bel-air.
Pour l’avocat de la partie civile, quand les policiers sont retournés à
Pompiers, c’était pour aller prendre l’argent qu’ils y avaient caché. Il
a demandé trois ans ferme et cinq millions pour causes et préjudices
confondus, précisant que les deux agents du GMI avaient dissimulé
l’argent sous une machine à coudre.
‘’Le fait qu’ils ont attendu la plaignante qui était à Diourbel, c’était
seulement pour pouvoir soustraire l’argent et le cacher’’, a expliqué
le représentant du ministère public.
Mais pour les avocats de la défense, il y a beaucoup de zones d’ombre
dans cette affaire. ‘’On ne peut pas prendre pour argent comptant les
déclarations d’une personne prévenue de vol’’, a estimé Me Barro.
‘’Il n’y a pas de preuves suffisantes pour les maintenir en prison’’, a-t-il affirmé, demandant la relaxe au bénéfice du doute.
A sa suite, Me Abdou Kane, l’autre avocat de la défense, a plaidé pour la relaxe pure et simple de ses clients.
Il y a un problème d’imputabilité dans cette affaire, a relevé
l’avocat, qui ajoute : ‘’Aucun des témoins ne peut dire qu’il a vu les
deux policiers prendre de l’argent et le mettre dans leurs poches.’’
Après en avoir délibéré, le tribunal des flagrants délits a reconnu les deux policiers coupables de vol commis en réunion.
Ils ont été condamnés à trois ans de prison et à quatre millions de dommages et intérêts.
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