Menace du M 23, défections de souteneurs, crise au Pds : Me Wade seul face au pire

Le candidat de l’Alliance Sopi pour Toujours, Me Wade, a du pain sur la planche.Au-delà de l’hypothétique recevabilité de sa candidature à la présidentielle de 2012, il devra faire face au puissant M 23 décidé à lui barrer la route, mais aussi aux nombreuses défections dans les rangs de ses souteneurs.Sans parler des menaces d’implosion de son parti nées de certaines frustrations. 

Le premier adversaire du candidat de l’Alliance Sopi pour Toujours (Ast) c’est le M 23. Cette puissante machine regroupant les partis de l’opposition significative, la société civile et des mouvements de jeunes comme ‘ Y’ en a marre ’ et qui trouble le sommeil de Me Wade et de ses alliés depuis le 23 juin dernier. Alioune Tine et ses camarades sont décidés à barrer la route à Wade qui demande un troisième mandat. Et pour se conforter dans la légalité et la justesse de leur combat, les membres du M 23 ne négligent rien. C’est dans ce cadre d’ailleurs qu’ils ont tenu hier un forum en commémoration de la date symbolique du ‘23’ pour statuer sur la constitutionnalité de Wade en présence d’éminents juristes. Les différentes interventions sont sans appel pour Wade : Sa candidature est anti-constitutionnelle et tenter le forcing serait plonger le pays dans le chaos. Les constitutionnalistes sénégalais - à l’exception de deux d’entre eux les professeurs Jacques Mariel Nzouankeu et Serigne Diop - sont unanimes sur la question.

‘Au regard du droit constitutionnel et uniquement le droit constitutionnel sans aucune autre forme de considération, la candidature d’Abdoulaye Wade est loin d’être recevable. Tout autre acte qui vise à valider une troisième candidature de Wade est fallacieux et sans fondement juridique’, a estimé Abdoulaye Dièye, professeur de droit constitutionnel à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Un avis largement partagé par son collègue Babacar Guèye, par ailleurs un des rédacteurs de la présente Constitution. ‘Les confrères ont déjà démontré la thèse de non recevabilité. Je vais me contenter d’un témoignage : les rédacteurs de la Constitution (de 2001) s’étaient convenus avec le président (Wade) que la Constitution est définitivement verrouillée à deux mandats. Lui (Wade, ndlr) il l’a dit publiquement avant de se dédire, c’est ce que l’on appelle en droit constitutionnel une interprétation authentique pour le Conseil constitutionnel qui ne peut nullement être incompétent’, commente le professeur Guèye (voir par ailleurs).

Et les différentes interventions faites, hier, au cours du forum par la crème des constitutionnalistes sénégalais seront recueillies et publiées dans un document qui sera largement diffusé à l'échelle nationale et internationale. Le débat sur la candidature de Wade étant jusqu'ici resté théorique, le M 23 veut graver ses arguments dans le marbre de l'écrit. Le texte issu de la rencontre du 23 août sera mis à la disposition de l'Organisation des Nations unies, de l'Union européenne, des Etats-unis, de l'Union africaine, de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest... Toutes les chancelleries étrangères en poste à Dakar en seront destinataires. ’Nous allons organiser des séances d’explication et des campagnes de sensibilisation avec le document de référence dans toutes les langues nationales en vue de faire porter le combat à tout le peuple’, a promis Amath Dansokho, l’une des figures de proue du M 23.

La débandade des alliés de la mouvance présidentielle

Me Wade n’aura pas que le M 23 devant lui. Il devra également faire face aux nombreuses défections dans les rangs de ses souteneurs et de son parti. Après le secrétaire général du Parti des travailleurs et du peuple (Ptp), Me El Hadji Diouf, c’était, hier, au tour de Serigne Mamoune Niasse premier serviteur du Rassemblement pour le peuple (Rp) de claquer la porte de la mouvance présidentielle. Ce Serigne Mamoune Niasse dont Me Wade magnifiait, le 23 juillet dernier, leur ‘solide amitié’ en tant que représentant de la famille Niassène à Dakar. Le marabout Serigne Modou Kara Mbacké a aussi lâché le ‘Pape du Sopi’. Il est actuellement en croisade contre sa candidature dans tout le pays.

Ce n’est pas tout. Me Doudou Ndoye, éminent constitutionnaliste et membre du Comité directeur du Pds, vient également de rejoindre, hier, le M 23 ; convaincu qu’il est, que Wade ne peut pas et ne doit pas être candidat en 2012. Ils ne seront pas les seuls, confie une source, qui annonce que ‘d’autres partis membres de la mouvance présidentielle et non des moindres vont se prononcer les semaines voire les mois à venir contre la candidature de Me Wade et ainsi rejoindre le M 23 qui a le vent en poupe.’

A cette vague de départs, le candidat contesté de l’Alliance Sopi pour toujours devra également gérer les risques d’implosions de son parti. Des risques nés des frustrations tous azimuts liées au management de son parti. Ça récrimine de partout. Et c’est la même situation qui avait causé la débâcle de sa mouvance aux dernières élections locales du 19 mars 2009. Et s’il n’y prend garde, ces frustrations feront plus de ravages que les effets du M 23.

Aujourd’hui, force est de constater que le ‘Pape du Sopi’ est bien seul face au pire. Les quelques souteneurs, qui lui restent encore, sont hésitants. A l’image de rats sur le point de quitter un navire en danger.