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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Education

Pour un Sénégal sans école publique!

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Pour un Sénégal sans école publique!

Une société sans école ? Un Sénégal sans école publique ?

 

L’on conviendra au moins que cela pourrait servir à en finir avec les grèves cycliques. Le travail des enfants cesserait aussi alors d’être une pratique néfaste, une maltraitance et une sorte de dumping social de la part des pays occidentaux.

 

L’on conviendra aussi que cela constituerait un frein à cette dilapidation financière. Plus de 40% du budget national, dit-on, est investi chaque année dans ce secteur de l’éducation, avec des résultats très décevants. Des grèves, à n’en pas finir. Un niveau de plus en plus bas. Et le nec plus ultra est que l’on continue à payer des salaires à des enseignants médiocres ou fantomatiques qui passent tout leur temps à revendiquer leur droit sans jamais insister sur leur devoir.

 

L’on conviendra ainsi que l’école publique coûte excessivement chère, sans que l’on ressente que nos enfants soient très bien éduqués. Tout le monde déplore  et s’accorde à dire que les enfants et les jeunes d’aujourd’hui sont mal élevés. Alors, là aussi l’école a failli à sa mission première d’éducation.

 

L’on conviendra enfin que l’école, dans sa mission, d’égaliser les chances extérieures de réussite, a encore raté sa vocation. Dans la mesure où elle crée de nouveaux échecs, donc de nouvelles exclusions, sans pour autant que cela soit réellement le fruit du mérite ou d’une absence  de mérite des uns et des autres.

 

Que reste-t-il alors de la place de l’école, dans nos sociétés ? L’on voit bien que si certains esprits se plaisent à appeler à une société sans école, et surtout sans école publique, ce ne serait pas sans raisons.

 

Mais, notre appel à une déscolarisation de la société repose vraiment sur un désir de refondation des mécanismes d’intégration des individus.

 

En effet, premièrement, dans notre pays, en forçant un peu les traits, deux types d’école coexistent : l’école coranique traditionnelle et l’école française publique. On n’a pas besoin d’y regarder de prés pour remarquer que l’Etat accorde plus d’importances à l’école française qu’à l’école coranique, malgré ses timides  tentatives de modernisation qui avaient alors soulevé l’ire de Sérigne Abdoul Aziz SY Dabakh. L’Etat sénégalais fait comme s’il n’était là que pour une école bien déterminée et que par conséquent de facto, il réserve un traitement de faveur indu à une catégorie de la population, laissant en rade plusieurs centaines de milliers d’enfants, à défaut de vouloir les enrôler de force dans l’école publique. Même si certains parents et certains élèves peuvent avoir comme préférence exclusive  l’école coranique. Outre donc le fait que l’Etat participe sciemment à la partition de sa population, l’on peut noter aussi une certaine stigmatisation ou une négligence et une exclusion certaines de ces individus issus de l’école coranique. En effet, tout se fait en français et les autres qui ne comprennent pas cette langue souffrent en silence ou cultivent un certain complexe vis-à-vis des autres. Mais fort heureusement, au point de vue de la réussite sociale, on trouve des gens issus exclusivement de l’école coranique qui n’ont rien à envier en termes de capital économique, politique et social, aux individus ayant fait les bancs.  Pourquoi investir et s’investir dans une partie de la population, alors que celle-ci ne donne pas les résultats escomptés et que l’autre qui ne bénéficie pas de ces mêmes largesses arrive à s’en sortir tant bien que mal ? Ce n’est là que la énième preuve que l’Ecole publique ne sert plus à grand-chose, sauf surement à entretenir inutilement des individus dans des privilèges indus. C’est ce que l’on pourrait aussi appeler un détournement de deniers publics savamment orchestrés, sans que personne ne pipe mot. L’Etat devrait chercher à égaliser les chances de réussite pour tous ces citoyens ou alors ne le faire pour personne. Il y a là une injustice notoire, qu’il faut corriger en évinçant l’école publique de la société sénégalaise.

 

Autre fait qui milite pour une déscolarisation de la société sénégalaise, à l’heure actuelle, tient au fait qu’elle est en déphasage avec les réalités professionnelles du moment, les réalités du marché de l’emploi. Si avant, on sortait de l’école publique, on avait un boulot. Actuellement, tel n’est plus le cas. Mais le problème le plus notoire se trouve dans le fait que l’école donne l’impression d’être une garderie d’enfants, de jeunes et de jeunes-adultes (étudiants)  et inhibe de ce fait les possibilités précoces ou opportunes de résilience des individus. Non seulement, l’école ne prédispose plus à une profession, mais elle participe à éteindre ou à amoindrir toute initiative individuelle et même collective, dans sa propension à embrigader les esprits dans une forme de pensée unique, de comportement unique et de réussite unique. Combien sont ces jeunes-adultes qui, après une quinzaine voire une vingtaine d’années d’études, sont là sans initiatives et sans capacité de résilience pour entreprendre autres choses que l’école ne lui avait pas préparées ? Certains même vont jusqu’à dire à juste titre qu’il ne sert plus à rien d’user ses fonds de culotte sur les bancs de l’école. L’école publique présente là aussi un visage décevant. Ça coûte cher et ça ne rapporte pas gros !

 

Enfin, dernier point qui milite pour un enterrement bien mérité de l’école publique, a trait au fait que celle-ci en son sein crée même des exclusions. L’école, il est vrai, est sélective par définition. Mais, pourquoi cette sélectivité devrait-elle mener vers une classification en bons et en mauvais élèves. S’il est vrai qu’on ne peut pas échapper à cette classification, il n’est pas tout aussi vrai que l’on devrait considérer les nuls comme des damnés, des moins que rien. La souffrance que cela cause chez ces enfants ou jeunes n’a aucune justification. Malheureusement, cette stigmatisation ne se limite pas qu’aux portes de l’école. Il arrive de voir des enfants poursuivis jusqu’à chez eux, avec des huées humiliantes, parce que tout simplement ils sont derniers de leurs classes. Au nom de quoi ? Ces enfants ou ces jeunes « nuls » se diront que s’ils ne sont pas doués à l’école, ils vont rater leur vie. L’école qui aurait dû être un cadre d’épanouissement pour les enfants se transforme de plus en plus en calvaire, à cause des violences à l’école dont la plus cruelle est sans aucun doute la stigmatisation dont sont victimes les « nuls ». L’autre violence, dans la même veine, est celle que l’on pourrait appeler « la tyrannie du diplôme ». Non seulement, le diplôme crée de nouvelles hiérarchies, mais le plus déplorable est que ces hiérarchies ne sont pas non plus vraiment fondées. Il ne suffit pas d’être bardé de diplômes pour être compétent. Ce qui veut dire qu’on peut être dépourvu de diplômes et être très compétent. Heureusement d’ailleurs que ce dernier aspect commence à être démystifié.  Abdoulaye Wade et Youssou Ndour ne me démentiront pas. Le premier est très diplômé mais ne commet que des dérapages. Le second a bâti un empire sans diplômes, à part savoir sur quel pied danser !

 

A toutes les échelles où l’on mesure l’efficacité d’une action et d’une organisation sociales, qui ose encore croire aux vertus de l’école (publique) sénégalaise?

 

 



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