
Samuel Eto’o au Daghestan. L’annonce pourrait surprendre mais, à en croire la presse italienne, le capitaine de la sélection camerounaise serait sur le point de s’envoler pour Anzhi, la capitale de cette petite République de la Fédération de Russie.
"L’Inter Milan et Eto’o se préparent à se dire au revoir", titre ce mardi La Gazzetta dello Sport. Selon le quotidien sportif, le triple vainqueur de la Ligue des champions devrait être soumis à une visite médicale dès jeudi avant de signer avec le FC Anzhi Makhachkala. Cette saison, le club a déjà dépensé 15 millions d’euros pour s’offrir les services de l'international russe Yuri Zhirkov, devenant le joueur le mieux payé de Russie avec un salaire annuel de 5,5 millions d’euros. Un record qui pourrait être pulvérisé avec l'arrivée annoncée de Samuel Eto’o. Toujours d’après La Gazzetta, le club pourrait verser 30 millions d’euros d’indemnités à l’Inter et un salaire annuel record de 20 millions d’euros au joueur, soit le plus gros cachet de l’histoire du football.
Actuellement sixième du championnat russe, le FC Anzhi Makhachkala est loin d’avoir le palmarès de ses rivaux moscovites ou saint-pétersbourgeois. Encore inconnu il y a un an, le club s’est fait un nom dans l’élite grâce à son président : le milliardaire russe Suleiman Kerimov.
Un investisseur opportuniste
Classé 118e fortune mondiale selon Forbes (7,8 milliards de dollars), cet économiste de formation a construit son empire sur les décombres de l’URSS. Né au Daghestan, république limitrophe de la Tchétchénie, Kerimov commence sa carrière comme comptable dans une fabrique de téléviseurs, où il deviendra l’assistant du directeur général. Après la chute de l'empire soviétique, le jeune homme fuit la guerre dans le Caucase pour rejoindre Moscou où il va mener ses propres affaires. Son domaine de prédilection : l’investissement opportuniste. Dans une Russie en pleine reconstruction et en quête de liquidités, il place son argent dans des moyennes entreprises via la Fedprombank, une banque d’investissements qu’il rachète en 1993.
Six ans plus tard, il prend le contrôle de la lucrative société pétrolière Nafta-Moskva, qu’il transforme peu à peu en fonds d’investissements. À travers elle, Kerimov va acquérir, dans la pus grande opacité, plusieurs sociétés dans des domaines aussi divers que variés. En 2002, Nafta devient le premier actionnaire, après l’État, du géant gazier russe Gazprom. Après la crise de 2008, Kerimov entre dans le capital de Polyus Gold, la société russe d’exploitation d’or.
Les clubs de football, objets de pouvoir pour les oligarques russes
Proche du Premier ministre russe, Vladimir Poutine, Kerimov siège à la Douma (l'Assemblée russe) à partir de 1999 sous l’étiquette du Parti libéral démocrate avant de rallier la formation politique de son ami, Russie unie. Après l'adoption d'une loi interdisant aux milliardaires de siéger à la chambre basse, il s’installe en 2007 au Sénat, où il est membre du comité de surveillance... des marchés et des capitaux.
En bon compétiteur, Kerimov est aussi un féru de sport. Lorsqu’il était jeune, le Caucasien pratiquait le judo et l’haltérophilie. Devenu milliardaire, c’est le football qui l’intéresse. Après une première tentative manquée avec l’AS Roma, il projette en 2010 de racheter le club italien de Bari. Nouvel échec : une enquête préliminaire de la police financière italienne vient mettre à mal son projet qui présentait de "nombreuses zones d'ombre". Autant de revers qui poussent alors Kerimov à se concentrer sur le championnat russe.
Depuis le succès, en 2008, du Zénith Saint-Pétersbourg, propriété de Gazprom, en Coupe UEFA, le football russe a pris une nouvelle dimension. Le club Rubin Kazhan, originaire de la riche région du Tatarstan, s’est qualifié ces deux dernières saisons en Ligue des champions, s’offrant au passage une victoire de prestige sur la pelouse du FC Barcelone en 2009. Même l'autoritaire président tchétchène Ramzan Kadyrov a investi dans le ballon rond avec le club du Terek Grozny. L'objectif est le même pour tous ces nouveaux présidents de club : conquérir l'Europe et voir leur nom en haut de l'affiche.
Avec l’organisation du Mondial-2018 sur le sol russe en ligne de mire, ces apports massifs permettent aux stades désuets de se restructurer aux frais des oligarques et non du contribuable. Des investissements qui tombent à pic pour le Kremlin et le comité d'organisation de la Coupe du monde de football.
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