
Même si des efforts réels ont été faits, durant la dernière décennie, dans l’agriculture, l’amélioration de l’environnement des affaires, les infrastructures entre autres, la compétitivité de l’économie sénégalaise fait face à quelques faiblesses dont la plus saillante reste la distribution de l’électricité. C’est ce que révèle le premier rapport national sur la compétitivité du Sénégal publié hier.
Beaucoup de choses ont été faites depuis 2000. Mais, la compétitivité de l’économie sénégalaise fait ressortir encore quelques points de faiblesses. En effet, le premier rapport national sur la compétitivité de l’économie sénégalaise, publié hier, a révélé que la compétitivité de l’économie sénégalaise a évolué de façon positive mais que d’énormes difficultés subsistent encore. La croissance de la productivité relative au Sénégal est restée faible pendant la dernière décennie avec une croissance économique stagnante sur la période 2006-2010 et des niveaux inchangés de pauvreté monétaire. Ce rapport, qui présente une analyse de la compétitivité du Sénégal en évaluant la performance du pays dans ce domaine à partir de 120 indicateurs et en la comparant à celle d’un échantillon de pays et de groupes de pays de référence, s’est appuyé sur les principaux leviers d’accroissement de la productivité, dont la qualité de l’environnement juridique et réglementaire, les exportations, les investissements, les ressources humaines et la main-d’œuvre, les infrastructures physiques et technologiques ainsi que le système financier.
Ainsi, il révèle que les faibles niveaux de productivité peuvent être en partie expliqués par les problèmes structurels de l’économie nationale. Malgré la relance de l’agriculture, avec les initiatives du Plan de retour vers l’agriculture (Reva), la Stratégie de croissance accélérée (Sca) et la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana), la productivité du secteur agricole se situe autour de 1/5ème de celle des secteurs de l’industrie et des services.
L’état actuel de l’environnement micro-économique décourage l’entreprenariat et la création de nouvelles entreprises formelles
Aussi, en dépit des importantes mesures adoptées par le Sénégal au cours de ces dernières années, pour améliorer l’environnement juridique et réglementaire des affaires, avec la création du Conseil présidentiel de l’investissement (Cpi), l’instauration d’un guichet unique pour la création d’entreprises et la réduction du taux d’impôt sur le bénéfice des sociétés, les dirigeants d’entreprises soutiennent dans le rapport que des efforts soutenus restent encore à faire pour l’amélioration de l’environnement micro-économique des affaires. En effet, le rapport ‘Doing Business’ de la Banque mondiale, sur lequel le Rncs s’est basé, révèle que ‘les coûts et délais nécessaires au paiement des impôts, la durée et les coûts élevés d’enregistrement de la propriété, et le faible niveau de protection des investisseurs accroissent les coûts et les risques des entreprises, empêchent l’accès à des services de classe mondiale et freinent l’investissement, la performance et la compétitivité’. De fait, note le document, l’état actuel de l’environnement micro-économique décourage l’entreprenariat et la création de nouvelles entreprises formelles. Ce qui entraîne une prolifération des entreprises informelles. Or, poursuit le texte, la productivité du travail est actuellement environ 10 à 15 fois moins élevée dans le secteur informel, comparativement au secteur formel.
Sur les exportations qui constituent le deuxième déterminant, le rapport révèle que la part du Sénégal dans les exportations mondiales connaît une croissance de plus en plus significative mais qu’il y a des efforts à faire sur un certain nombre de secteurs traditionnels comme celui de la pêche. Car, même si le Sénégal dispose d’un cadre institutionnel et logistique favorable à la compétitivité des exportations, avec notamment l’absence de taxes à l’exportation, les faibles coûts de transport, l’ouverture relative des marchés et une logistique performante, des contraintes d’offre, liées à des niveaux insuffisants de production associés aux problèmes sous-jacents de compétitivité des produits et services d’exportation du Sénégal, subsistent toujours.
La fourniture d’électricité et les infrastructures routières et ferroviaires, obstacles majeurs à une meilleure compétitivité
Malgré les efforts de rattrapage dans le domaine des infrastructures entre 2000 et 2009, le rapport souligne qu’il reste beaucoup de choses à faire. Les infrastructures représentent une source additionnelle potentielle d’avantages compétitifs pour le Sénégal, particulièrement dans la logistique et les télécommunications. Toutefois, le rapport souligne que malgré la hausse des ressources affectées au financement des infrastructures physiques, le coût élevé et la faible qualité de la fourniture d’électricité et des infrastructures routières et ferroviaires restent des obstacles majeurs à une meilleure compétitivité, même si des progrès sont observés ces dernières années au niveau des infrastructures routières.
La productivité du travail est également un des points faibles de la compétitivité de l’économie sénégalaise. En effet, en 2008, le rapport révèle qu’elle était plus élevée de 37 % au Sénégal que dans la plupart des pays de la Cedeao mais depuis lors, le taux d’accroissement de la productivité du travail a constamment décliné. Et le Sénégal risque d’être rattrapé par des pays aujourd’hui moins performants dans ce domaine. Cette tendance à la baisse de la productivité du travail reflète la taille encore importante du secteur informel, peu productif, et les faibles taux de création d’emplois dans le secteur formel. En outre, la main-d’œuvre sénégalaise n’offre pas encore toutes les compétences requises par le secteur privé alors que les entreprises sénégalaises font peu de formations au profit de leurs employés pour y pallier. La rigidité de la réglementation du travail est vue comme un facteur bloquant pour le recrutement de nouveaux employés.
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