Vu de l’extérieur : Comment le Sénégal est traité dans les médias étrangers

Le Sénégal occupe encore et toujours une très large place dans les journaux étrangers.Un round up hier, sur le net, a permis de faire ce constat.

‘Sénégal : Abdoulaye Wade est sourd, muet et aveugle’, révèle le site du magazine hebdomadaire français Lexpress.fr. Citant ainsi Alioune Tine, coordinateur du Mouvement du 23 juin (M23), coalition de partis d'opposition et d'organisations de la société civile. L’express.fr fait allusion au bras de fer pouvoir-opposition qui a déjà fait six morts en trois jours. Le quotidien francophone algérien El Watan lui emboîte le pas et placarde en ouverture de sa page internationale : ‘Le coup de force de Wade risque de lui être fatal : Le Sénégal sur un volcan.’

Selon le confrère algérien, ‘à vouloir s’imposer par la loi de la force, Abdoulaye Wade a grandement écorché son image au crépuscule de sa carrière et de sa voie.’ El Watan comptabilise que, ‘au total, cinq personnes ont été tuées depuis la validation le 27 janvier dernier de la candidature d’Abdoulaye Wade par le Conseil constitutionnel’. Ce qui fait dire au journal que ‘le scrutin du 26 février risque tout simplement de précipiter ce paisible pays de l’Afrique de l’Ouest (Sénégal) jadis modèle de démocratie dans une spirale d’instabilité.’ Au Burkina-Faso, le quotidien Le Pays s’indigne que, à quelques jours du vote, ‘la tension est toujours vive au pays de la Teranga’. ‘Une situation, écrit-il, surréaliste dans un pays qui a toujours été au-dessus de la mêlée par son expérience démocratique exceptionnelle où la dévolution du pouvoir s’est toujours opérée de façon démocratique et sans violence.’

Face au refus de manifester fait aux mouvements ‘M 23’ et ‘Y en a marre’, Le Pays constate que ‘la violence est devenue un moyen d’expression politique parce qu’apparemment, les moyens d’expression démocratique sont pris en otage.’ Plus loin dans son constat, le quotidien burkinabé évoque l’idée qui se cache derrière cette interdiction systématique. Pour lui, ‘c’est un argument sécuritaire qui cache, malheureusement, un intérêt politique et stratégique : priver l’opposition de cette arme redoutable qu’est la rue.’

Ballottage favorable au candidat des Fal2012

Ce n’est pas le même constat fait en Mauritanie. Dans ce pays voisin du Sénégal, les confrères voient le président sortant comme vainqueur de l’élection présidentielle. Le site francophone d’informations en Mauritanie Cridem titre : Wade risque de l’emporter’. ‘En suivant chaque nuit une tranche de la campagne présidentielle au Sénégal, l’impression est celle-là : le risque de voir Wade l’emporter - même dès le premier tour - est trop grand. C’est ainsi que +l’exception sénégalaise+ finit d’elle-même’, lit-on. Cridem croit, dans son analyse, que ‘la vieille garde politique au Sénégal aura choisi de cultiver ses égoïsmes au détriment de l’intérêt de la démocratie et du raffermissement des acquis en la matière.’

Par ailleurs, le site d’information mauritanien explique les trois erreurs qui risquent d’être fatales à l’opposition. La première erreur estime le confrère, c’est le choix de candidatures multiples. Selon la source, cela révèle l’incapacité de l’opposition sénégalaise à venir à bout de ses égoïsmes pour faire face à celui qui est perçu par elle comme ‘un ennemi principal’. La deuxième erreur, c’est le fait de s’attarder encore sur la légalité ou non de la candidature de Abdoulaye Wade. Alors que ce dernier est déjà candidat.

Cridem informe, à cet effet, l'énergie dépensée par l’opposition mauritanienne avant le 18 juillet 2009 pour savoir si les délais étaient légaux, si la communauté internationale était convaincue de faire reculer la présidentielle. ‘Alors que le candidat-président Ould Abdel Aziz sillonnait le pays pour la démonstration de sa toute-puissance, ses protagonistes restaient à Nouakchott à disserter sur la légalité ou non des délais. Cela leur a coûté cher, très cher’, rappelle Cridem. Et la troisième erreur, ‘le fait de parler français dans les meetings de l’intérieur. Là où le Sénégal rural attend le Wolof, le Pulaar, le Soninké ou le Diola.’ Radio France internationale (Rfi) revient sur les meetings communs de l’opposition, avec un seul slogan : ‘Que Wade quitte le pouvoir’. Résultat, selon la radio qui cite un responsable de l’opposition : ‘On assiste à une drôle de campagne où les candidats ne se battent pas.’

Au Cameroun, on semble aussi voter pour le candidat Wade. Journalducameroun note une campagne présidentielle dans les violences au Sénégal. Mais, ‘il y a problème’, fait remarquer le journal en ligne camerounais dans son commentaire. ‘Aucun candidat de l'opposition ne fait vraiment le poids face au ‘vieux’, d'autant que les Sénégalais pressentent que Wade pourrait ne pas aller jusqu'au bout de son nouveau mandat, vu son âge et sa santé’, écrit-il. Le journal camerounais met en rapport la situation préélectorale au Sénégal, le ‘Printemps arabe’ et les élections à venir en France et aux Etats-Unis. ‘Au Maghreb, les révolutions du printemps dernier ont généré un processus de transition et d'élection démocratique. Wade a choisi de s’accrocher et la conjoncture internationale y est favorable. La France et les Etats-Unis sont en période électorale et n’auront pas envie de s’engager dans un nouveau conflit’, indique-t-il. Mais, selon Journalducameroun, le comble c’est que ‘certains observateurs veulent voir dans la situation sénégalaise un remake de la crise ivoirienne.’

Ouattara dans le bourbier sénégalais !

‘La préoccupation la plus urgente est le scrutin sénégalais du 26 février prochain’, précise le quotidien ivoirien L’Inter, en référence à l’élection, vendredi dernier, du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara au poste de président en exercice de la Cedeao. Ce journal pro-Gbagbo pense que Ouattara aura du pain sur la planche. Il indique que ‘la vive polémique autour de la candidature d’Abdoulaye Wade, le président sortant dont le 3e mandat qu’il veut briguer est jugé anticonstitutionnel par l’opposition, est le tout premier test pour le nouveau président en exercice de la Cedeao’.

Le sommet d’Abuja a dépêché à Dakar, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo pour une mission de bons offices. ‘Mais que peut véritablement faire cette délégation de haut niveau devant l`entêtement forcené du ‘pape’ du Sopi à briguer, advienne que pourra, un autre mandat ?’, s’interroge L’Inter. Vu l’ampleur de la tâche, le quotidien ivoirien prévient que ‘de peur d’être traité d’ingrat, Alassane Ouattara, malgré ses nouveaux habits de président de l’organisation sous-régionale, éprouvera beaucoup de gêne, à faire entendre raison à celui qui a été pour lui un soutien de poids pendant le bras de fer post-électoral qui l’a opposé à Laurent Gbagbo, il y a juste un an.’ Et El Watan de souligner que ‘c’est sur un terrain miné que l’ex-collègue et ‘ami’ de Wade, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjoa pose ses valises à Dakar à la tête d’une mission d’observateurs de l’Union africaine.’