
Comme il est de coutume, au terme de chaque session d'Assises, le président de la présente Cour de Dakar, Amadou Hamady Diallo, a sacrifié au rituel, en présentant le bilan des audiences qui se sont étalées sur 12 jours. Période pendant laquelle, 16 affaires ont été traitées, impliquant 29 accusés. Ces hôtes de la Cour ont répondu des crimes de meurtre, d'assassinat, d'infanticide, contrefaçon et usage de faux billets, ainsi que du crime de vols ponctués généralement de circonstances aggravantes de réunion, de nuit, de violence et avec port voir usage d'armes.
Analysant cette panoplie de faits portés à son appréciation, le président de la Cour, Amadou Hamady Diallo, a révélé que «cette comptabilité macabre montre à suffisance que la société est malade, qu'il y a dysfonctionnement». Tirant la sonnette d'alarme, le magistrat a soutenu qu'il y a «lieu de s'interroger encore et encore, sur nous, notre devenir et surtout celui de nos enfants et pour ce qui nous préoccupe chaque jour que Dieu fait». Toute chose qui selon lui, pose le rôle du magistrat dans la cité. Définissant ce rôle du magistrat, il s'est fondé sur celui donné par André Giresse, président de la Cour d'Assises de Paris, indiquant que «les juges sont les protecteurs séculaires de la personne humaine et que la fonction juridictionnelle du juge, avec l'indépendance et la liberté d'action qu'elle impose, se trouve à la base même de la vie de la société. Il n'est pas un événement politique, économique, social, scientifique, et même religieux..., qui n'ait un jour d'échos dans les prétoires».
Pour assurer ce rôle éminent, le président Diallo a affirmé que le juge doit être libre à l'égard de tous. C'est là, à son humble avis, a-t-il indiqué, «le moyen le plus sûr d'avoir une justice acceptée par la majorité des Sénégalais». Car, a-t-il confié, «la fonction judiciaire est l'ultime fonction, l'aboutissement parfois tragique de toute organisation sociale dont elle est à la fois la sauvegarde et la négation». Aussi, a-t-il relevé qu'il y a plusieurs vérités : «celle de la victime, du coupable et du juge. Mais que pour autant, cela n'est pas décourageant, mais enrichissant». Dans la même veine, il a rappelé que «dans son magistère, le juge, tout puissant qu'il puisse paraître, est un homme seul et ce qu'on appelle la collégialité n'est que la juxtaposition de plusieurs solitudes, à la recherche de la vérité, laquelle, très souvent n'est pas aisée à trouver». N'empêche, selon lui, «nous devons faire en sorte que ce Palais, foyer de la raison et du droit, soit le fer de lance d'une institution qui donne l'exemple aux institutions judiciaires, pour échanger nos expériences et fédérer nos espoirs». Cet objectif une fois atteint, précise-t-il, «alors la justice cessera d'être redoutée, rejetée, pour devenir l'un des hauts lieux qui donnent un visage humain à l'espérance de tous hommes.
Auparavant, Amadou Hamady Diallo, adressant ses félicitations aux membres de la Cour, a fait une mention spéciale aux journalistes ainsi qu'à leurs patrons, pour l'intérêt qu'ils attachent à renseigner juste le peuple au nom de qui cette justice est rendue.
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