
Le climat politico-judiciaire tendu du Sénégal ne semble pas causer beaucoup de soucis au président Macky Sall. Le chef de l'Etat le considère d'ailleurs comme «des cris d’orfraie». Il l’a dit devant ses militants venus l'accueillir hier à l'aéroport d'Orly. Pour Macky Sall, tout ce bruit révèle le fait que les gens n'aiment pas l'Etat de droit, la transparence, la vérité et la rigueur.
(Correspondant permanent à Paris) - Le président de la République est arrivé à Paris hier, aux environs de 20 heures (19 heures à Dakar), en provenance d'Abidjan où se tenait le Sommet ordinaire de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest. Drapé d'un boubou bleu «gommé» et d'un bonnet de même couleur, il a été accueilli par plus d'une centaine de ses militants au Salon de l'aéroport d'Orly Ouest. Après avoir salué ses militants qui formaient un cercle au salon d'honneur, le chef de l’Etat s'est engouffré dans une salle qui fait office d'accueil des hautes personnalités qui séjournent à Paris. Pendant plusieurs minutes, il s'est entretenu avec des officiels français parmi lesquels, l'ambassadeur de France à Dakar, Nicolas Normand. Au sortir de cet entretien, il a tenu à remercier ses militants dont ceux de Benno Book Yakaar, qui attendaient dans un vaste salon. D'emblée Macky Sall n'a pas mis de gants pour dire ce qu'il pense du climat politique et judiciaire qu'il a laissé au pays. «Tout ce bruit ambiant que vous entendez, ce sont des cris d’orfraie, comme on dit», déclare-t-il aux militants qui écoutaient dans un silence de cathédrale. Macky Sall fait ainsi allusion aux poursuites judiciaires contre certains pontes de l'ancien régime libéral. Surtout la décision de Justice de la Cour de la Cedeao qui a jugé illégale l'interdiction de sortie du territoire national à Abdoulaye Baldé, Ousmane Ngom, Oumar Sarr, Karim Wade.
Mais le président de la République a affirmé, devant ses militants, qu'il ne reculera pas dans la traque des biens mal acquis. «Nous tenons bon et nous irons de l'avant», a-t-il lancé à l'assistance qui l'acclamait. Pour lui, tout ces «cris d'orfraie» ont des explications : «Nous sommes en train de bâtir un Etat de droit et ça, les gens n'aiment pas beaucoup. Les gens n'aiment pas la transparence, les gens n'aiment pas la vérité, les gens n'aiment pas la rigueur», martèle Macky Sall. Avant de demander au public de faire preuve de patience.
Car «les choses peuvent paraître lentes, mais soyez sûrs que nous sommes sur le droit chemin». Le chef de l'Etat en a profité pour remercier ses militants de l'accueil qui lui a été réservé. «Vous êtes là à tout moment, qu'il vente ou qu'il neige, en semaine et en toute saison. Cela me va droit au cœur», dit-il sous les applaudissements de ses militants. Avant d'enchaîner comme s’il avait besoin de le rappeler : «Nous allons continuer à assumer les charges que le peuple sénégalais nous a confiées». Puis il s'engouffre dans sa voiture, sous les cris du public, pour rejoindre la résidence de l'Ambassadeur du Sénégal à Paris.
Macky Sall est accompagné d'une forte délégation composée, entre autres, du ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, du ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Kane, et de son porte-parole, Abou Abel Thiam. Aujourd'hui, Macky Sall va accompagner le président français à la cérémonie de clôture des Assises du développement. François Hollande y tiendra un discours qui fera office de politique française en la matière. De cette cérémonie, les deux présidents se rendront à l’Elysée pour un déjeuner. Sans autres précisions, à savoir s'il y aura un point de presse à la fin du banquet.
Des libéraux menacent de perturber le séjour du chef de l’Etat
Le séjour du chef de l’Etat à Paris pourrait être mouvementé pour ne pas dire perturbé par des militants du Parti démocratique sénégalais. Les libéraux veulent dénoncer les poursuites judiciaires lancées contre leurs leaders accusés de biens mal acquis. Depuis avant-hier, des réunions se tiennent pour définir une stratégie afin de mieux perturber le séjour présidentiel à Paris. Y arriveront-ils ? Là est la question. En tous les cas, les militants de l'Apr se mobilisent également pour réserver un séjour agréable à leur leader. La police française est sur le qui-vive afin de déjouer toute manifestation non déclarée.
Moustapha BARRY
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