
Pour la première fois, depuis la survenue du naufrage du Joola, dans la nuit du 26 au 27 septembre 2002, vers 23 heures, il vient de témoigner de ce qu’il a vécu. Pour des raisons de sécurité, on va taire le nom de ce militaire rescapé, qui servait dans le bateau le jour du drame.
Dans ce témoignage, il revient sur comment il a fait pour échapper à la mort avec 66 autres rescapés. ‘Je suis resté cinq heures, en caleçon dans l’eau’, dit-il d’emblée. Et de poursuivre son récit en signalant qu’au moment du chavirement, il était au restaurant. En moins de dix minutes, le bateau s’est renversé sur le côté et l’eau a commencé à entrer partout. A la suite de cela, il y a eu un court-circuit qui a plongé tout le bateau dans le noir. ‘Je me disais que c’était l’apocalypse’, témoigne-t-il.
Puis, il ajoute : ‘Comme je savais nager, j’ai essayé de mettre ma tête hors de l’eau. En me débattant, j’ai trouvé un hublot ouvert et je suis passé par là’. ‘Une fois, hors du bateau, je me disais : ‘Tu n’a pas le droit de te laisser mourir’. Je suis resté cinq heures avant d’entendre des voix. Il s’agissait de voix de gens rescapés qui étaient sur un radeau ouvert. C’était aux environs de quatre heures du matin. C’est en ce moment qu’on a détaché la corde qui contenait le radar. On se donnait du courage. Un bateau est venu et on est rentrés dedans. Dans le radeau. On a trouvé à l’intérieur des fusées et un trousseau de pharmacie. On a commencé à allumer les fusées. On a allumé un et deux fusées, les autres étaient fatigués et dormaient. Moi, j’étais en train de rendre grâce à Dieu’.
La suite du récit de ce rescapé est comme un conte de fée. ‘A un moment donné, j’ai entendu le bruit d’un moteur. Quelque temps après, une pirogue est arrivée avec trois ou quatre personnes. Ils nous ont posé des questions, on leur a dit que c’est Le Joola qui a chaviré. Ils nous ont dit qu’ils y avaient des chalutiers non loin et ils sont allés les aviser. Quand ils ont abordé le premier chalutier, les occupants ne les croyaient pas. Ils ont cru que c’étaient des pirates. Et Dieu faisant bien les choses, c’est en ce moment précis qu’on a allumé le troisième fusée. Alors, ils sont venus nous prendre. En ce moment, il a commencé à faire jour. Et de l’autre côté, on a constaté qu’il y avait des cris. C’était, des gens qui étaient sur la coque dont une femme et un Français. On les a pris. Ainsi, on a emmené certains en Gambie d’autres à Dakar’, relate notre interlocuteur.
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