
En matière de respect des droits humains, cela ne brille pas pour le Sénégal. Le rapport 2011 de Amnesty révèle, exemples à l’appui, plusieurs cas de torture et d’impunité.
Amnesty international a publié, hier vendredi, son rapport annuel de l'année 2011, sur la situation des droits humains au pays du président Wade. La torture, l’impunité, le conflit casamançais, les atteintes à la liberté d'expression et de manifestation, l’usage excessif et illégal de la force sont, entre autres, les mauvais points de l’alternance.
Au Parlement (Assemblée nationale et Sénat), il est reproché de cautionner l’impunité des forces de sécurité et autres responsables proches du parti au pouvoir. ‘L'Assemblée nationale continue de bloquer toute poursuite contre l'ancien ministre Farba Senghor pour sa responsabilité présumée dans le saccage des locaux des journaux l'As et 24 heures Chrono. A cela, il faut ajouter le vote de lois d'amnistie qui ont effacé des crimes qui ont heurté la conscience des Sénégalais avec notamment la loi d'amnistie de 2004 relative à toutes les infractions commises dans le cadre du conflit casamançais depuis 1991 et la loi Ezzan de 2005’. Quant aux magistrats, Amnesty international leur reproche le refus d'enquêter sur des allégations de torture alors même que les prévenus et les avocats exhibent des preuves irréfutables. Pis, selon l’Ong, ils se basent sur des aveux extorqués sous la torture pour condamner des prévenus à de lourdes peines de prison. C’était le cas des jeunes de Kédougou en 2009 et de ceux de Vélingara en première instance en mai 2010 et en appel en avril 2011.
La torture et les mauvais traitements étant des pratiques bien ancrées dans les mœurs des forces de sécurité, Amnesty se désole du fait que, malgré les rapports et les dénonciations répétées des organisations des droits humains, ces pratiques restent courantes dans les commissariats de police et brigades de gendarmerie. Pour preuve, selon le rapport, ‘entre septembre 2010 et avril 2011, plusieurs personnes sont décédées dans les brigades de gendarmerie pendant leur garde-à-vue. Plusieurs allégations de tortures ont été faites contre la police sans qu'une enquête s'ensuive’. Les régions périphériques sont les plus affectées. Elles semblent être des zones de non droit pour les services de sécurité, gendarmes et policiers notamment, qui s'y comportent comme en terrain conquis. ‘Tant que le gouvernement continue à nier l'existence de la torture et des mauvais traitements dans les commissariats de police et les brigades de gendarmerie, tant qu'il fera tout pour protéger les tortionnaires, nul ne sera à l'abri des abus des forces de sécurité’, avertissent les camarades de Seydi Gassama.
Quant à la liberté d'expression, pilier de tout système démocratique, Amnesty pense qu’elle n'est que théorique au Sénégal. La preuve, 15 ouvrages ont été interdits de circuler sur le territoire national, parce que bloqués par la douane à l’aéroport, sur instruction du président de la République. La situation est la même pour la liberté de manifestation avec des marches pacifiques interdites au seul motif d'insuffisance de forces de l’ordre pour encadrer les manifestations.
MONTEE DE L'INTOLERANCE AU SENEGAL : Amnesty plaide pour les homosexuels et les minorités religieuses
La montée de l'intolérance et du repli sur soi est une préoccupation des camarades de Seydi Gassama qui plaident pour les homosexuels et lesbiennes ainsi que pour les minorités religieuses. Le patron de la section sénégalaise d'Amnesty international accuse l'Ong Jamra de verser dans la surenchère et la désinformation auprès des marabouts, pour la persécution des homosexuels. La protection des minorités religieuses est un devoir qui incombe à l'Etat, selon Amnesty. Ainsi, face aux agissements de la Ligue des imams qui s'en prenaient récemment aux témoins de Jéhovah à qui ils promettent un combat sans merci, Amnesty en appelle à l'Etat pour l’égalité entre les religions au Sénégal.
0 Commentaires
Participer à la Discussion