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[ Profil ] Yahya Diop ‘’ Yékini ’’, un roi au crépuscule de son règne

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[ Profil ] Yahya Diop ‘’ Yékini ’’, un roi au crépuscule de son règne

Yahya Diop alias ‘’Yékini’’ est tombé, pour la première fois après quinze ans de règne sur la lutte avec frappe au Sénégal, un palmarès au plan national de 21 combats marqué par 19 victoires, un match nul et une défaite.

 

Intronisé ‘’Roi des Arènes’’ pour avoir assis sa suprématie dans le cercle des ‘’poids lourds‘’, le chef de file de l’écurie ‘’Ndakaru’’ qui avait fait le vide autour de lui, a connu l’amère saveur de la défaite en acceptant de donner la chance aux jeunes lutteurs dont son tombeur du 22 avril dernier, Balla Gaye II, fils d’un ancien lutteur.

 

Avant son grand palmarès, ‘’Yékini’’ a débuté par la lutte sans frappe. On était dans les années 90 et le jeune lutteur étale sa classe dans les séances saisonnières organisées généralement après les récoltes. Au fil des victoires, il devient le lutteur à battre, remportant une soixante de tournois en lutte traditionnelle, de 1992 à 1997.

 

C’est durant ce parcours, annonciateur d’une grande carrière dans la lutte avec frappe, qu’il acquiert les ficelles qui feront de lui le futur ‘’Roi des arènes sénégalaises’’.

 

L’enfant de Bassoul (localité du pays sérère située dans les îles du Saloum) qui a tâté du ballon dans sa prime jeunesse en a conservé le patronyme de Yékini, du nom de l’athlétique attaquant international nigérian, Rashidi Yékini alias ‘’le taureau de Kaduna’’.

 

Contrairement à son homonyme, Yahya Diop qui avec son gabarit de 1,92m avait le physique pour marcher sur ses pas, opte pour la lutte en s’ouvrant un boulevard dans l’arène, plutôt que les pistes sablonneuses des terrains de football.

 

C’est ainsi qu’en août 1997, dopé par ses atouts techniques et physiques, il entame sa marche vers le sommet, dictant d’entrée de jeu sa loi à un jeune lutteur de sa catégorie, Kadd Gui.

 

Un an plus tard, il est sélectionné dans l’équipe nationale de lutte du Sénégal appelée à défendre les couleurs nationales aux Jeux africains de Johannesburg (Afrique du sud). Ses performances sont récompensées par une médaille d’argent en lutte gréco-romaine.

 

Doté d’une force de frappe redoutable et surtout d’un calme olympien qui frise souvent la molesse, l’enfant de Bassoul augmente la panoplie de son savoir-faire en s’initiant la boxe anglaise qui lui sert d’ouvrir la brèche face à son adversaire.

 

Deux fois sacré meilleur lutteur africain dans la catégorie des plus de 130kg, Yékini triomphe dans des compétitions internationales, avec notamment sept médailles d’or obtenues aux Jeux de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

 

En 2004, il reçoit le titre de meilleur lutteur sénégalais avec frappe à l’occasion du 13ème gala du Lion d’Or à Dakar.

 

Après une décennie de lutte auréolée de succès (14 victoires en 14 combats), il reçoit en 2006, des mains du Président de la République, le Lion d’or 2005, une distinction décernée unanimement par la presse sportive nationale qui le consacre meilleur sportif sénégalais de l’année.

 

Pour poursuivre sa marche triomphale, il met tous les atouts de son côté en se rendant souvent en France ou aux Etats-Unis en vue de préparer ses futurs combats.

 

Réputé discipliné (aucune sanction à son encontre), le champion sérère (ethnie sénégalaise) accepte volontiers d’en découdre avec des adversaires qu’il a déjà vaincus.

 

Le secret de sa suprématie dans l’arène sénégalaise ? Il y a certes une dose mystique à la base, mais plus que tout, sa technique éprouvée a fait de lui le champion intouchable. A ce sujet, d’anciens champions chevronnés dont Katy Diop et Robert Diouf s’occupent de ses préparations, en lui dictant les consignes à suivre, selon l’adversaire.

 

Ses combats très médiatisés suscitent beaucoup de passion auprès des annonceurs et les chaînes de télévisions publique et privées.

 

Les organisateurs de combats (appelés promoteurs au Sénégal) n’hésitent pas à casser leur tirelire pour, à coup de millions, le décider à enfiler son ‘’ngimb’’ (pagne de lutteur enfilé en cache-sexe) pour descendre dans l’arène.

 

Sa défaire du 22 avril dernier qui a mis fin brutalement à son invincibilité va certainement changer ses ambitions, lui qui voulait rester invaincu jusqu’à la fin de sa carrière.

 

En reconsidérant sa volonté de se retirer des arènes, il devra faire face à d’autres protagonistes qui voudront relever le défi de battre l’ex-roi. De jeunes loups s’essayeront à la tâche, notamment les Eumeu Sène et Lac de Guiers, ou Balla Gaye II, pour une revanche.

 

Par ailleurs, s’il a empoché 175 millions de francs CFA pour son dernier combat contre 80 millions en juillet 2009 contre Gris Bordeaux, Yékini risque de voir sa valeur marchande revue à la baisse par les organisateurs de combats.

 

Au lendemain de ce premier revers, la presse nationale avait rivalisé de titres dans ses différentes Unes : ‘’Balla Gaye II détrône Yékini’’ (Le Soleil, service public), ‘’Balla le roi-lion’’ (Le Populaire), ‘’Impérial Balla’’ (Sud Quotidien), ‘’Balla Gaye 2 balaie Yékini’’ (Reewmi Quotidien), ‘’Superbe BALLAde sur Yékini (Le Quotidien), ‘’Balla Gaye ravit le trône à Yékinin’’ (Walfadjri), ‘’Deux alternance en un mois’’ (Direct Info, allusion à la défaite du président Abdoulaye Wade à la présidentielle).

 

Le palmarès de Yékini en lutte simple :

 

Lutte traditionnelle : Plus de 60 tournois remportés entre 1992 et 1997

 

Equipe nationale de lutte : Capitaine de 1998 à 2001

 

1998 : 2 médailles d’or aux Championnats d’Afrique de Cotonou

 

1999 : 1 médaille d’argent aux Jeux africains de Johannesburg en lutte gréco romaine

 

2000 : 2 médailles d’or aux Championnats d’Afrique de Niamey, plus le titre de meilleur lutteur africain

 

2001 : 1 médaille d’or et 1 argent aux Championnats d’Afrique de Ouagadougou (Burkina Faso), plus le titre de meilleur lutteur africain.

 

Le Palmarès en lutte avec frappe :

 

Kadd Gui : 17 août 1997

 

Modou Pouye II : 23 novembre 1997

 

Pape Cissé: 1er mars 1998

 

Mor Nguer: 29 novembre 1998

 

Mouhamed Aly : 29 mai 1999

 

Bombardier : 29 octobre 2000

 

Khadim Ndiaye : 22 avril 2001

 

Baye Fall : 24 juin 2001

 

Balla Bèye II : 1er janvier 2002

 

Mor Fadam : 8 juin 2003

 

Lac de Guiers : 15 août 2003

 

Bombardier : 28 mars 2004

 

Khadim Ndiaye : 14 mai 2005

 

Tyson : 1er janvier 2006

 

Balla Bèye II : 10 juin 2007

 

Balla Bèye II (2ème fois): 27 juillet 2008

 

Gris Bordeaux : 26 juillet 2009

 

Tyson : 4 avril 2010

 

Bombardier (2ème fois) : 2 janvier 2011

 

Match nul :

 

Moustapha Guèye : 30 juillet 2006

 

Défaite :

 

Balla Gaye II : 22 avril 2012



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