
Samba Diouldé Thiam, 4ème Vice-président de l’Assemblée nationale, est un homme dont la vie se confond avec l’histoire politique du Sénégal. Dans cet entretien, il se prononce sur les questions brûlantes de l’Hémicycle et surtout la révision du mandat du président de l’Assemblée nationale qui cristallise les attentions.
Assemblée de rupture
«Je me réjouis de l’installation du bureau de l’Assemblée nationale avec à sa tête Moustapha Niasse. Je considère que la 12ème Législature est une législature de rupture de par la composition de l’Assemblée et de par la composition du bureau. Pour la première fois, un dirigeant politique chef d’Etat est allé aussi loin dans le rassemblement des forces politiques dans notre pays. Il a choisi de partager le pouvoir avec les forces politiques les plus significatives de notre pays pour avoir les moyens de remplir sa mission qui est de reconstruire le pays, de redresser le Sénégal, de refaire l’Administration, de mettre les ressources publiques au service exclusif du pays et des citoyens. Ce sont là de profondes reformes. On pourrait même parler de profonde révolution démocratique, pacifique.
Le Président Macky Sall a compris qu’il ne pouvait donc pas tout seul faire ce travail et qu’il a besoin dans cette mission salvatrice de conduire le Sénégal avec le maximum de forces. Cela s’est reflété dans la façon de confectionner la liste de Benno bokk yaakaar aux Elections législatives. Cela s’est reflété également dans la formation du Bureau de l’Assemblée nationale. Donc cela témoigne d’un sens politique extrêmement aigu et également de perception profonde du rapport de forces qu’il faut créer mais aussi du rapport de confiance à établir afin de remettre le pays au travail. Je me réjouis aussi de côtoyer des hommes de grande qualité à l’Hémicycle. Ensemble, j’espère que nous allons réconcilier l’Assemblée nationale avec l’opinion publique de notre pays. J’assumerai avec sérieux et application la responsabilité qui m’a été confiée pour servir davantage mon pays.
Attentes des Sénégalais
Le Président élu, le 25 mars, a fait part de sa volonté de renoncer à deux années du mandat de 7 ans pour lequel il a été élu. Ensuite, il a indiqué qu’il plaçait le la patrie avant le parti. Pendant 50 ans, les intérêts partisans ont primé sur les intérêts généraux de la Nation. Tout en prétendant gouverner au nom de la collectivité nationale, les ressources publiques ont servi davantage aux lobbies, et beaucoup de questions qui intéressent la Nation n’ont pas trouvé réponse et solution. C’est ça l’orientation : Gouverner autrement. Arrêter l’impunité qui avait acquis droit de cité dans notre pays. Quand un président dit, je ne protège personne, cela signifie que la Justice est mise en situation de rendre justice. La rupture aussi, c’est dans le comportement des députés. La rupture, c’est aussi la présence massive des femmes (plus de soixante) au niveau de l’Assemblée. Ce qui est une avancée notable dans la marche de notre pays. Et les sénégalais ne tarderont pas à le découvrir.
Système de quota et petits règlements de compte
Vous me permettrez d’abord de ne pas m’ingérer dans les problèmes intérieurs des différents partis qui forment la Coalition de Benno Bokk Yaakaar. Je note que des femmes ont été promues, des jeunes sans expérience aussi. Mais l’expérience s’acquiert. Parce que nous constituons une équipe, nous allons travailler ensemble. Non dans une perspective d’opposition des uns aux autres, de concurrence sauvage mais plutôt dans un esprit de solidarité, dans un esprit de coopération ceux qui ont plus d’expérience apporteront la leur aux autres. Ensuite, il faut dire que le Bureau de l’Assemblée nationale est institutionnel, mais aussi un cadre politique par excellence qui doit refléter les accords politiques.
Parité
La loi sur la parité a été votée, l’esprit démocratique est le respect de cette loi. Bonnes ou mauvaises, les lois une fois, votées, doivent être respectées. Et elle a été mise en œuvre pour la 1ère fois en ce 30 juillet 2012. Et on est allé plus loin qu’on pouvait le faire. Si maintenant, il y a des gens qui estiment que quelque part la loi a été violée, ils ont la liberté de saisir les instances compétentes. Et puis, le droit sera dit et nous nous conformerons au droit.
Polémique autour du poste du 8ème vice-président
Le Pds (Parti démocratique sénégalais, opposition) est mal venu pour nous faire cette observation. Si ce parti avait droit à un poste, il en aurait eu droit. Le groupe du Pds avec 12 députés ne remplit pas les conditions pour avoir ni un poste de vice-président ni un poste de secrétaire élu. La politique est tout sauf faire des cadeaux à ses adversaires. Je ne vois pas pourquoi nous devons leur donner les moyens de nous combattre surtout qu’ils se sont inscrits dans une ligne de combat virulent contre nous. Donc, il n’y pas de raison de faire preuve de naïveté et de leur offrir les moyens de ce combat.
Cohésion de la majorité
Dans les textes qui régissent le fonctionnement de l’Assemblée nationale, il est dit que ceux qui sont élus portent le titre de députés du Sénégal. Donc il n’y a pas de députés de Abdoulaye Wade ou de Macky Sall. Nous sommes au service du Sénégal. Il faut que la majorité reste en cohérence et en accord avec le président de la République. La politique, ce n’est pas de l’enfantillage. Notre crédo, ce n’est pas d’aller faire des effets d’annonce pour nous faire applaudir gratuitement. Notre responsabilité, c’est de soutenir la politique que le Président présentera à l’Assemblée nationale. Naturellement, cette politique doit être au service du Sénégal. Le président de la République et le gouvernement veilleront attentivement à ce que les lois soumises à l’Assemblée nationale soient au service de l’intérêt national et du Sénégal. S’il arrivait qu’il n’en soit pas ainsi, les députés rappelleront que ces lois ne sont pas au service du Sénégal.
(…)Je pense que nous ne sommes plus en campagne électorale, nous n’avons pas besoin de nous distinguer dans notre grande coalition en fonction de nos différentes sensibilités politiques. Nous devons travailler la main dans la main pour servir le Sénégal autour de la politique que les sénégalais ont déjà approuvée avec 65% d’entre eux qui ont voté Macky au 2ème tour. Il ne faut pas qu’on l’oublie. Nous devons faire honnêtement la politique en étant en accord avec les Sénégalais.
Mandat du président de l’Assemblée nationale
La loi dont vous faites allusion est une loi constitutionnelle. Si elle doit être changée, cela suppose qu’il faut réviser la Constitution. Il ne faut pas oublier que l’ère Wade a été caractérisée par une modification intempestive de la Constitution. La rupture consiste à refuser pour un oui ou pour un non de réviser la Constitution. Le Président Macky Sall a dit qu’il s’inspirera fortement des résultats des Assises nationales. Donc, il faut préparer sur une période de 2 ans une révision de la Constitution qui porte sur les grandes questions de la vie de notre Nation notamment le fait de ramener le mandat du Président à 5 ans, renouvelable une seule fois et faire en sorte que ce dispositif ne puisse pas être modifié à l’avenir. Dans ce sens-là, d’autres dispositions pertinentes du même ordre doivent être réglées.
Il n’est pas pertinent de réviser la Constitution juste pour régler un problème individuel. Dans la mesure où la Constitution doit être amendée profondément sur certaines questions, il y a lieu, au besoin, d’attendre cette révision-là. La modification de la Constitution qui ramenait le mandat du président de l’Assemblée nationale à un an n’a pas empêché Mamadou seck de demeurer pendant pratiquement 4 ans président de l’Assemblée nationale. La Constitution dispose que le mandat du président actuel comme celui des autres membres du Bureau est de un an et qu’ils sont rééligibles. Au cours de notre réunion d’avant hier (Lundi), cette disposition a été rappelée aux députés. On ne peut que respecter la Constitution.»
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