«L’enclavement est une maladie mortelle qui tue plus que toute autre maladie», déclare Karfa Diédhiou, un habitant de Dioghère, convaincu que l’on ne saurait ébaucher un quelconque développement sans des routes praticables en toute saison. L’inaccessibilité de certaines localités compromet le développement sanitaire, économique et social du département.
A Madina Seydou Nourou Tall, village situé dans la communauté rurale de Diaroumé, le poste de santé qui polarise 71 villages est dépourvu d’une ambulance. L’infirmier-chef de poste ne dispose que d’une vieille carcasse de moto qui peine à s’allumer. En cas d’urgence, les malades n’ont aucun espoir de survivre.
Le village est situé à 27 km de la route bitumée et à 70 km du district sanitaire de Sédhiou. A cause de l’état dégradant de la route, même les charretiers hésitent à prendre le risque de tenter d’évacuer des malades. Faute de téléphone, l’infirmier-chef de poste ne peut joindre le médecin chef. Et, même si le miracle se produisait, le médecin-chef serait presque dans l’impossibilité de répondre à la requête. Son parc automobile est presque inexistant. Il dispose d’un seul véhicule capable de s’engouffrer dans les ornières qui mènent au Sonkodou. Un peu plus en profondeur, plus précisément à Dialambéré, se dresse majestueusement à l’entrée du village, un poste de santé en construction depuis plusieurs années. L’entrepreneur s’est évaporé sans crier gare, selon les témoignages des habitants.
Situé à 90 km de Sédhiou, ce village effectue un véritable chemin de croix pour acheminer ses malades vers les structures sanitaires. La conséquence malheureuse de tout cela, c’est la recrudescence de la mortalité maternelle et infantile.
A Dialembéré, il y a eu 5 cas de mortalité maternelle, 1 à Madina Seydou Nourou Tall 2 à Tankan et 30 à Dioghère.
Au-delà du manque de développement sanitaire, c’est l’économie de ces localités qui s’altère. «Il nous est impossible d’écouler nos produits agricoles et maraîchers, faute de pistes de production, s’indigne Moustapha Daffé de Dioghère. «Nous ne pouvons aller vers les acheteurs et les acheteurs ne peuvent venir vers nous», renchérit Karfa Diédhiou. Une situation déplorable qui renforce la pauvreté en milieu rural. C’est pourquoi, conseille Aïssatou Dramé de Sonkodou «les Ong gagneraient mieux à construire des routes avant l’installation d’un quelconque projet.» Cette insécurité économique installe l’insécurité sociale. La famine hante les foyers, la pauvreté aidant. C’est partout la détresse.
Conscients de l’ampleur du mal, les chefs religieux des arrondissements de Djibabouya, de Diendé et de Bounkiling tirent la sonnette d’alarme. Réunis en assemblée générale extraordinaire, au village de Dioghère, dans la communauté rurale de Sansamba, ils demandent aux autorités compétentes de reconsidérer le genre humain.
Les populations des 24 villages de la zone, initiatrices de la rencontre, souhaitent dans les meilleurs délais l’ouverture d’une route bitumée de Marakissa (village situé sur l’axe Sédhiou-Marsassoum) à Diaroumé (village situé sur l’axe Sédhiou-Madina Wandifa) soit un tronçon de 27 km.
A en croire Moustapha Daffé, le porte-parole du comité de réflexion pour le développement des 24 villages riverains de cet axe : «Les populations riveraines de cet axe, parce que coupées du reste du département, ne se sentent plus sénégalais tellement que le mal est profond.» Un mal qu’elles ont formalisé dans un mémorandum transmis au chef du village pour alerter la conscience des autorités.
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