A défaut de trouver un terrain d’entente avec l’Europe, les autorités de la pêche sénégalaise devront gérer dans les jours à venir les conséquences d’un retrait - rovisoire ?- de la flottille européenne des côtes sénégalaises. Ce qui ne semble pas évident de prime abord.
Le Sénégal et l’Union européenne n’ont pas été en mesure de renouveler leurs accords de pêche hier, ce qui va entraîner un certain nombre de conséquences économiques et sociales pour les deux parties. Le Directeur de la pêche et des affaires maritimes à la Commission européenne, M. César Dében Alfonso, a expliqué hier, au cours d’une conférence de presse, que «l’absence de nouveaux protocoles empêche la reconduction des activités de pêche des bateaux européens dans les eaux sénégalaises». Et la structure législative au sein de l’Union européenne est telle qu’il faudrait, au cas où les négociations devraient reprendre le plus rapidement possible, au moins douze mois pour arriver à un nouvel accord. «Et pendant ce temps, les financements qui constituaient la contrepartie financière de ces accords de pêche, sont également suspendus, pour le Sénégal», ajoute M. Dében Alfonso. Ces versements financiers représentaient environ 16 millions d’euros par an pour le Trésor sénégalais, soit plus de 10 milliards de francs Cfa.
Les autres conséquences de cette absence d’accord sont aussi dramatiques, selon le Directeur des pêches de l’Europe. Il explique que les conserveries de Dakar, qui s’approvisionnaient grâce aux débarquements de la flotte européenne à Dakar, devront se tourner ailleurs, ce qui n’est pas donné car, «contrairement aux bateaux européens, les navires thoniers sénégalais ne sont pas contraints de débarquer leurs prises à Dakar. Tout au contraire, ils vont transborder en Espagne», ajoute Dében. Ces débarquements obligatoires n’ont jamais été acceptés de gaieté de cœur par les bateaux européens, assure Dében Alfonso. Il précise que cela était fait juste pour se conformer aux accords. Bon prince, il assure néanmoins que l’Europe va chercher le moyen d’assurer, à la seule conserverie sénégalaise encore en fonctionnement, le moyen de pérenniser son approvisionnement en matière première. On se demande par quelle alchimie.
Ce qui risque portant d’être encore plus dramatique, ce sera le coût humain de ce non-accord. Toujours selon le directeur de la Pêche et des Affaires maritimes de l’Europe, les bateaux européens opérant dans les eaux sénégalaises étaient obligés d’avoir pour moitié de leur équipage, des Sénégalais. Avec la caducité des protocoles d’accord, cette clause va également sauter, malgré toutes les assurances de Dében, sur le fait que les gens, employés dans les navires, l’étaient plus pour leurs compétences que pour se conformer à des règles plus ou moins contraignantes.
Seulement, Dében était presque tenu d’être aussi accomodant du fait que, selon ses termes, «l’accord de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne reste en vigueur, et personne ne l’a dénoncé. Ce sont les protocoles d’exécution qui sont arrivés à terme et qui devaient être renouvelés». Et c’est cela qui n’a pas pu se faire. Autant le ministre de l’Economie maritime que le directeur Dében, veulent dédramatiser les choses. Pourtant le représentant de la Commission européenne n’a pas voulu laisser passer l’occasion de faire pièce de certaines idées qui sont véhiculées dans l’opinion publique sénégalaise.
«Les captures des bateaux européens ne représentent que moins de 2% des captures dans les eaux sénégalaises. Il faut donc en finir avec l’image fausse de l’armada européenne qui vient racler les fonds marins sénégalais jusqu’à épuisement. De même, en accord avec les partenaires, nous avons voulu évoluer des accord commerciaux purs vers des accords de partenariat de pêche plus conforme à l’évolution de la ressource.»
Une volonté qui rencontre le désir des autorités sénégalaises de réformer le secteur de la pêche, réformes que l’Europe a voulu accompagner, grâce notamment à une enveloppe de 6 millions d’euros. Car, justifie Dében, «le Sénégal est un acteur majeur dans la coopération». Cela, malgré les réticences de certains pêcheurs artisans, à voir renouveler les accords de pêche. Mais, précise l’Européen, «leur inquiétude portait surtout sur l’utilisation de la contrepartie financière de ces accords de pêche».
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