
Ils sont innombrables les chantiers qui attendent le nouveau président sénégalais qui ne peut se dérober de certaines priorités. Au premier chef, celui du fichier électoral dont l'infestation a été décriée par les spécialistes depuis 2007 au moins. L'informaticien qui avait défrayé la chronique à quelques encablures de la présidentielle du 26 février en mettant le doigt sur les imperfections du fichier électoral à même d'obérer gravement la sincérité. Entre autres imperfections (voulues), un nombre impressionnant d'électeurs virtuels, qui n'existeraient que de nom. Ce sont les cartes de ces électeurs virtuels ou fictifs qui devaient remplir, comme ce fut le cas en 2007, les urnes de bureaux qui, sans être fictifs, n'étaient pas localisés sur la carte électorale.
Dans un entretien accordé à un confrère de l'Obs, Bakar Ndiaye, qui avait subi des menaces et autres mesures de rétorsion (comme la suspension de la bourse académique de sa fille), n'enlève pas une seule virgule à son argumentaire qu'il développe depuis 2005, date de la refonte totale du fichier décidé par Wade : " c'est un fichier qui n'a jamais été fiable et qui renferme toujours des écueils ", assène-t-il, nonobstant l'audit de l'Union européenne effectué peu avant la présidentielle.
A preuves, la découverte durant l'entre-deux-tours par les observateurs de l'Ue de 130 000 électeurs décédés, fait-il remarquer. La grande abstention relevée autant au premier qu'au second tour s'expliquerait, selon lui, par ces électeurs virtuels ou fictifs. C'est parce que les bureaux qui devaient recueillir les suffrages de ces électeurs avaient été identifiés que les gens du régime n'ont pu en faire usage devant la mobilisation populaire sur ces lieux. Aussi, demande-t-il au nouveau président de procéder à " l'audit financier et technique du fichier "pour lequel " on a dépensé plus de 33 milliards pour rien du tout " (ou plutôt pour frauder !).
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