
Située sur la presqu'île du Cap-Vert, Dakar, la capitale du Sénégal, compte plusieurs plages. Ces dernières portent des noms qui sont passés du traditionnel au moderne à consonance amméricano-latine.
A côté des bars, restaurants et boîtes de nuit, c’est au tour des plages de «paraphraser» le nom de quelques villes et plages célèbres du monde, réputées par leur capacité d’attirer le maximum de personnes possible. Sunugaal, Ngor Diarama, Terrou bi, Yoff Tongor, Diamalaye,
des noms très significatifs et traditionnels qui renvoient aux us et coutumes sénégalaises. Rien qu’à les entendre on pense à un village traditionnel, mais aujourd’hui ces noms font place à des noms typiquement américano-latins. Et ce, depuis la floraison des plages privées et l’avènement des séries télévisées qui font rêver par la beauté de leurs décors. Aussi, en lieu et place des noms traditionnels, les places dakaroises ont vu leur appellation se muer en des noms comme Malibu, Beverly hills, Cancùn, Monaco plage, Voile d’or, et tant d’autres qui font sortir de cette sphère d’africanité. Ces noms de plages, qui font rêver les jeunes, surtout les ados, en cette période de forte canicule, constituent le domaine de prédilection de ceux-là. Cependant, l’on se demande alors pourquoi Beverly Hills ou encore Cancùn au lieu de Sunugaal, Teranga ou Reewmi… ? L’on répondra sûrement que ces noms ne vont pas avec le business et que pour attirer le maximum de clients, il faut des noms chocs et captivants qui donnent le sentiment d’être présent dans ces plages de rêve. Rien que de dire que « j’ai été à Beverly Hills pendant le Week » fait classe et fera des envieux. Ces noms qui font in et chics attirent, comme de l’aimant, filles et garçons. Amadou Fall, gérant de la Voile d’Or explique : «Le nom a une importance capitale. En commerce, tout vend et si c’est un produit emballé, l’emballage vend». Ainsi, donc, il affirme que le nom que chaque gérant donne à sa structure reflète un peu son orientation. C’est pourquoi, la plage Voile d’Or qui, auparavant, avec Monaco plage constituaient «Tahiti», garde toujours la ligne directrice. «En toute création, il faut que quelque chose s’applique. Raison pour laquelle on a planté beaucoup de cocotiers pour refléter un peu le nom qui lui a été donné avec Monaco plage auparavant Tahiti». Ces lieux paradisiaques avec des noms magiques et féeriques, dont certaines plages de Dakar portent, évoquent un univers de rêve et de prestige, une destination idéale pour une escapade amoureuse.
CANCUN, BEVERLY HILLS, MONACO…: Ces noms magiques et féeriques qui font rêver
Ces plages souvent sablonneuses et ensoleillées toute l'année, comme tant d’autres à Dakar, sont très fréquentées par les populations. La différence avec les autres, c’est que ces dernières, de par leur nom, évoquent un lieu paradisiaque qui pousse à la tentation. La plage de Cancùn qui, rien qu’à entendre le nom, fait penser à cette station balnéaire de la ville du même nom, située au Sud-est du Mexique, est rendue célèbre au Sénégal avec le télénovela «Rubis». Cancùn, avec ses plages au sable blanc où se dressent de nombreux palmiers, fait rêver beaucoup de personnes pour sa beauté paradisiaque. Beverly Hills, elle, fait allusion à la série éponyme américaine avec Brenda, Brandon, Kelly diffusée entre les années 90 et 2000 à la télévision nationale. Elle fait aussi référence à la ville de Beverly Hills qui est une municipalité du Comté de Los Angeles en Californie aux Etats-Unis. Un lieu connu pour être la résidence de nombreux professionnels et vedettes du cinéma et de la musique mondiale. Eh oui, ces plages qui portent ces noms de lieux magiques existent bien au Sénégal. Puisque Cancùn comme Beverly Hills se situent à Yoff. Mais force est de constater que ces plages n’ont rien à voir avec leurs homonymes des autres contrées. Comme en atteste Salimata, une jeune fille rencontrée aux abords de la plage de la Voile d’or. Ils ne leur ressemblent que de nom, selon elle, même si elle avoue que la Voile d’Or reflète un peu l’image de son homonyme avec ses cocotiers et bungalows. En effet, bordée de cocotiers, cette plage,
d’après la jeune demoiselle, offre un cadre tranquille, sûr et propre. Un cadre de rêve. «Cette plage est faite à l’image des plages de Tahiti qu’on voit à la télévision», déclare-t-elle. Quant à Monaco Plage, son nom se réfère à la cité de Monaco, connue pour son site exceptionnel, entre mer et montagnes, ses jardins, ses activités sportives et culturelles. Se situant à Hann Bel/Air, Monaco plage, à l’image de la Principauté du même nom, au sud de la France, a l’avantage d’être ultra tranquille. La mer y est très calme et la plage sablonneuse. Parasols et matelas de plage permettent aux clients de passer l’après-midi au soleil. Dire que ça ressemble à la principauté de Monaco est certes un peu exagéré, mais si on y regarde de près, notre Monaco national a la particularité d’être fréquentée par des stars de la musique, non pas pour se décontracter, mais bien pour faire leur show et animer des concerts pendant les vacances. Quant à la plage de Malibu, située à Guédiawaye, son nom renvoie à la municipalité de Malibu située également dans le Comté de Los Angeles, en Californie. Elle est connue pour ses chaudes plages et pour être la ville où résident de nombreuses stars du cinéma. Elle est la capitale du surf aux États-Unis. Au Sénégal, son nom renvoie à la série télévisée «Alerte à Malibu», avec les Pamela Anderson, Matt Leblanc, etc. Notre Malibu est fréquentée par beaucoup de jeunes, notamment ceux qui habitent dans les quartiers environnants. Les vagues énormes donnent de grandes sensations, tant aux baigneurs qui sont nombreux à la fréquenter qu’aux simples spectateurs. Il y a généralement peu de monde sur cette belle plage, excepté les week-ends d'été. Pour attirer une clientèle, les responsables, et gérants de ces places privées utilisent donc ces noms accrocheurs. Mais la question qui se pose est : Est-ce que la plage accroche vraiment ?
AFFLUENCES DES JEUNES SUR LES PLAGES : Beverly Hills et Paradise, les plus branchées
Beverly Hills, Costa Rica, Cancùn, Paradise, Malibu, le Palais… Autant de noms que portent les plages sénégalaises. Logées toutes à Yoff, ces nouvelles places paradisiaques permettent aux jeunes, en cette période estivale, de se divertir et de s'amuser après les heures de cours et de travail. Très cotées, ces «stations balnéaires» constituent des lieux de rencontres de rêves, aussi bien pour des amis que des amoureux de la mer. Ces lieux sont beaucoup plus fréquentés par la gent féminine. Un tour à cette portion de la plage de Yoff, plus connue sous le nom de Beverly Hills, permet de faire le constat qu’elle est bondée de monde, presque à tout moment de la journée, les aprèsmidi en particulier. Certes, cette plage a pris le nom de Beverly Hills tout juste 5 ans. Mais si on remonte l’histoire, durant les années 1970 et 1972, ce site était occupé par des Européens. Ils avaient aménagé la plage, avec un paysage verdoyant, des cabanes luxueuses, des palmiers. Ils étaient même jaloux de la présence des Noirs. Pour interdire tout accès aux indigènes, ils dressaient leurs chiens pour poursuivre les clandestins, se rappelle encore Baye Balla Niang, personne morale à Yoff. El Hadji Ibrahima Sakho, sexagénaire, riverain, montrant la cicatrice d'une morsure de chien, se souvient encore du bon vieux temps. «Je venais au Coosup (Ndlr : Le nom de la plage de Yoff d’alors), vers 9 heures, quand les Européens étaient chez eux, j'en profitais pour découvrir cette somptueuse plage», narre-t-il en soulignant que «les visiteurs stationnaient leurs voitures à 500 mètres de la plage pour admirer la verdure, la propreté des lieux et les belles femmes, mais aussi les vagues et les magnifiques espaces aménagés en forme de triangle ou de cases bien garnies de fleurs de toutes sortes». Seulement, aujourd’hui, les pirogues larguent leurs amarres, des poissons pourris jonchent le littoral, les ménagères versent les eaux sales sur la plage. L'exploitation des femmes transformatrices installe le désordre et une odeur pestilentielle agresse la brise marine. Les pêcheurs se sont installés dans ce lieu, jadis paradisiaque, donnant ainsi un nouveau visage à ce Beverly Hills longtemps réputé pour son «luxe» Cependant, avertit Ousmane Diop, maître nageur, devenu pêcheur, «ne soyez pas étonné de ce nouveau décor, simplement les responsables de cette plage n'ont pas encore élu domicile, car la période ne sied pas encore. C'est au mois de juin et de juillet que la plage va retrouver son lustre d'antan». Un peu plus loin, à quelques mètres de Beverly Hills, un site est aménagé. Son nom : Paradise. Comme son nom l'indique cela signifie, il est un lieu de rêve, le Nirvana. L'enseigne est indiquée sur un panneau. Des cabanes, des espaces pour des grillades, des terrains des ping-pongs, de basket et de beach soccer campent le décor. Pour le responsable de ce site touristique, Marcel Coly, «Paradise est le summum de la joie, de la bonne humeur et de la rencontre amoureuse. Ce n'est pas seulement un site pour de grandes personnes, les enfants aussi trouvent leur grain
d'amour ici. On a aménagé des espaces aussi bien pour les jeunes que pour les grandes personnes. Même nos papis et mamis ont leur place ici. En plus, de c’est happyness et il y a bien des loisirs et une bonne cuisine d'ici et d'ailleurs». Paradise et Beverly Hills ont la cote à Yoff. Seulement, ces lieux de détente ne sont pas uniquement fréquentés par les Yoffois. Ibrahima, la quarantaine, vêtu d'un tee-shirt à l'effigie de Modou Lo, habite les Parcelles assainies et s'entraîne à Paradise. «Cet endroit est propice pour les entraînements grâce au sable marin. En plus des rings sont aménagés et cela va permettre de développer nos forces de frappes. C'est un vraiment un joyau ce mini-dojo», lance-t-il.
Si les uns viennent pour s'entraîner d'autres font le déplacement pour des afterwork. A notre passage sur le site, à côté de la grillade, une table était dressée et tout autour, des personnes discutent chaleureusement en attendant un plat. Il s'agit de deux hommes et de deux femmes. Si les hommes sont vêtus de costumes, les femmes ont préféré s'habiller aux couleurs de l'été, avec des robes bustiers orange et des perruques à la Mireille. «Comme la chaleur commence à sévir, il est préférable, après le travail, de venir se changer les idées. Et ce lieu est très opportun
pour cela», dit l’un d’entre eux. Beverly Hills et Paradise, ce sont deux plages, parmi tant d’autres de cette partie de la côte dakaroise très prisée par les jeunes. Du reste à Yoff, les patriarches ne veulent plus entendre parler de ces noms importés et demandent à la jeune génération de se ressourcer auprès des ancêtres.
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