
Babacar Justin Ndiaye analyse le discours prononcé, hier, à l’Université Cheikh Anta Diop, par le Secrétaire d’Etat américain Hillary Clinton. Il fait un parallèle entre le discours de Mme Clinton et celui de l’ancien Président français Nicolas Sarkozy sur l’Afrique et le Sénégal, prononcé au même endroit en 2007. Non sans aborder les relations que pourraient avoir désormais les deux Etats.
Quelle lecture faites-vous du
discours du Secrétaire d’Etat américain ?
Madame Hillary Clinton a exprimé dans ce discours, la quintessence de
la politique américaine post-Bush. Avec, bien entendu, un hommage appuyé à
l’endroit du Sénégal qui est manifestement objet d’admiration voire de passion
pour les Usa. Mais, on est là en face de l’écume. Ce qui veut dire qu’il faut
détecter et dévoiler les courants forts qui drainent la stratégie américaine vis-à-vis
du continent africain où quelques rares pays comme le Ghana, Sénégal, et le
Botswana polarisent l’attention et la bienveillance de Washington. Abstraction
faite, bien sûr, des Etats du Maghreb qui sont traités selon d’autres critères
et au travers d’un prisme où la sécurité d’Israél demeure primordiale.
Pour décrypter davantage le volet spécifiquement sénégalais du
discours, on saisit, en filigrane, que les Etats-Unis magnifient la trajectoire
historique du Sénégal, un pays parfaitement vacciné contre l’épidémie de coups
d’Etat. Les Usa portent également au pinacle le Sénégal d’aujourd’hui, donc
celui de Macky Sall qui – vu des rives du Potomac – fait figure de champion de
la démocratie ; et incarne le bon élève de la bonne gouvernance.
Toutefois, il n’y a pas de place pour la naïveté dans la vie internationale.
Derrière le rideau de séduction bien brodé et orné de quelques éloges justes, persistent,
à mon avis, les trois priorités de l’Amérique en Afrique : le clash des
civilisations (euphémisme désignant la lutte contre l’islam radical et
armé ; le péril épidémiologique (sida) et accessoirement le développement
(synonyme de sécurité). Tout le reste se love dans l’écume.
Quel parallèle peut-on faire
entre le discours de Mme Clinton et celui de Nicolas Sarkozy, prononcé au même
endroit ?
Un parfait parallèle. La sémantique ne ment pas. En géométrie, deux
lignes parallèles sont deux droites qui vont dans la même direction, sans se
toucher ? Voilà deux discours qui parlent, tous deux, de l’Afrique et du
Sénégal. Mais en des termes forts éloignés.
Peut-on parler d’un nouveau
départ dans les relations sénégalo-américaines ?
Difficile de déceler vraiment du nouveau. Laissons les choses à leurs
réelles proportions. La nouveauté porte sur le réajustement de la politique Us
à l’échelle planétaire. Obama a rectifié Bush. Le discours du Caire avait pris
le contre-pied de la doctrine du Grand Moyen Orient qui irait de Nouakchott à
Karachi. Et baignerait dans l’American way of life. Cette
« busherie » ou boucherie est rangée par Obama. A l’échelle de
l’Afrique, il va sans dire que Dakar est la coqueluche du Sénégal ;
notamment au plan géostratégique. Lorsque
(Propos recueillis par Harouna Fall L’Observateur du 02 Aout 2012)
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