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Vendredi 01 Juin, 2018 +33

Casamance : Quand l’enclavement de la région donne des idées aux séparatistes

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Casamance : Quand l’enclavement de la région donne des idées aux séparatistes

Parmi les arguments avancés par le Mfdc pour justifier le séparatisme casamançais figure en bonne place l’enclavement de cette région sud du Sénégal. Coincée entre la Gambie et la Guinée-Bissau, la Casamance donne l’impression d’être séparée du reste du pays. Un état de fait qui a provoqué avec le temps un sentiment d’exclusion. Lequel est développé par une partie de la population devant l’impassibilité coupable d’un pouvoir peu clairvoyant.

Elle aurait pu être comme n’importe quelle région du Sénégal. Mais, un certain nombre de facteurs ont fait de la Casamance une région à part. Au premier rang desquels, la géographie. Considérée depuis toujours comme partie intégrante du Sénégal, cette région sud du pays se trouve coincée entre la Guinée-Bissau au sud et la Gambie au nord. C’est d’ailleurs ce dernier pays qui semble être ‘l’opium’ de cette région d’autant que la continuité territoriale du Sénégal est rompue par ce pays colonisé par la couronne britannique. Si bien que la Casamance donne l’impression d’être un territoire lointain.

Pendant des décennies, cet enclavement géographique a été vécu par une partie des populations locales comme une indépendance de fait. Surtout que pendant tout ce temps, les différents régimes qui se sont succédé à la tête du Sénégal, ne se sont pas attaqués à cette question de souveraineté nationale. Cinquante ans après l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, la Casamance continue encore à supporter son sort devant la démission de l’Etat. Pourquoi aujourd’hui encore, faut-il toute une journée, voire deux, pour rejoindre la capitale, Dakar ou se rendre à Ziguinchor ? La réponse à cette question que tous ceux qui croient encore à l’unité nationale se posent, beaucoup la trouvent dans l’attitude d’un Etat qui demeure jusque-là insensible aux cris de cœur et de détresse d’une population qui souffre depuis toujours de cette situation. Pourquoi ne pas créer un pont sur le fleuve Gambie ?

Mieux, le Sénégal ne peut-il pas opter pour une solution endogène en créant une route de contournement ? Laquelle aura, entre autres avantages, de ressusciter l’économie des villages situés le long de la route nationale n° 6. Cette solution semble d’ailleurs plus pertinente, surtout que la route reste la voie la plus accessible pour les populations. Aujourd’hui, pour voyager par le bateau, il faut acheter le billet un à deux mois à l’avance. Quant à l’avion, il est toujours réservé à une certaine élite capable de débourser plus de 100 mille francs pour voyager.

Devant cette situation, l’Etat semble impassible. Une attitude d’autant plus incompréhensible que l’enclavement a servi d’argument pour certains indépendantistes qui utilisent le statut géographique de la Casamance pour défendre leur projet aventuriste. Pour eux, la Casamance n’a jamais été dans le Sénégal, mais elle est avec le Sénégal. A la tête des tenants de cet argument se trouvait un prêtre, l’abbé Augustin Diamacoune Senghor. Cet homme d’église, devenu par la force des choses le chef de la rébellion casamançaise, a pendant longtemps théorisé cette idée pour gagner l’adhésion de ces hommes et ces femmes qui n’ont jamais compris l’inertie de l’Etat devant le sort de cette région considérée pourtant comme le Sénégal en miniature. Le pouvoir central n’a-t-il pas aidé le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) à mettre en œuvre son projet séparatiste à l’origine du triste destin de cette région ?

Rien ne semble encore perdu pour rattacher géographiquement la Casamance au reste du Sénégal et, du coup, éroder le socle séparatiste d’un mouvement qui commence à perdre sa légitimité populaire. ‘Le jour où il sera possible d’écourter et de mettre un terme aux tracasseries du voyage entre Dakar et Ziguinchor, on aura fait un grand pas vers la résolution du conflit casamançais’. Cette remarque d’un observateur très engagé dans la recherche de solution à la crise en Casamance montre la voie à suivre pour voir le bout du tunnel. Car, désenclaver la Casamance, c’est tuer dans l’œuf le sentiment de non appartenance au Sénégal que beaucoup de Casamançais ont développé dans le temps, contre leur gré.



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