
Les pouvoirs se succèdent, les élites se renouvellent, les pratiquent demeurent. Hier Jean-Paul Dias, traqué un vendredi Saint, jusque dans un lieu de culte avant d’être arrêté pour offense au chef de l’Etat, Abdoulaye Wade qu’il avait traité de « mécréant ». Il en sera de même pour le Dr et ophtalmologiste Mame Marie Faye, coupable elle aussi du délit d’offense au chef de l’Etat, pour avoir osé dire d’Abdoulaye Wade qu’il était « malade ». Ces libéraux qui justifiaient ces convocations et emprisonnements d’hier, sont aujourd’hui ceux qui s’agitent dans les médias, occupent le devant de la scène et dénoncent les convocations des leurs par les enquêteurs de la Crei qui les soupçonnent d’enrichissement illicite.
Délit d’offense au chef de l’Etat ! Délit d’atteinte à la liberté d’expression, aussi. Car rien ne justifie l’audition de Me Sall sur la seule base des propos tenus à l’endroit du chef de l’Etat, propos qu’il convient de regretter au passage. Pas moins regrettables que l’absence de retenue, de la part d’un Président qui s’engouffre aussi facilement dans le piège de ses opposants, décidés à le divertir de son initiative de traquer les biens mal acquis. Car aujourd’hui, ce n’est plus sur la légalité ou non des poursuites de la Crei que porte le débat, ou sur le préjudice que les gouvernants d'hier ont causé au trésor public, mais sur les menaces qui pèsent sur la liberté d’expression, la démocratie, au lendemain de la sortie très musclée de Macky Sall et sa décision de sévir, dans le seul but de protéger son image de Président de la République.
Menaces traduites en actes par l’instrumentalisation continue de cette même Direction des investigations criminelles, auteure de l’arrestation-spectacle de l’ex-Garde des Sceaux, cueilli, cuisiné, assaisonné, puis livré à la table du « Macky », service à volonté, telle une dinde de Noël. Curieusement, le même procédé qui avait marqué ce vendredi Saint d’avril 2006 à l’interpellation de Jean-Paul Dias, le leader du Bcg aujourd’hui au pouvoir, aux côtés de ceux qui justement, reprochent à El Hadj Amadou Sall, un crime de lèse-Mackyesté.
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