
Homme politique au parcours exceptionnel, Blaise Diagne a énormément combattu pour la race noire. Aujourd’hui, son nom est écrit en lettres d’or dans les livres d’histoire.
Premier député noir des colonies, Blaise Diagne fut également le premier africain élu à l’Assemblée Nationale française. Né à Gorée, le 13 octobre 1872 à Gorée, d'un père cuisinier et marin, Niokhor Diagne, et d'une mère manjaque originaire de Guinée-Bissau, Gnagna Anthony Preira, Galaye MBaye Diagne est très tôt adopté par la famille Crespin, une famille métisse de notables de Gorée et de Saint-Louis, qui lui donne le prénom de Blaise. En naissant à Gorée, il bénéficie de plein droit de la nationalité française. C’est ainsi qu’il apprit très tôt à lire et à écrire et bénéficie d’une éducation solide. Grâce à une bourse d’étude du gouvernement, le jeune Blaise Diagne va poursuivre ses humanités au pays de Marianne, plus précisément à Aix-en-Provence, à 764 km de Paris. Malade, Blaise Diagne rentre au bercail, à Saint-Louis, et sort, en 1890, major de sa promotion. L’année suivante, il entreprend avec succès le concours de fonctionnaires des douanes.
Un homme de défis…
En 1892, il entre dans l’administration. Agée de 19 seulement, le natif de Gorée débute sa carrière au Dahomey (actuel bénin), où il va passer cinq ans. Son parcours le mènera par la suite au Congo français, en 1897, à la Réunion, en 1898, et enfin à Madagascar, en 1902. D’ailleurs, de son dernier poste, ses opinions avant-gardistes déplurent à Gallieni. Après ces périples, il entre dans l’histoire en devenant le premier africain de l’histoire française à siéger au Palais Bourbon surnommé ‘’la voix de l’Afrique’’. Nous sommes en 1914. Blaise Diagne parvient à obtenir pour les habitants des quatre communes la citoyenneté, en échange de leur conscription en 1916. Une réussite énorme et qui a, sans doute, contribué à ses réélections à ce poste jusqu’à sa mort. Ce, malgré les campagnes hostiles du parti colonialiste.
Son itinéraire politique l’amène également à adhérer à la Section Française de l’Internationale Ouvrière (Sfio). C’était en 1917. Seulement, son passage sera bref, car il ne durera que 18 mois. Par la suite, il aura en charge le recrutement indigène en Afrique, grâce à sa nomination comme commissaire général par Clémenceau. Une mission qu’il mène avec succès en Afrique Occidentale française, pour organiser le recrutement militaire en cette période de guerre.
De février à août 1918, de Dakar à Bamako, il tenta de convaincre ses compatriotes de venir se battre en France, tout en leur promettant des médailles militaires, un certificat de bien manger, un habillement neuf et surtout la citoyenneté française aux combattants après la guerre. Les primes aux recruteurs furent également sensiblement augmentées. Il réussit à mobiliser 63 000 soldats en Afrique Occidentale Française et 14 000 en Afrique Equatoriale Française. Le 29 septembre 1916, il obtient du parlement la loi qui reconnaît définitivement la citoyenneté française aux originaires des « quatre communes », sans les soumettre au Code Civil ni leur faire perdre leur statut personnel.
…Doublé de franc-maçon
Ces acquis en poche, il refusera de quitter après la répression de mai 1919. Ce qui, d’ailleurs, est à l’origine de sa démission du parti et du groupe socialiste. Ainsi, il occupera ce poste jusqu’en octobre 1921. Quelques années plus tard, il revient au Parti Républicain-socialiste, avant de passer chez les indépendants de Georges Mandel. De janvier 1931 à février 1932, il fut premier ministre africain de la République française, comme sous-secrétaire d’Etat aux Colonies.
Sa vie sera toutefois entachée par son entrée dans la loge maçonnique, en septembre 1899, à Saint-Denis. D’ailleurs, il est le premier noir à siéger au Conseil de l’Ordre du Grand Orient, dès 1922. Il va bénéficier de ce parrainage jusqu’à sa mort, le 11 mai 1934. Cette appartenance de Blaise Diagne explique sans doute son enterrement avant l’entrée du cimetière musulman de Soumbédioune. En effet, selon des rumeurs, les musulmans refusaient qu’un franc-maçon repose dans un cimetière.
Malgré cela, le souvenir du premier ministre noir est bien vivant au Sénégal, par les nombreuses infrastructures qui portent son nom. L’une des plus grandes avenues du pays porte son nom, de même qu’un lycée. Récemment, l’ex-président de la République Abdoulaye Wade a donné son nom au nouvel aéroport, en construction à Diass.
FATOU GAYE SECK (Source Internet)
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