
Le journaliste sénégalais Hamadou Tidiane Sy estime que l’évolution du paysage médiatique est telle qu’il devient nécessaire de redéfinir la manière de faire du journalisme, de même que la fonction et la place du journaliste dans la société.
’’Je ne dis pas qu’il (le journalisme) doit être réinventé, mais il faut qu’on réfléchisse sur son nouveau rôle et sa place dans la société. Cela ne va pas se passer du jour au lendemain. Mais, forcément, on arrivera à une redéfinition de la fonction et de la place du journaliste dans nos sociétés’’, dit Sy, dans une interview publiée jeudi par le quotidien sénégalais Walfadjri (privé).
Redéfinir le métier de journaliste, ’’c’est une question très difficile. Mais l’une des choses, c’est de repenser le modèle. Il y a tellement d’initiatives qui sont en train d’émerger pour redéfinir la manière de faire du journalisme’’, analyse Hamadou Tidiane Sy, administrateur du site d’information Ouestaf.
Cette réforme est d’autant plus nécessaire qu’’’on est à l’heure [du direct]. Internet donne l’information avant la radio, avant le papier écrit. C’est pourquoi, il est difficile de dire : voilà ce que cela sera. Mais, la bonne chose, c’est d’y penser’’, explique Sy. Il a travaillé au bureau de l’Agence France-Presse (AFP) à Dakar et à la BBC.
’’Et, […] il y a des réflexions en cours. Nous, journalistes africains, nous devons nous inscrire dans cette mouvance pour ne pas rester en rade, pour aussi participer à cette redéfinition du rôle et de la place des médias dans nos sociétés’’, suggère Sy, diplômé du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de Dakar.
’’A mon avis, souligne-t-il, notre rôle traditionnel est en train d’être perturbé par les réseaux sociaux, par toutes les innovations technologiques. Il y a dix ou quinze ans, pour un événement qui se passe en France, il fallait attendre la radio ou le journal.’’
Même si les réseaux sociaux font un travail d’information du public, ’’le journaliste a encore de la place. […] Mais, ce qu’il faut dire, c’est qu’il faut que nous revoyions – et, c’est en cours - ce métier. Il y a de nouvelles tendances qui émergent. Il faut les observer et les analyser’’.
’’Je suis pour un journalisme indépendant de tous les pouvoirs, quels qu’ils soient’’, affirme-t-il, sur un autre registre.
’’Maintenant, la grande question, c’est [de savoir] comment assurer cette indépendance, si l’on sait en même temps que les médias ont besoin de ressources financières pour vivre. Il faut bien que ces ressources viennent de quelque part.’’
’’Donc, il faut réfléchir à de nouveaux +business models+, à une nouvelle manière de faire. Ce sont des questions très difficiles en ce moment, qui dépassent le cadre de nos pays africains, explique Amadou Tidiane Sy.
’’Dans tous les pays du monde, ces mêmes questions se posent avec acuité. […] Il faut sérieusement réfléchir pour faire survivre le métier de journaliste dans des conditions qui assurent son indépendance’’, soutient-il.
’’Il faut que les entreprises de presse trouvent des moyens de se financer ou de financer leurs organes de presse en étant beaucoup plus innovantes, en étant beaucoup plus imaginatives de sorte que les journalistes qui travaillent dans ces médias ne soient pas mis dans des situations qui les poussent à certaines pratiques que nous déplorons tous’’, ajoute-t-il.
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