
« Les Sénégalais qui ont presque plébiscité Me Wade en 2000 ont bu, jusqu’à la lie, le calice de son incompétence et du machiavélisme de son style de gouvernement », lit-on, dans un document distribué samedi dernier, à Dakar, en marge de la rencontre des acteurs des assises nationale.
Imam Mbaye Niang et ses partisans déclarent que le peuple des travailleurs gémit sous la disproportion entre les charges et les gains car le travail se fait rare et est peu rémunéré. « De partout fusent les lamentations. Les pères de famille ont vu leur estime de soi s’effondrer devant le spectacle de leurs enfants tenaillés par la faim. Les mères de famille sont éreintées par leur odyssée quotidienne à la recherche d’une pitance de plus en plus rare », affirment-ils, en ajoutant que Wade est en passe de réussir « la destruction de la famille sénégalaise. Alors que dans le même temps, relèvent-ils, plus que jamais prospèrent la « corruption, le népotisme, la gabegie, le pilotage (…), au désespoir des cadres attachés à l’éthique ».
Selon les signataires de la déclaration, c’est la démocratie sénégalaise qui en pâtit. Car les équilibres sont rompus, les libertés publiques bafouées. « Les textes de loi dont la constitution sont ignorés ou abusivement interprétés au gré de la conjoncture (…). Le pouvoir judiciaire peine à s’autonomiser. L’Assemblée nationale et les collectivités locales sont sous coupe réglée. Les marches sont le plus souvent interdites et réprimées. »
Mais plus grave aux yeux de l’imam et de ses partisans, Me Wade s’attaque à la relation équilibrée entre religion et pouvoir au Sénégal. « Par un populisme de mauvais aloi, Wade s’est montré habile manipulateur du facteur religieux. Depuis son avènement à la tête de l’Etat, il a contribué à brouiller les rapports entre les Sénégalais et la religion, en allant à la mosquée du vendredi et en passant la nuit à Touba, il a voulu forcer la considération des croyants. Depuis, il a montré son vrai visage : un diviseur de communautés religieuse, de confréries et de familles au sein des confréries. »
Ils soulignent que Me Wade est conscient de l’argent et du pouvoir de nomination, en dénonçant les promotions complaisantes aux postes de responsabilités réservées à certains Sénégalais parmi les plus zélés dans la « courbette et la flagornerie ». « L’accès aux postes de responsabilité, à la haute administration, aux postes diplomatiques, aux directions des services et des sociétés n’est plus tributaire de la compétence. »
Pourtant, les camarades de M. Niang rappellent qu’au lendemain du 19 mars, les Sénégalais espéraient voir reculer le spectre de la faim, de la maladie et du chômage. Au regard du passé de l’homme qui, plus de deux décennies durant, s’est opposé au régime en place et cela lui a valu l’admiration de beaucoup de Sénégalais. Mais depuis huit ans, ils indiquent que « l’admiration s’est muée en aversion, l’espoir en cauchemar »
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