Ils ont marqué l’année 2010

Cinq personnalités sortent du lot pour s’être vaillamment illustrées cette année, qui par leurs prises de position courageuses, qui par leur écart de langage. Parmi eux, l’incontournable bêtisier de l’année 2010.

Paroles de Toubib

D’abord Mame Marie Faye, celle qui a osé parler ouvertement de la santé du président de la République. Mieux, elle a demandé le retrait de sa candidature pour cause de maladie l’empêchant de conduire la destinée des Sénégalais au-delà de 2012. Mais, malgré les intimidations et son passage devant les enquêteurs précédant son arrivée au tribunal, l’ophtalmologiste est restée constante dans sa démarche. Il aurait fallu pire qu’une privation d’insuline pour la faire changer d’avis, en attendant de voir si sera mise à exécution, sa menace de dévoiler dans les jours à venir, les quatre maladies dont souffrirait le président de la République. Vivement la prochaine conférence de presse de Mame Marie Faye !

« Plume satanique »

L’année 2010 a été également marquée par un balai judiciaire relatif aux brulots du journaliste-écrivain et directeur de « La Gazette », Abdou Latif Coulibaly, qui encore une fois a fait parler de son engagement. L’arrivée de Cheikh Tidaine Sy au ministère de la Justice dénote du caractère sérieux que le pouvoir accorde aux écrits de celui dont la plume a noyé Baïla Wone et Karim Wade, même si Thierno Ousmane Sy, en remportant une bataille, a, semble-t-il, pris la revanche de ces derniers sans arriver toutefois à briser « la plume satanique de Latif », pour reprendre les propos d’un ancien ministre.

« Idyznogoud »

Une autre personnalité,  et pas des moindres, s’est encore illustrée cette année pour avoir défié et porté la contradiction à toute une congrégation politique adepte de la pensée unique: « Idyznogoud », qui veut être calife à la place du calife. Si son courage politique a fait grincer des dents quand il s’est agit de secouer la tanière libérale, le maire de Thiès, « chouchou de la presse », a démontré à l’opinion, que sa « famille naturelle », le PDS, est tout sauf un parti Démocratique, une formation politique où le débat est quasi-absent. Quand démocratie interne rime avec pensée unique !

Renaissance à tout prix

Quant au premier des Sénégalais, Me Abdoulaye Wade, il monopolise en permanence le débat politique. Un personnage très fascinant, qui inspire à la presse énormément de choses, de par ses contradictions, ses improvisations, ses volte-face ou revirements et sa capacité à se montrer imprévisible. Se voulant chantre du panafricanisme et de la renaissance, Wade a réussi à fédérer les médias internationaux et locaux autour de la controverse qu’a suscitée l’inauguration de son Monument de la Renaissance Africaine à la veille de la fête nationale de l’indépendance, le 3 avril dernier. L’accueil des étudiants haïtiens, l’ouverture du Festival mondial des Arts Nègres, autant d’événements qui rentrent dans la communication politique d’un gouvernement et d’un régime qui vivent dans le passé, et dont l’avenir aurait pu être compromis si le parti majoritaire dans l’opposition, avait fait preuve d’un peu plus de maturité et de responsabilité.

Le bêtisier de l’année ?

2010 s’est refermée sur une note assez triste, une plaisanterie de mauvais goût dont certains qualifieraient l’auteur de « bêtisier de l’année ». Ousmane Tanor Dieng, adepte chevronné de l’antiwadisme primaire. Quitte à fouler au pied les principes les plus élémentaires de la démocratie. OTD a semble-t-il, parafé son acte de décès politique lorsqu’il a pris fait et cause pour le président sortant ivoirien Laurent Gbagbo, donné perdant selon les résultats de la commission électorale. L’attitude de OTD, en remettant en question l’avenir du parti, ouvre de fait la voie à l’alternance au sein du PS même. Car ceux qui réclament le départ d’Abdoulaye Wade de la tête du Sénégal, se refusent à l’alternance au sein de leur propre formation politique, et font tout pour conserver leur propre fauteuil. Comme quoi, dans certaines formations politiques, charité bien ordonnée commence toujours par les autres. Bonne année à tous !

Momar Mbaye