Assis au fond d’un bar-restaurant à Ngaparou, dans la Petite-côte, Alioune Fall déguste calmement son sirop de menthe au citron glacé. Il dénoue et noue souvent ses longs rastas tenus par un fil élastique derrière sa tête. Le quadragénaire est presque insensible à son entourage où quelques jeunes garçons, expressément venus de Dakar, se lavent dans la piscine. Fall qui avait connu une existence stable ces deux dernières années, est aujourd’hui au fond du gouffre, depuis la déclaration de la pandémie. Céline, sa compagne française qui le soutenait, ne fait plus rien pour lui. Le couple concubin gère une relation à distance depuis presque 8 mois, avec la fermeture des frontières aériennes pour tout voyage non essentiel vers l’Union européenne. Ces mesures de restriction ont fini par affecter leur existence. «J’ai connu Céline alors qu’elle était venue en vacances au Sénégal en 2016. Elle gère un restaurant en France. Elle vient lors de ses congés au Sénégal pendant un mois. On s’est rencontré dans une discothèque ici à Ngaparou où je travaillais comme serveur. Elle a été épatée par mes allées et venues. On a sympathisé. On s’est donné rendez-vous dans un café. On a vite eu des atomes crochus et on a décidé de vivre ensemble», confie-t-il. L’air évasif, le jeune garçon jette souvent un regard vitreux sur les jeunes filles qui se trémoussent aux abords de la piscine avec leurs copains. «Elle n’est pas si âgée que cela. Elle a juste 43 ans. Je suis son aînée d’un an. On avait une relation très sérieuse. Mais je suis en train de la perdre. Car depuis l’apparition de la pandémie, elle n’est plus revenue au Sénégal. Elle a cherché en vain, que je la rejoigne en France. L’ambassade a rejeté ma demande à cause de la maladie», souligne-t-il.
Alioune Fall croit savoir que sa compagne semble être découragée par cette situation. «C’est à peine si on s’entend au téléphone, alors qu’elle m’appelait avant pendant plusieurs heures dans la journée. J’ai l’impression qu’elle a commencé à se décourager. Je me rends à l’évidence parce qu’on s’achemine vers une rupture. Et pourtant, on avait des projets de fonder un foyer, faire des enfants. Tout cela est tombé à l’eau», dira-t-il.
«J’ai l’impression qu’avec ma copine française, on s’achemine vers une rupture à cause du Covid»
Alioune se bat de son mieux pour que sa copine ne le quitte pas. «Je passe pratiquement mon temps à l’implorer au téléphone. Elle m’a dit qu’elle ne peut plus attendre éternellement. C’est elle qui me soutenait financièrement dans mes charges liées à la location, à la nourriture, à l’habillement, à la santé. Si les frontières sont rouvertes, je vais encore déposer à l’ambassade de France pour essayer de la rejoindre. Aujourd’hui, il m’est même difficile d’avoir 1 000 FCfa en poche. Elle ne m’envoie plus rien. Mais je ne désespère pas», signale-t-il. Fana Diagne, 26 ans, serveuse dans le même bar-restaurant, trouve que «Lune», comme elle appelle Alioune par affection, s’apitoie trop sur son sort, alors qu’il est encore jeune pour remonter à la surface de l’eau. Fana qui partageait sa vie avec un Français n’a pas trop perdu de temps pour mener une nouvelle vie. Vêtue d’une petite robe qui lui arrive à peine aux cuisses, un collier de perle au pied, cette native de Rufisque déborde d’énergie, dans une tenue excentrique. «Je vivais avec un Français qui est retourné chez lui. Depuis 7 mois, il ne m’envoie plus rien. Je l’ai barré de ma liste pour vivre ma vie. Je ne vais pas me confiner dans ma chambre à attendre un homme qui peut-être ne viendra plus au Sénégal. C’est un vieux retraité qui fait le tour de l’Afrique pour dépenser son argent. Il me dit qu’il y a trop de contaminés en Afrique. Ce n’est pas prudent parce que les gens ne respectent pas les mesures sanitaires. Que les gens ont des problèmes avec l’hygiène. Moi, je mène ma vie. S’il revient tant mieux», confie-t-elle.
«Si ma conjointe française vend sa résidence de Somone, je pense qu’elle ne reviendra plus au Sénégal ; je fais tout pour sauver notre relation…»
A quelques mètres de Ngaparou, à Somone, Abou Diop vit le même drame que ces Sénégalais qui sont obligés de gérer des relations à distance avec leurs conjoints ou conjointes établis à l’étranger. Il est finalement devenu, par la force des choses, le gardien de la maison de sa compagne Elisabeth, son aînée de 30 ans, retenue en France à cause de la pandémie à Coronavirus. Jeune antiquaire, Abou est entretenu par la vieille Française de 67 ans. «On est ensemble depuis 3 ans. Je l’ai connue alors qu’elle était venue acheter des objets d’art dans ma boutique. On ne s’est plus quitté. Elle est restée confinée en France. Elle m’appelle souvent, mais plus comme avant. Elle m’a laissé sa résidence où je vis avec elle quand elle venait en vacances. Mais je n’ai pas de clients. Je louais la maison aux touristes. Et pour la plupart, ce sont des gens qu’elle me recommandait. Les touristes ne viennent plus. Ce qui fait que je n’ai plus de ressources financières», argue-t-il. Abou ressent des frissons depuis que la dame lui a annoncé son intention de vendre la résidence. «Ce n’est pas bon signe. Si la maison est vendue, je pense qu’elle ne viendra plus au Sénégal. Cette maison y était son unique lien affectif. Il m’arrive même de lui faire des câlins lors de nos appels vidéos. Mais cela ne l’emballe plus. Je fais tout pour sauver notre relation. Je crois que c’est presque foutu. Déjà, un de ses compatriotes est venu visiter la résidence pour l’acheter», signale-t-il. Natif de la ville de Thiès, Abou Diop, 37 ans, a tout perdu dans cette relation. «J’avais fini par céder ma boutique d’objets d’art à un ami, du moment qu’elle satisfaisait tous mes besoins. Cette résidence est mon unique salut. Si la situation perdure encore, je perdrais tout espoir de la reconquérir», confie-t-il. Déboussolé, le jeune Thiessois noie son angoisse dans l’alcool. «Le ministre du Tourisme est venu, ce samedi, à la station balnéaire de Saly pour relancer le tourisme intérieur. Les autorités gouvernementales croient que le secteur touristique se confine dans les grands hôtels de Saly. Ceux qui gèrent des auberges, résidences et autres maisons meublées à louer entre Saly Niakh Niakhal, Somone, Mbour, Ngaparou, Gérew sont encore beaucoup plus nombreux. Mais on est les laissés-pour-compte. Nombre d’étrangers qui ont investi dans le tourisme ont des maisons qu’ils louent. Des maisons souvent gérées par leurs conjoints sénégalais. Aujourd’hui, ces couples bi-nationaux ont volé en mille morceaux», confesse-t-il. Le jeune garçon exhorte le président de la République à penser à ses milliers de Sénégalais perdus dans ces relations à distance et qui ont longtemps participé à la cohésion sociale de la Petite côte balnéaire.
ALASSANE DIOUF, CHEF DE SECURITE
«Comment le virus a affecté ma relation avec mon épouse qui a peur de revenir au Sénégal»
«J’ai 49 ans. Je vis à Saly depuis 9 ans. Je travaille au restaurant à l’enseigne ‘’Le Soleil’’ depuis quelques mois, comme responsable de la sécurité et chargé aussi de la promotion. J’ai une épouse qui est présentement en France. Elle n’est plus venue depuis qu’il y a la maladie à Coronavirus. Elle venait tous les 6 mois au Sénégal. Aujourd’hui, elle a peur de venir au Sénégal à cause des nombreux cas relayés à travers des informations. Elle pense que notre pays est un grand foyer de la pandémie. On est en couple depuis 2 ans. On avait pu construire une maison à Saly pour la mettre en location pour les touristes français. Cette activité ne marche plus. Le Covid a impacté notre business. Pis, il a affecté notre relation. On ne s’entend que par téléphone ou par Whatsapp. J’ai été obligé de travailler dans ce restaurant pour vivre puisqu’elle ne m’envoie plus rien. Les Etats doivent pouvoir dépasser cette situation parce qu’on a connu la Peste, le Sida, Ebola. Tout ça, c’est derrière nous. Avec le Covid, les gens sont fatigués. Les couples bi-nationaux se déchirent. Parce que nos conjointes ne peuvent plus venir au Sénégal. Une relation ne se gère pas à distance. Les frontières aériennes doivent être ouvertes pour soulager tout le monde.»
KHADY DIOUF, RESTAURATRICE
«Depuis le départ de mon mari vers la France, je tire le diable par la queue…»
«J’ai 33 ans. Je suis opératrice économique, gérante de restaurant. Je suis mariée à un Français. Il est en France depuis 8 mois. Il y était parti pour se soigner. Il n’est plus revenu au Sénégal suite à la déclaration de la maladie à Coronavirus. Il a 72 ans. Certes, nous avons une différence d’âge de 39 ans, mais on s’aime. C’est le plus important. Ce n’est pas une relation fondée sur l’intérêt, comme le pensent certains. Malgré son âge, il tient bon et est encore vigoureux. On se connaît depuis 5 ans. Je gérais une boutique où je vendais des tissus d’art. J’ai fait faillite. Il a essayé de m’aider. C’est de là que notre relation est partie. Il m’a financé pour l’ouverture d’un restaurant à Saly Niakh Niakhal. Cette activité est plombée à cause de la maladie à Coronavirus. Aujourd’hui, on gère une relation à distance puisqu’on communique seulement par téléphone. Et c’est très difficile. Il ne m’envoie plus rien. En France, il ne peut pas sortir tout le temps. Il s’est confiné à cause de sa maladie. Vu son âge, c’est une personne vulnérable au Covid-19. Il a aussi des antécédents cardiaques. Il s’était installé à Saly. Et on filait le parfait amour. C’était le grand bonheur. Aujourd’hui, il est bloqué en France. Il ne peut plus venir. Depuis son départ, je tire le diable par la queue parce que les activités ne marchent plus avec un secteur du tourisme qui a du plomb dans l’aile. Je me débrouille toute seule pour vivre. Je suis au fond du gouffre. On vit avec l’espoir que le Covid-19 disparaîtra et qu’il va me revenir un jour sain et sauf.»
IBOU DIENG, COMMERÇANT
«Mon épouse et moi, chacun de nous nourrit des suspicions …»
«J’ai 35 ans. Je vends des œuvres d’art à Saly. J’ai une épouse française qui a 50 ans. Notre relation dure depuis 2 ans 6 mois. Je l’ai connue dans le milieu du tourisme. La pandémie a affecté notre relation. On gère une relation à distance. Et c’est assez difficile de gérer ces failles. Chacun de nous nourrit des suspicions, même si ce n’est pas fondé. Je ne sais pas ce qu’elle est en train de faire en France. Elle aussi s’interroge sur ma vie au Sénégal. Et cela peut aboutir à un divorce parce que la confiance mutuelle a commencé à s’effriter. Elle venait au Sénégal presque tous les 3 mois. Depuis le début de la pandémie, elle est bloquée en France. Et on ne peut plus se contenter d’appels vidéos. Avec la distance, il n’y a pas de chaleurs humaines. Je m’étais habituée à elle parce qu’elle venait régulièrement au Sénégal. Certains pensent que c’est une relation basée sur l’intérêt, parce qu’elle est plus âgée que moi. Je ne dirai pas le contraire. C’est elle qui a voulu vivre avec un jeune qui peut être son fils. Elle me soutenait beaucoup. Mais depuis la maladie, elle ne me soutient plus. Elle a toujours un prétexte à chaque fois que je la sollicite. J’ai des difficultés pour honorer mes locations et mes factures. Je suis bousculé par mes créanciers. On souffre de la fermeture des frontières. On ne sait pas jusqu’à quand cela va durer. Le Sénégal et la France doivent cesser ce tiraillement. Le tourisme se meurt. Cette situation a fini par déchirer plusieurs couples.»
PROFIL– KARIM DIALLO
Un «K» critique et désespéré
Vendeur de poissons grillés à Saly, Karim Diallo est un cas désespéré.
Agé de 45 ans, marié à deux épouses, le quadragénaire mène une vie de misère à Saly Portudal. Dreadlocks qui lui arrivent au bas du cou, il tire sur tout. La première de ses épouses vit en France et la seconde une Sénégalaise, avec lui en France. Il a une fille âgée de 18 ans avec son épouse française, Laurel. «On s’est mariée à l’ambassade de France en 1999. J’ai vécu en France avec elle. J’ai quitté la France le 15 avril 2005, pour venir passer 15 jours au Sénégal. Je devais me rendre à Kidira pour voir ma famille», indique-t-il. Malheureusement, Karim Diallo sera pris dans le piège de la drogue dure à Saly. «Je suis devenu à moitié toxicomane. J’avais perdu toutes mes valeurs et mes capacités humaines. Dans le secteur du tourisme, il y a la face de l’ange et celle du démon. Moi, j’ai été embarqué par le diable. Je ne pensais plus à rentrer. J’ai été détruit par la drogue. J’ai tout perdu. J’ai été lâché. Personne ne m’a aidé», signale-t-il. Karim Diallo a des souvenirs tantôt joyeux tantôt douloureux de son existence en France. «En France, je travaillais comme un chien. J’ai fait 8 pays en Europe», confie-t-il. Coincé au Sénégal depuis toujours, la pandémie ne lui facilite pas les choses. «Au Sénégal, on a un tourisme transparent en faveur des Européens. Mais rien n’est fait pour les nègres. Je suis bloqué au Sénégal. Et j’ai commencé à souffrir bien avant le Covid parce que les aides touristiques vont dans le mauvais sens», déplore-t-il. Karim qui est souvent en contact avec son épouse française soupçonne même qu’elle soit dans une autre relation. «Cela ne va pas trop. Ma fille me demande quand je vais rentrer en France. Dans ce pays, ils ont créé le divorce en absence. Depuis 14 ans, je suis là et je crie. Je ne sais même pas la situation matrimoniale de ma conjointe. Parce qu’elle ne m’a pas demandé le divorce. Mais apparemment, elle vit avec quelqu’un d’autre», confie-t-il. Karim Diallo qui tire le diable par la queue a loué une chambre à 25 000 FCfa qu’il peine à payer à la fin du mois. «J’y loge avec mon épouse Sénégalaise et mes enfants. Avec le Covid-19, rien ne marche. Je vends des poissons grillés pour nourrir ma famille. Les Etats sont en train de créer des macchabées. On marche dans les rues mais on est tous mort.»
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