Rocambolesque cette affaire d'escroquerie jugée hier et au centre de laquelle un étudiant de 3e année de médecine à l'Ucad est installé. Même si le conseiller de la partie civile pense que l'argumentaire de l'étudiant est fallacieux, ce dernier dit avoir été envoûté par un charlatan fantôme qui lui a fait soutirer de l'argent à sa tante, jusqu'à hauteur de 7 millions de francs.
Au moment où tous ses camarades sont dans les Facultés, Mamadou Bamba Mboup, étudiant en 3e année de médecine, croupit en prison. Et il faut dire que si le tribunal suit la logique du parquet qui a requis à son encontre une peine d'un an, dont 6 mois ferme, il risque tout bonnement de rater son année universitaire. En tout cas, si l'on se fie à la version de l'étudiant qui, selon le conseiller de la partie civile, est une histoire à dormir debout, tout a débuté un soir, alors qu'il était en train de réviser au Rectorat. Concentré sur ses leçons, Mamadou Bamba Mboup soutient qu'à un certain moment, sa quiétude a été troublée par un inconnu qui s'est présenté à lui. Et après les salutations d'usage, raconte le jeune étudiant, l'inconnu à qui il ne s'est pas présenté et qu'il ne connaît ni d'Adam ni d’Eve, lui a fait des révélations fracassantes, en commençant par lui donner les noms exacts de ses parents. Alors qu'il n'était pas encore revenu de sa surprise, ce dernier lui dira qu'il avait été victime de maladies dans sa jeunesse et qu'il traînait même une blessure au pied. Ce qui était la stricte vérité, selon l'étudiant, qui soutient avoir cru sur le champ à tout ce que lui disait l'inconnu. C'est ainsi, raconte toujours l'étudiant, que l'inconnu lui donnera une eau bénite avec laquelle il devait se laver pour se départir à jamais de sa maladie. Prenant pour argent comptant tout ce que lui disait ce dernier, l’étudiant a souligné que l'inconnu, qui s'est par la suite présenté sous le nom de El Hadji Abdoulaye Ba, avait commencé à lui demander de l'argent. Ciblant sa tante Aminata Dieng, qui lui venait souvent en aide financièrement, l'étudiant a signalé à la barre que lors de la première opération, le charlatan lui a suggéré de demander 400 000 francs Cfa à sa tante, puis 200 000 francs le lendemain et 10 jours après 1 100 000 francs. La dame qui était sans doute également envoûtée décaissait l'argent sans problème pour le remettre à son neveu. Et si elle satisfaisait jusque-là aux moindres désirs de l’étudiant, allant même jusqu'à contracter des dettes dans les banques, elle a soumis son neveu à un interrogatoire lorsque ce dernier lui a réclamé la somme de 4 000 000 de francs. Seulement, le charlatan qui semblait être préparé à cela avait remis au préalable à l'étudiant des documents estampillés Organisation mondiale de la santé (Oms). «Si elle te demande, dis-lui que tu as réussi au concours de l'Oms et que tu dois faire certains frais qui te seront remboursés plus tard», lui aurait dit le charlatan. Voyant en l'étudiant un futur grand médecin, la dame soutient qu'elle n'a pas hésité lorsque son neveu lui a demandé ce prêt. Au bout du compte, la dame Aminata Dieng estimait avoir remis au total 7 000 000 de francs à son neveu. Mais elle a fini par se résoudre à porter l'affaire devant la justice. Cependant, Mamadou Bamba Mboup affirmera que c’est seulement 5 500 000 francs qui lui ont été remis par sa tante et que c'est lui-même qui a porté l'argent à El Hadji Abdoulaye Ba, soit à Niary-Tally ou à la Liberté 4. D’après l’étudiant, lorsque l'idée de se confier à sa mère lui est venue, le charlatan qui en a été informé par il ne savait quel moyen, l’a appelé au téléphone sur le champ pour le menacer. «Ah bon, dangay boole, rawaan yi mer nañu te balaa malay ray, damay ray sa yaay ba pare (Ah bon, tu veux me dénoncer. Les génies sont fâchés contre toi. Je vais te tuer, mais avant cela, je vais tuer ta mère)», lui aurait-il dit. Une version à dormir debout, selon Me Alassane Cissé, qui est d’avis que ces explications sont aussi irrationnelles que chimériques. Estimant que la responsabilité du mis en cause restait néanmoins intacte, le conseiller de la partie civile a réclamé un dédommagement de 10 millions de francs. Pour sa part, relevant que le contrat de prêt est établi, Me Mbaye Sène de la défense, qui reconnaît que son client a menti à sa tante pour se faire remettre de l'argent, a d'emblée précisé qu'en droit, le mensonge ne constitue pas une manoeuvre frauduleuse. Convaincu qu'il n'y a pas d'usage de faux nom et de fausse qualité, Me Sène a demandé au tribunal de relaxer son client pour le délit d'escroquerie et de faire application de l'article 457 du Code pénal, en le condamnant à payer à la plaignante la somme due. Le délibéré de cette affaire est attendu le 1er décembre prochain
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