
Les conditions de vie à Dakar ne sont pas faciles pour certains Sénégalais qui habitent en dehors de la capitale, mais qui y exercent une activité quotidienne. Le coût du loyer étant exorbitant, un transitaire que nous avons rencontré préfère, comme bon nombre de nos compatriotes, rentrer chez lui à Mbour. Quotidiennement, il « avale » une centaine de bornes kilométriques, entre sa zone d’habitation et son lieu de travail, malgré les dures conditions de transport.
C’est un exercice auquel l’on ne se soumet pas facilement, tant il requiert de l’énergie et une forte dose de courage. En effet, quitter tôt, vers les coups de 6 heures du matin, en délaissant les chauds draps pour aller affronter la rudesse de la route et rejoindre Dakar la capitale sur une distance de 80 km pour travailler n’est pas donné à n’importe qui. Parcourir une telle distance au moyen d’un véhicule de transport en commun appelé communément « 7 places » est pourtant la souffrance quotidienne qu’endure, depuis plus de cinq ans, le transitaire Baye Ndiaye, en parcourant le trajet Mbour-Dakar.
Les yeux cachés par des lunettes de soleil, le transitaire, dans des phrasées simples, décrit son « calvaire » quotidien. A l’en croire, c’est depuis plus de cinq ans qu’il emprunte le trajet Mbour-Dakar. Les raisons de ce choix s’expliquent, selon lui, par le « souci d’économiser de l’argent afin de préparer ma retraite et mettre ma famille à l’abri du besoin ». A ses débuts d’un jeune travailleur qui venait d’être embauché après un stage de six mois par une société de transit, il a loué une petite chambre au quartier Gueule Tapée. La mensualité était de 35.000 FCfa en sus de ses frais de nourriture et de transport.
Deux fois par mois, dit-il, il allait à Mbour où vit sa famille. Les dépenses mensuelles s’élevaient à plus de 60.000 FCfa. Or, dépenser une telle somme sur un salaire mensuel de 150. 000 FCfa, le jeune transitaire ne pouvait pas se le permettre, même s’il lui arrivait de gagner de l’argent en faisant d’autres transactions dans le port de Dakar. La décision de rentrer chaque jour à Mbour ne sera prise qu’une fois marié. En effet, devant l’ampleur des charges inhérentes au ménage et l’appui qu’il apporte à sa famille, le transitaire va se décider à vivre à Mbour. Pour ce faire, il va prendre un abonnement mensuel auprès des convoyeurs. Il va rallier un groupe d’amis qui ne cessaient de lui demander de rentrer comme eux sur Mbour à la descente.
Le ticket journalier s’élève à 2000 FCfa par jour, ce qui équivaut à 46.000 FCfa, si l’on déduit les 4 samedis et 4 dimanches du mois. Baye Ndiaye dit ainsi économiser de l’argent, car les seules charges se résument désormais à payer son transport et le manger à Dakar. Mieux, cela lui a permis d’avoir des économies assez substantielles et d’entamer les travaux de construction de sa maison sise sur la route de Malicounda. Il est loin de regretter son choix. Certes, est-il difficile de se lever tôt et de ne rentrer que vers 21heures. Mais, le choix est bon, car ce sont mes économies qui m’ont permis de réaliser le rêve de tout père de famille : posséder un toit ».
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