
Sur 72 rapports sur le blanchiment d’argent transmis au procureur de la République par la Cellule nationale de traitement de l’information financière (Centif), seuls trois (de lampistes) ont fait l’objet de jugement. Il s’agit des dossiers concernant le Nigérian John Obi, celui mettant en cause l’épouse guinéenne d’un consul et celui dans lequel sont impliqués deux fils du marabout politicien Ahmed Khalifa Niasse. Pis, le Sénégal est sur le point de modifier l’article 29 de la loi sur le blanchiment d’argent pour donner au Parquet la prérogative d’apprécier les dossiers avant leur transmission au juge d’instruction.
Malgré tous ces faits qui tendent à asseoir la thèse de l’impunité, Me Ousmane Ngom, ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, clame que «le gouvernement du Sénégal a montré, de façon claire et nette, sa ferme volonté de lutter contre le blanchiment de l’argent sale, d’où qu’il vienne». S’exprimant, hier, à l’occasion de la 15e plénière du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba), M. Ngom soutient : «Dans les Etats de droit, il y a ce qu’on appelle le principe de la présomption d’innocence. Il n’y a pas de présomption de culpabilité. Ce n’est parce que quelqu’un est soupçonné qu’il est forcément coupable à la fin. S’il n’y a pas d’indices au bout des investigations qui ont été minutieusement menées, le dossier est classé sans suite. En revanche, s’il y a des indices concordants et constants, le dossier est poursuivi jusqu’à son terme, c'est-à-dire jusqu’au jugement. Et c’est ce qui est le cas pour plusieurs dossiers. Il y a eu des procédures qui ont été initiées, des condamnations qui ont eu lieu. Mais il y a eu également des dossiers qui ont été classés sans suite parce qu’il n’y avait pas d’indices suffisants».
Pour lui, la meilleure illustration de la volonté du pays de lutter contre le blanchiment d’argent, c’est «le cadre juridique et légal qui a été mis en place avec la Cellule nationale de traitement de l’information financière (Centif), c’est l’acceptation, par le gouvernement du Sénégal, d’abriter l’institution ouest-africaine qu’est le Giaba». Mieux, le ministre de l’Intérieur ajoute que depuis la mise en place de la Centif, «beaucoup de chemin a été parcouru. Beaucoup de trafiquants ont été interpellés, beaucoup ont été jugés et condamnés, et beaucoup de dossiers sont en cours de traitement au niveau des institutions judiciaires de notre pays».
0 Commentaires
Participer à la Discussion