
L’oncle du coureur décédé tragiquement en 2009, sous l’effet de médicaments dans un hôtel au Sénégal, explique pourquoi il a décidé de raconter le drame qui a emporté Frank dans « La saga Vandenbroucke » (Editions Roularta).
Jean-Luc Vandenbroucke, pourquoi ce livre ?
Mes trophées étaient dans un garage chez mes beaux-parents, mes photos dans des boîtes dans des combles. Rien n’avait été écrit sur ma carrière. Pascal Sergent, avec qui j’ai fait le livre, m’a proposé de combler ce manque. C’est comme ça qu’est née « La saga Vandenbroucke, 50 ans de cyclisme ». Ce sont des anecdotes et des larmes sur les différents Vandenbroucke qui ont été cyclistes.
Comment vous est venu le virus du vélo ?
C’est avec mon frère Jean-Jacques. Mes parents aimaient le vélo, ils nous emmenaient voir les classiques de la région Gand-Wenegem, le Tour des Flandres. J’avais 6 ans, je suivais mon frère dans les courses. Mon père ne voulait pas que je devienne coureur mais quand il est mort, ça a tout changé. Jean-Jacques, qui était passé pro en 1970, a arrêté au bout d’un mois pour devenir tuteur de mon frère jumeau et de moi. Après le décès de notre père, je me suis lancé tête baissée dans le vélo.
Ce livre n’est-il pas aussi l’occasion de libérer votre parole après le décès de Frank, votre neveu ?
Cet ouvrage doit servir de réflexion. Frank comme moi étions doués. Mais ça ne suffit pas, une carrière de cycliste est semée d’embûches. Frank avait avec son père et son oncle les meilleurs conseillers possibles. Mais après ses victoires en 1999 dans Liège-Bastogne-Liège et dans la Vuelta, il a commencé sa descente aux enfers. Il était devenu accro à des médicaments pour faire la fête la nuit, c’était devenu un malade. On n’avait pas de solution.
« Un jeune coureur doit garder les pieds sur terre »
Le drame de sa mort au Sénégal aurait-il pu être évité ?
Quand il est parti au Sénégal, on appréhendait cette nouvelle. Il avait eu quatre accidents de voiture ! Ça voulait dire qu’il était sous médicament. Avec son papa, on se parlait très souvent, mais à la fin je n’osais plus lui poser de questions, jusqu’au jour où il m’a appelé en disant : « Jean-Luc tiens toi bien, Frank est mort au Sénégal. »
Après la mort de Frank n’avez-vous pas pensé quitter le milieu du vélo ?
Le cyclisme, c’est ma vie, mon frère et moi sommes des passionnés. Fallait-il tout quitter même si on a été touchés de plein fouet par ce drame ? En dehors de mes interventions dans les médias belges, je suis entraîneur et j’organise des courses. Ce livre doit servir de réflexion parce qu’au travers de cet ouvrage il n’y a pas que des chiffres et des victoires, il y a une vie derrière, ces 50 années de vélo avec ses joies et ses drames. Pourquoi un cycliste talentueux va-t-il mourir en Afrique ? Ça veut dire qu’un jeune coureur doit garder les pieds sur terre, gérer les victoires, les fortunes. Le talent ne suffit pas.
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