
Mais une fois à l’aéroport Senghor, je me suis présenté avec un passeport gambien. Les policiers qui étaient visiblement à l’affut ont demandé à fouiller mes bagages et y ont trouvé 3 passeports diplomatiques de trois pays africains différents. Ce qui était tout à fait normal pour un conseiller des présidents de ces pays. Mais, les policiers n’ont rien voulu entendre, ils m’ont obligé à retourner en Gambie. J’ai été obligé de revenir avec des papiers sénégalais », déclare le « mercenaire » à Week-end Magazine, qui lui consacre plusieurs pages. Car Samuel en est un vrai.
Il a traîné sa silhouette dans de nombreux palais d’Afrique : conseiller au Zaïre du temps de Mobutu, au Gabon avec Oumar Bongo, mais également chez Yahya Jammeh, au lendemain du coup d’état militaire. Avec des épisodes parfois douloureux, comme son passage pendant quelques jours en prison, au début de l’alternance. Retour à l’ordre normal des choses. Quand Clédor Sène et sa bande sont libérés de prison et amnistiés, Samuel Sarr fait une montée en puissance fulgurante. Il est propulsé directeur général de la Senelec. Une juste récompense ? Uniquement pour Wade.
Les Sénégalais n’ont jamais pu l’adopter, et tout le monde lui attribuera la longue crise qui frappe le secteur de l’Energie. « La vérité dans cette affaire, c’est que Samuel Sarr était à la fois directeur de la Sénélec et fournisseur de fuel de la boite », explique un cadre de la Sénélec. Des accusations balayées d’un revers de main par l’ancien directeur de la Sénélec. « C’est vrai que j’ai beaucoup d’affaires qui tournent au Sénégal mais, depuis ma première fonction de Directeur de la Sénélec en 2003, j’ai mis une croix sur la Sénélec », précise-t-il. Mais qui va le croire ? Alors que tout le monde réclame sa démission, le chef de cabinet du président de la République, son ancien camarade de cellule, prend sa défense.
« Sans lui, le Sénégal serait encore aujourd’hui dans le noir, il est arrivé des moments où il a sorti le pays de situations extrêmement compliquées », témoigne Pape Samba Mboup. « Il est aussi le seul ministre qui voyage à ses propres frais, paie ses propres lignes téléphoniques, son chauffeur et son garde du corps. Le président Wade est conscient de son utilité, il le considère comme son fils et sait très honnêtement ce qu’il vaut », ajoute-t-il. Sa démission a été annoncée par la presse, puis reportée.
Mais il faut avoir une foi inébranlable pour défier à ce point le mécontentement des sénégalais. Samuel Sarr ne partira pas. Il est allé chercher les raisons de rester auprès de Serigne Saliou. « Après ma démission de la Sénélec en 2006, Serigne Saliou m’a sommé de retourner travailler auprès de Me Wade. Et depuis, j’ai décidé de ne plus jamais démissionner .Mais il arrive des moments où j’en ai vraiment marre… », déclare Samuel l’inusable.
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