DIDIER AWADI S'ATTAQUANT AU REGIME : « Dans une République démocratique bananière, on coupe le courant à Biscuiterie pour alimenter Dieuppeul »

La nuit Natty dread qui a eu lieu vendredi dernier à Biscuiterie a tenu toute ses promesses. Les nombreux reggae men qui se sont déplacés n'ont pas été déçus par les prestations des artistes sénégalais, brésiliens, guadeloupéens. Un spectacle riche en sons et lumières a tenu en haleine les spectateurs. 

Le passage sur scène d'un des précurseurs du mouvement Hip Hop sénégalais, Didier Awadi, aura marqué les esprits. Le fait d'avoir été choisi parmi ses pairs pour les représenter au Festival, avec des rumeurs de beaucoup d'argent empoché, ne lui a pas fait perdre sa virulence. À travers son morceau «Présidents d'Afrique», il a dénoncé les coups d'État institutionnels en Afrique, la mal-gouvernance, le pillage des ressources. Une minute de silence a été même observée en l'honneur des Ivoiriens décédés aux cours des affrontements ayant opposé la semaine dernière les partisans d'Alassane Ouattara aux militaires fidèles à Laurent Gbagbo. 

Le pouvoir libéral n'a pas échappé au discours de Awadi. Exprimant son mécontentement sur les coupures intempestives d'électricité qui continuent de hanter le sommeil des populations, il déclare : «Dans une République démocratique bananière, on coupe le courant à Biscuiterie pour alimenter Dieuppeul». Selon lui, la République démocratique bananière, «c'est ce dirigeant qui sait que son peuple a besoin d'un espace pour jouer et leur construit un casino. C'est aussi le dirigeant qui sait que son peuple a besoin de plage et leur amène les inondations». Il précise : «Ce message s'adresse à tous ceux qui nous gouvernent, à tous ceux qui aspirent à nous gouverner. À bon entendeur salut». 

Ce discours virulent à l'endroit des présidents d'Afrique n'est pas tombé dans des oreilles de sourds. Les mélomanes, touchés au plus profond d'eux-mêmes, scandaient «Woy ! Woy !». 

Le groupe «Rappin Hood» du Brésil a aussi ravi le public, alliant la «Samba» et «le reggae». Sans faire le procès de qui que ce soit, il a surtout mis l'accent sur «l'Unité africaine». 

L'apothéose a été le passage du groupe «Tiwony» de la Guadeloupe. Le public, dans tous états, dansait aux rythmes endiablés du «raga». Tout cela, sous l'oeil vigilant de la sécurité. La gendarmerie, appuyée par des éléments de la sécurité, filtraient les entrées et sorties.