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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Gestion des alliances, inondations, délestages, crises dans l’éducation et la santé, audits,… : Macky Sall sous Etat d’urgence

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Gestion des alliances, inondations, délestages, crises dans l’éducation et la santé, audits,… : Macky Sall sous Etat d’urgence

Ce n’est pas succomber à un «anti-républicanisme primaire» que de formuler reproches, critiques et mises en garde à l’endroit du régime actuel qui se fait progressivement prisonnier d’une sorte d’angélisme béat au point de brader les principaux leviers du pouvoir à ses alliés tout en jouant à la prudence voire à la condescendance vis-à-vis de ce que certains responsables de l’Apr considèrent, comme pour justifier la transhumance, le flanc vertueux du Pds. Or, tout nous renvoie aujourd’hui à une détestable impression du primat des enjeux politiques, voire politiciens, sur le règlement des urgences duquel dépend l’état de grâce du Président Macky Sall. Débat…

Les leaders politiques l’avaient seriné sous tous les toits, comme une martingale. Comme un mantra politico-électoral : l’ère des messies est à jamais révolue. Admettons ! Par contre, l’ère des génies politiques est, elle, encore et toujours d’actualité. Il faut bien, surtout dans nos Etats et pays englués dans la malgouvernance depuis plus d’un demi-siècle après l’in­dé­pendance, des hommes politiques enfin capables de s’emparer des problèmes non résolus de cette époque à nos jours, d’avoir l’audace et la pugnacité d’en bouleverser les données, de les changer fondamentalement. C’est cela avoir du génie et cela qui est réclamé fortement de la génération postindépendance comme Macky Sall au pouvoir pour illustrer la clôture et la forclusion du cycle senghorien que Wade avait fini d’incarner et de symboliser. 

Le Président Macky Sall et son régime qui incarnent la deuxième alternance après celle gauchie et trahie par Wade semblent pourtant manquer encore de cette étincelle de génie politique qui postule et préfigure l’audace des ruptures profondes et hardies, comme l’atteste une sorte d’indolence agaçante pour faire face aux urgences sur lesquelles le candidat du Yoonu Yokkute s’était engagé. Or, aujourd’hui, ce n’est point les engagements du candidat qui sont le pire, mais le sentiment de plus en plus grandissant chez les Sé­né­galais d’engagements en voie d’être trahis. On a beau répertorié et recensé les limites, les erreurs et les errements de l’ancien régime, éructer les surprises devant l’a­bîme et l’abysse des lourds héritages reçus, s’étrangler de rage face à la dévastation du champ social et économique légué, s’en contenter confine à une reconnaissance voire à une légitimation de l’impréparation. Ce qui est impardonnable voi­re inexcusable face à des Sé­né­galais qu’on avait incités, dans l’euphorie d’un combat contre un régime wadien impopulaire, à espérer des solutions imminentes, à s’attendre à des ruptures dont certaines ne seront point inscrites dans la durée.  Et cette situation est de l’unique responsabilité du Président Macky Sall. En effet, si ses alliés et autres conviés à la gestion de l’Etat seront comptables, lui seul sera responsable. On connaît, sous ce rapport la célèbre devise de Guy Mollet : «Quand on est à la première place, on assume.» 

 

PRAGMATISME PRUDENTIEL ET URGENCES

Or, pour dire vrai, c’est l’actualité, sous son urgente brutalité matérialisée par la face hideuse et insupportable des inondations et des délestages, qui a semblé acculer le gouvernement du Premier ministre Abdoul Mbaye, à un agenda auquel ce dernier, en tant que chef d’orchestre, n’était pas politiquement préparé, parce que n’ayant pas été au cœur des luttes qui ont balisé le chemin de l’accession de Macky Sall au pouvoir. Un autre plus imprégné et plus impliqué dans les combats d’avant mars 2012 aurait vite compris qu’il serait pris à la gorge par les urgences liées aux inondations qui pointaient à l’horizon, par l’impérieuse nécessité d’apporter des solutions aux délestages que les méthodes de Wade-fils, Karim, avaient plus différés que vraiment résolus pour le long terme, par l’exigence de sauvetage de la crise scolaire. Ces urgences-là sont plus consubstantielles à l’état de grâce du régime du Président Macky Sall que le processus et procédure des réformes, certes nécessairement, mais pas forcément à court terme des résolutions postulées par les As­sises nationales. A la limite, ils ne sont pas du même registre que le combat contre les enrichissements illicites et soustractions des deniers publics honteusement opérés par les prédateurs de l’ancien régime, qui continuent d’exhiber leur arrogance de parvenus. Aucun pragmatisme prudentiel ne peut résister ou oblitérer les urgences sociales et économiques réclamées par le Peuple sénégalais qui avait, pour cette raison, expédié Wade et son régime pour avoir négligé ses problèmes de vie et de survie au profit de lubies liées à des prestiges et des prestances personnels. 

Macky Sall et son gouvernement ne seront jugés prioritairement que sur la pertinence, l’efficacité et l’efficience des solutions aux questions d’emplois nouveaux à créer pour une jeunesse dont l’avidité de changement de sa condition d’existence n’a pas encore changé, de remise sur pied du tissu industriel disloqué, de redéploiement de l’économie nationale, de la fin des crises cycliques inhibitrices dans les secteurs de l’énergie, de l’éducation et de la santé. Ces urgences précèdent et conditionnent d’ail­leurs en toute logique le vaste et long chantier des réformes structurelles des institutions refondatrices d’une «Répu­blique abîmée». Macky Sall semble-t-il oublier que, pour lui, comme le disait Jacques Julliard à propos de François Hollande, «l’état de grâce doit aussi être un état d’urgence» (Lire Marianne du 9-15 juin 2012) ? Si comme le prodiguait l’éditorialiste français, «François Hollande doit lever la tête au-dessus du guidon», Macky Sall doit lui aussi regarder au-delà de son volant en prenant ici et maintenant la bonne direction.

 

POUR DE NOUVELLES AUDACES !

Plus qu’une impression, on constate que depuis leur accession au pouvoir, les «Républicains» éprou­­vent du mal à accoucher de leurs cogitations ou plutôt de leurs agitations politiques des idées novatrices, des actions innovantes, en tout cas porteuses de vraies ruptures sur des sujets aussi décisifs que les inondations, la création d’emplois nouveaux, de règlements définitifs des crises dans les secteurs de l’énergie, de l’éducation et de la santé. Cette vacuité-là est justifiée, souvent à tort d’ail­leurs, par certains cercles politiques, comme l’expression d’une absence de compétences, de cadres au sein de l’Alliance pour la République (Apr). Il n’y a rien de plus faux que cet emballage à effet politiquement somnifère. Le Président Macky Sall dispose d’un vaste spectre où puiser des compétences dans et en dehors de son parti, dans une Administration sénégalaise réputée être un réservoir immense d’intelligences. Seu­lement, dans ce pays, on confond compétence et expérience, si bien que l’on se résigne à ne faire appel qu’à des has-been, à des mammouths et autres fossiles politiques ayant brunis sous les harnais de l’immobilisme réfrigérant. Or, en matière de rupture, il vaut mieux parfois faire appel à de nouvelles compétences qui se feront une expérience en portant sur elles l’audace de l’innovation, de la créativité. Elles se tromperont certes, mais avec ce superbe avantage du courage d’inventer un nouveau présent et de postuler un meilleur futur. Et la question fondamentale ici est de la même nature que celle que posait la Grande Royale à propos de l’école étrangère dans L’Aven­ture ambiguë de Cheikh Hamidou Kane : les résultats novateurs qu’apporteront ces nouvelles compétences ne valent-ils pas mieux que les erreurs qu’elles commettront ? Plus prosaïquement, aucun homme n’est né doté d’une expérience. Toute expérience est nécessairement le fruit d’une pratique parfois jalonnée d’erreurs. En cela, on peut, paraphrasant Engels sur la marche de la vérité scientifique dire que l’évolution des hommes politiques «est celle de l’élimination progressive de l’erreur, de son remplacement par une erreur nouvelle, mais de moins en moins absurde». Pour cela, il faut se garder de la position et de la posture de ceux qui réclament la rupture et le changement, mais qui, à chaque fois, qu’un acte de rupture et de changement est posé, convoquent et invoquent le passé pour en faire la comparaison. En réalité, ceux-là veulent que tout bouge pour que rien ne bouge. A titre illustratif, regardez seulement comment certains cercles politico-médiatiques s’abîment à présenter Babacar Diagne, directeur de la Rts en retraite comme le seul génie dans l’art- pourtant désuet- de la télévision à la Prav­da ! Que sans lui, toute notre télévision est dépeuplée ! C’est à l’audace de la rupture, sous le sceau de l’urgence, que le Pré­sident Macky Sall est attendu. Et sera aussi jaugé et jugé, pesé et soupesé.

De la deuxième alternance, l’histoire ne retiendra point les petites querelles sur l’Assemblée nationale et/ou le Sénat, mais surtout la grande querelle qui aura débouché sur le mieux-être des populations.



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