
Selon lui, conformément à la Charte de bonne gouvernance, «ceux qui prétendent être candidat à la candidature doivent démissionner de leur fonction de Secrétaire général de leur parti». Et il rappelle qu'«il faut un programme de transition entre le régime deWade et le nouveau régime à mettre en place». Entretien.
En conférence publique à Paris, Ousmane Tanor Dieng a indiqué que Bennoo doit s'en tenir à son propre agenda et refuser de se laisser imposer le calendrier de Wade. Quel commentaire en faites-vous ?
L'agenda
de Wade, qu'on le veuille ou non, c'est cet agenda qui détermine le
calendrier électoral, par rapport auquel, Bennoo doit se déterminer.
Tout le monde sait que le calendrier républicain est le cadet des soucis
de Wade. Donc, nous ne pouvons pas fermer les yeux sur l'agenda de
Wade, sous prétexte qu'on a un calendrier républicain. Donc, l'agenda de
Bennoo doit s'adapter à l'agenda de Wade, pour qu'à chaque instant,
Bennoo soit en mesure de faire face. Wade peut anticiper les élections,
comme il peut les retarder. Et, dans tous les cas, Bennoo doit être
prêt. Voilà pourquoi, l'agenda de Wade est crucial. Ce serait grave de
dire que l'agenda de Wade n'existe pas, ne nous intéresse pas. Quand
Wade reportait les élections législatives en 2006, l'opposition s'était
adapté. L'opposition n'a pas les moyens politiques d'imposer à Wade un
autre agenda. Aujourd'hui, c'est la même chose. L'opposition, si elle ne
veut pas tenir compte de
l'agenda de Wade, doit, dès
maintenant, établir les forces, pour obliger Wade à respecter le
calendrier républicain. Mais, en dehors de ça, on est obligés, dans ce
que nous faisons, de tenir compte de l'agenda de Wade, pour savoir, si
nous avons la force pour faire face ou si nous n'avons pas cette force,
comment nous adapter.
Le Secrétaire général du Ps a également
brocardé ceux qui avancent que sans la candidature unique, Me Wade va
gagner en 2012...
Vous savez, il a parlé de deux choses. Il a dit
d'éviter le dogme de la candidature unique et le dogme de la candidature
plurielle. La candidature unique ou la candidature plurielle, ce ne
sont pas des dogmes. Des dogmes, ce ne sont pas des convictions
idéologiques. C'est la réalité vécue par les Sénégalais. Ces derniers
ont vécu électoralement deux types d'expérience. Une expérience où les
forces de l'opposition les plus signifiactives sont parties ensemble
avec un candidat unique pour créer les conditions d'imposer une
alternance. Ca, c'est 2000. Et aux Législatives de 2007, aller ensemble
pour faire face a permis aux forces de l'opposition les plus
significatives d'entraîner l'essentiel de l'électorat sénégalais à
boycotter les élections, malgré la participation de plusieurs partis.
Pour les Locales de mars 2009, partout où l'opposition, dans le cadre de
Bennoo, a été ensemble, elle a battu le pouvoir. Partout où
l'oppositionest partie sur des listes plurielles, elle a été battue. La
candidature unique n'est pas du dogme, c'est l'expérience. En février
2007 aux élections présidentielles, il y avait, dans le cadre de la Cpa
(ndlr : Coalition populaire pour l'alternative), un programme commun où
tout le monde était d'accord sur les réformes constitutionnelles et sur
un programme de gouvernement de mandature. Donc, un accord de fond. Et,
malgré tout, ils sont partis dispersés. Ca a permis à Wade de faire son
hold-up électoral et de l'emporter. Donc, candidature plurielle ou
candidature unique, ce n'est pas du domaine du dogme. C'est du domaine
de l'expérience politique réelle. Même si on a un programme unique,
comme c'était le cas avec la Cpa, rien ne dit que ce qui s'est passé en
2007 ne va pas se reproduire avec les problèmes de personnes.
Quelle est donc aujourd'hui la véritable question ?
La question qui
se pose ici est de dire : est-ce que tous ceux qui ont signé la Charte
de bonne gouvernance, leur parole vaut quelque chose ? Talla Sylla en
doute. Il a dit qu'il y a beaucoup de gens dans Bennoo qui ont tourné le
dos aux conclusions des Assises nationales. Talla Sylla accuse des
gens. La Charte de bonne gouvernance a posé un critère fondamental pour
être président de la République. Et les conclusions des Assises ont posé
une démarche fondamentale pa rapport aux changements nécessaires au
Sénégal. La Charte dit que la fonction de président de la République est
incompatible avec les fonctions de Secrétaire général de parti ou de
direction d'organisation politique ou sociale. Donc, celui qui va
exercer la fonction de président de la République, que ce soit dans le
cadre d'une transition ou d'un programme de législature, il ne peut pas
être Secrétaire général d'un parti en même temps. Donc, ceux qui ont
signé la Charte, s'ils ont des ambitions d'être candidat à la
candidature, il faut que, dès maintenant, qu'ils renoncent à leur
fonction de Secrétaire général. Tant qu'ils ne le feront pas et qu'ils
laissent entrevoir qu'ils ont des ambitions d'être candidat, ils donnent
raison à Talla Sylla. La question est claire : tous les Secrétaires
généraux qui prétendent dans leurs partis, en mobilisant leurs ouailles
ou leurs têtes de turc, pour accréditer leur droit à se présenter à la
candidature unique, il faut que, dès maintenant, ils jettent le masque.
Qu'ils disent carrément que, conformément aux dispositions de la Charte
de bonne gouvernance, ils renoncent à être Secrétaire général de leur
parti.
Mais, pourquoi cet appel
aux postulants à la candidature unique de Bennoo ?
Parce
que, c'est l'erreur que le pôle de gauche avait commis en 2000 avec
Wade. La Constitution du Sénégal héritée de Abdou Diouf interdisait ce
cumul, quoique Diouf le faisait. Un parti comme le Rnd, c'était son
cheval de bataille. Le programme du pôle de gauche que Wade avait signé
disait carrément que ce cumul-là est interdit. Le pôle de gauche a
commis l'erreur, en acceptant la candidature de Wade, de ne pas lui
avoir imposé de renoncer à être le Secrétaire général de son parti.
Quand il a été élu, quand le Pit lui a dit de respecter la Constitution,
en démissionnant de la tête de son parti, il a refusé. Il a demandé
qu'on lui donne le temps d'organiser son congrès pour se faire
remplacer. Jusqu'à présent, son congrès n'a pas été tenu. Voilà pourquoi
cette fois-ci, nous disons que ceux qui prétendent être candidat à la
candidature, disent, dès maintenant, qu'ils démissionnent de leur
fonction de Secrétaire
général de leur parti. Et que
pour ça, ils vont prendre des dispositions pour convoquer leur congrès.
Il faut que, dès maintenant, le jeu soit clair. Nous ne pouvons plus
accepter de faire la même erreur. Cette question doit être vidée. Et le
séminaire du 17 juillet prochain doit être l'occasion pour régler la
question, une bonne fois pour toute.
Et
le programme de transition suggéré par les conclusions des Assises
nationales ?
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