
Le ministre de l’Enseignement préscolaire, élémentaire, moyen, secondaire et des Langues nationales a révélé, hier, que malgré d’’importants moyens mobilisés depuis toujours par les autorités (plus de 25 milliards depuis 1996), le sous-secteur de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle reste marqué par un taux d’analphabétisme encore élevé (57 %, avec de fortes disparités entre les régions) et par un effritement progressif de la crédibilité du sous-secteur’. Dans cet état de fait fâcheux, Kalidou Diallo engage au premier chef la responsabilité des ‘opérateurs en alphabétisation véreux’. ‘Les opérateurs ont une grande part de responsabilité dans cette situation qui fait que le Sénégal est loin du compte en matière de lutte contre l’analphabétisme’, ajoute-t-il. Pour lui, il n’y a ‘pas d’impact réel et visible des programmes d’alphabétisation sur le développement du pays’, en dépit du fait que, selon le ministre de l’Education, ‘des sept sous-programmes du Pdef, le non formel est le seul où l’Etat a délégué la mise en œuvre aux acteurs privés, dénommés opérateurs’. A titre illustratif, Kalidou Diallo a pris exemple du projet ‘Education qualité pour tous’ phase 2 (Eqpt2) qui va de 2007 à 2010 et qui bénéficie de 1,875 milliard de la Banque mondiale.
A en croire le ministre de l’Enseignement préscolaire, élémentaire, moyen, secondaire et des Langues nationales, l’analyse des rapports a fait ressortir des détournements de deniers publics par certains opérateurs qui n’ont pas du tout respecté leurs engagements. ‘Sur cette enveloppe (de la Banque mondiale, Ndlr) le 1, 5 milliard va aux opérateurs. Chacun a reçu 25 millions dont deux millions en appui institutionnel, mais sur les 55 opérateurs seuls 15 ont respecté leurs engagements. Six ont été poursuivis pour détournement de deniers publics, tandis que les autres ont remboursé’. A cela s’ajoutent trop de manquements comme le non paiement des salaires des moniteurs, le détournement des appuis destinés aux activités génératrices de revenus, l’absence de matériels didactiques, entre autres. Par ailleurs, sur le plan pédagogique et technique, des dysfonctionnements ont été aussi soulignés dans les rapports. Il s’agit, entre autres, d’un déficit horaire général, des approches didactiques inadaptées, de la désaffection des bénéficiaires.
Autant de griefs qui ont amené le ministre en charge de la question de l’alphabétisation de faire un changement d’orientation dans la gestion du secteur en y amenant plus de cohérence, de rationalité et d’efficience, en vue de contribuer ainsi à l’atteinte des Omd d’ici 2015. Ainsi, pour la mise en œuvre des programmes de 2010 qui sont financés à hauteur de 750 millions à partir du Budget consolidé d’investissement (Bci) 2010, Kalidou Diallo a pris la décision d’exclure ‘tous les opérateurs qui ont un contentieux’, histoire ‘d’assainir’ le secteur, selon son expression. Les opérateurs qui seront éligibles pour conduire les programmes d’alphabétisation de 2010 auront une subvention de 22 millions 737 mille francs pour un sous-projet de 10 classes.
L’opérateur bénéficiera, également, d’honoraires pour sa prestation de services à hauteur de 2 millions de francs remis au début et à la clôture du programme. En tout, c’est une enveloppe de 500 millions qui sera remise aux opérateurs dans le cadre de la stratégie du ‘faire faire’, tandis que l’innovation c’est que 150 classes d’alphabétisation seront données aux instituteurs qui acceptent de faire des heures supplémentaires en alphabétisant les populations et 125 autres aux volontaires du Crepa. Et pour éviter les difficultés de gestion constatées sur le terrain, les inspecteurs départementaux de l’éduction et les inspecteurs d’académie seront mis à contribution pour assurer le suivi quotidien et la vérification des informations fournies par les opérateurs en alphabétisation avant tout décaissement.
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