Linguère : pour retards dans le paiement des salaires des enseignants, les écoles paralysées

L’espace scolaire renoue avec les débrayages des enseignants. Professeurs contractuels, vacataires, volontaires de l’éducation et maîtres contractuels ont encore déserté les salles de cours pour protester contre le retard de paiement de leurs salaires d’octobre.

Constituant respectivement 65% et 75% des personnels enseignants de l’enseignement moyen-secondaire et du cycle fondamental, ces corps émergents qui se voient obligés de "croiser les bras" tous les mois pour le même motif ont quasiment paralysé le secteur éducatif dans la circonscription de Linguère durant cette semaine.

Thierno Diop, responsable de la section Sels de Linguère déplore cette situation et ne cache pas son scepticisme :" Le gouvernement avait pris l’engagement de régler définitivement la lancinante question des salaires qui sont payés au-delà du 10 de chaque mois, en signant une convention avec une banque de la place qui devait nous permettre de percevoir nos salaires d’Octobre dans les délais comme tous les agents de l’Etat et éviter de perturber le fonctionnement des écoles. Mais nous sommes au regret de recourir au débrayage ». Ses collègues des collèges et lycées ont également observé deux à trois jours de débrayage ( lundi, mardi et mercredi ndlr ), avant de reprendre les cours.

Les contractuels, les vacataires et les volontaires se disent déterminés à poursuivre dans la même lancée si la situation ne change pas. Ils avaient massivement souscrit à la démarche du gouvernement de signer une convention avec la banque pour évacuer ce problème récurrent qui fait perdre beaucoup d’heures de travail (jusqu’à une semaine à l’élémentaire). Ibrahima Dabo, maître contractuel, ne décolère pas :" comment admettre que l’Etat trouve les moyens de payer des salaires faramineux à des sénateurs et des députés à ne rien faire et ne puisse pas honorer ses engagements vis-à-vis des enseignants chargés de former les citoyens dont a besoin le pays ?".

Son responsable de section, M. Diop, doute de voir la banque s’engager au regard des informations faisant état des difficultés du gouvernement de faire face à la dette intérieure : " Est-ce que la banque va mettre des centaines de millions par mois et attendre indéfiniment » ? Selon le responsable du Sels les émoluments mensuels du seul département de Linguère sont chiffrés à plus de 90 millions. En considérant l’ensemble du pays, il est fort à craindre que des problèmes de trésorerie surviennent au bout de quelques mois. A leur avis, cela expliquerait les lenteurs qui trahissent les appréhensions de l’institution bancaire partenaire du ministère de l’Education du Sénégal. En tout état de cause, les enseignants ont déposé les dossiers de domiciliation de salaires au niveau de l’Inspection d’Académie et attendent.

Si on ajoute à cette vitale question des salaires payés bien après la fin de mois, le manque de professeurs, les déficits en tables-bancs, salles de cours, en sus du retard de paiement des indemnités de déplacements, des heures supplémentaires et diverses autres indemnités relatives à la gestion de classes multigrades, d’Ecole à classe unique, de cours des écoles franco-arabes, on peut craindre qu’une année scolaire, avec « turbulences zéro » ne soit qu’un vœu pieux.