
L'Inter et Soir Info reviennent sur les conditions posées par cette « figure de proue du régime échu de Laurent Gbagbo » pour comparaitre devant un tribunal ivoirien. A savoir le jugement, à ses côtés, du président Alassane Ouattara et du Premier ministre Guillaume Soro. Des conditions qui prouvent, estime Le Nouveau Réveil , que « Blé Goudé est devenu fou ». L'Intelligent publie lui aussi un large extrait de cette interview.
Une interview avec laquelle, pense le journal abidjanais, Charles Blé Goudé s'est tiré une balle dans le pied. « On le donnait pour mort. On ne savait [pas] où il se trouvait exactement. (...)S'il s'était tu (...), le pouvoir l'aurait peut-être laissé tranquille. Mais en donnant de la voix et en se faisant repérer, Blé Goudé donne du grain à moudre aux radicaux du camp Ouattara ».
Blé Goudé au Ghana ?
La presse ivoirienne s'interroge: où est Charles Blé Goudé ? Le Ghana semble être retenu par la plupart des journaux ivoiriens comme le pays d'exil le plus probable. Le journal Le Jour promet même en Une de révéler où l'ancien ministre a établi son QG.
Mais pour Le Pays , au Burkina Faso, la vraie question est ailleurs : « La question étant de savoir si les pays qui accueillent ces exilés politiques accepteront de les livrer à la justice ivoirienne ». « Cette question a toute son importance au regard de la non-application apparente par bon nombre de pays, de l’interdiction de voyager prise par l’ONU et l’Union européenne ».
Si cette sanction avait été effectivement appliquée, Blé Goudé et d'autres n'auraient pas pu fuir la Côte d’Ivoire. « Des considérations humanitaires ont peut-être prévalu à leur accueil dans les pays où ils cherchaient asile, poursuit Le Pays, mais le constat est [le même]: une sanction internationale n’a pas été appliquée ».
Karim Wade en larmes
On part maintenant au Sénégal, où le fils du président Abdoulaye Wade s'est exprimé dimanche. Il a envoyé aux rédactions du pays - et à RFI - une lettre ouverte, largement publiée ce lundi 4 juillet. Une lettre qui a surpris la presse sénégalaise, car « sur bien des sujets, les Sénégalais l’ont attendu », écrit Le Quotidien à Dakar.
« Mais c’est un mutisme qui frisait une certaine arrogance qui leur a toujours été servi jusqu'ici ». Karim Wade choisit d’intervenir juste après les émeutes qui ont touché le Sénégal. « Il a fallu cet épisode du 23 juin, [ces manifestations monstres], pour décider le fils d’Abdoulaye Wade à rompre le silence et à situer le peuple sénégalais sur ses réelles « intentions » », note Liberté au Togo. « L’a-t-il fait de bon cœur ou y a-t-il été contraint par les laborantins du Parti démocratique sénégalais qui cherchent à sauver le peu de crédit qu’il leur reste encore? » Le journal s'interroge.
Gonflé !
Les commentaires sur le contenu de cette lettre, où le fils d'Abdoulaye Wade se dit victime d'un acharnement, sont plutôt acerbes. « On découvre un Karim Wade respectueux des principes démocratiques, attaché à la dévolution du pouvoir par les urnes et non par le droit de sang et farouche défenseur de la « méritocratie » », s'étonne toujours Liberté au Togo, qui évoque les sérieux doutes de la population sénégalaise quant à la sincérité de Karim Wade. « Il est gonflé ce fils de... » titre pour sa part un éditorialiste du journal Le Quotidien , à Dakar.
Karim Wade est d'ailleurs caricaturé en Une du journal. Le fils du président apparait, sanglotant, dans une enveloppe remplie de ses larmes. « [Karim] s’est abrité courageusement derrière le silence bavard d’une lettre, juge le quotidien, pour simplement pleurnicher sur son sort et dans un procès de victimisation franchement au ras des pâquerettes, en se débusquant des ennemis et en s’inventant des haineux ».
Ce que Karim Wade oublie de dire, poursuit Le Quotidien, c’est que jamais dans l’histoire du Sénégal, «un fils de Président n’a eu autant de privilèges, de responsabilités» sous le magistère de son père. Des responsabilités et des privilèges dont il n’a pas jusqu’ici prouvé avoir mérités par ses capacités personnelles.(...) «Vous êtes le seul, assène Le Quotidien, à disposer d’un super ministère, vous êtes le seul ministre de ce gouvernement à vous promener en jet privé. Même notre cher Premier ministre ne s’est pas offert ce privilège ».
SudQuotidien , toujours au Sénégal, tape lui moins sur le fils que sur le père. « [Karim] souffre et cela se sent », estime le journal. « C’est (...) Abdoulaye Wade lui-même, qui a attiré l’attention sur [lui] », une « cible facile ». Il lui a « trop donné, l’exposant ainsi à la vindicte, dans un contexte de crispation politique ». Bref, « le difficile statut de 'fils de' », titre le journal ce mardi.
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