La présente campagne de commercialisation de l’arachide semble difficile pour la défunte Société nationale de commercialisation des oléagineux (Sonacos). L’instabilité sociale qui a régné au sein de l’entreprise industrielle de Lyndiane depuis plusieurs jours, comme d’ailleurs un peu partout au niveau des différentes unités dépendantes, ne peut plus permettre la continuation des opérations et la direction de l’entreprise a fini par prendre depuis le Lundi 20 mars dernier, la ferme décision de retourner l’ensemble des gros-porteurs vers leurs points de collecte respectifs en attendant que la situation se décante au sein de leur entreprise.
Les deux grèves déclenchées d’abord par les travailleurs de la Sonacos en riposte à la décision de l’Etat de lever les 15% de taxes à l’importation de l’huile étrangère, et ensuite par les transporteurs qui ont eux aussi conduit une contre- offensive par rapport aux lenteurs enregistrées dans le cadre des opérations du nouveau système carreaux usine, ont miné toutes les opérations de collecte de l’entreprise industrielle de Lyndiane. La direction qui juge inutile de continuer à retenir ces gros-porteurs, a pris en définitive, la décision de les libérer jusqu’à nouvel ordre, le temps d’aller chercher et d’apporter les solutions idoines à la situation.
Les transporteurs en stationnement devant l’entreprise, depuis maintenant trois semaines, ne peuvent accepter une telle décision pour la simple raison qu’ils ne détiennent plus les possibilités de pouvoir se déplacer pour faute de moyens. Durant toute cette longue attente, beaucoup d’entre eux ont déjà épuisé leurs ravitaillements et leurs frais de déplacement, versés pour chaque voyage par le patronat. Dans la matinée d’hier, Mardi 21 Mars, ils étaient à 600 camions et se trouvaient encore postés dans l’enceinte de l’usine, sur toute la longueur de la bretelle menant vers l’intérieur jusqu’à la hauteur de la nationale No1.
Certains parmi leurs chauffeurs, interrogés, ont révélé que jamais ils n’ont vécu un tel calvaire depuis l’ouverture de la première campagne de commercialisation de l’arachide, à l’époque coloniale. Pendant plus d’une vingtaine de jours, ils ont dormi à la belle étoile, tout à fait naturel pour un chauffeur ou un apprenti, mais dans des conditions extrêmement difficiles, avec une restauration qui coûte cher et qui est très limitée en apports nutritifs.
Pour se soulager, nous ont-ils appris, ils se sont retrouvés dans l’obligation d’aller un peu plus dans la nature ou d’aménager provisoirement une petite palissade pour se livrer à leurs besoins naturels. Durant les premières heures de la matinée d’hier, les nerfs étaient moins tendus. Ce n’est qu’en fin de matinée que les chauffeurs et les propriétaires de camions arrivés quelques instants sur les lieux ont durci le ton, car après plusieurs négociations avec la direction, ont-ils révélé, les autorités de l’entreprise sont restées sur leurs positions.
L’alternative qui restait dès lors était de bloquer la circulation sur la Nationale N°1, ce qui a d’ailleurs été fait sans aucune retenue par les transporteurs. Pendant plus de deux heures d’horloge, la libre circulation dans cette partie située à 7 km à l’entrée de la ville de Kaolack, était totalement bloquée, car dès qu’ils ont senti que certains véhicules en provenance de Dakar, Mbour ou Fatick commençaient à les contourner, ils avaient rectifié le tir en fermant la circulation à la hauteur du pont installé à l’entrée du village de Sibassor. Les transporteurs comptent cependant poursuivre leurs actions jusqu’à obtenir gain de cause, mais pour le moment, révèlent-ils, « ils ne bougeront pas d’un centimètre tant que leurs chargements ne soient mis à terre. »
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