
La mise sur pied d’un gouvernement africain, n’est que pur mirage à l’heure actuelle. Et même s’il venait à se réaliser, «on aura un gouvernement qui sera un chapeau qui ne repose sur aucune tête», prévient le philosophe, Souleymane Bachir Diagne.
La constitution d’un gouvernement africain, qui va précéder la création des Etats-unis d’Afrique, relève à l’heure actuelle d’une utopie. C'est la conviction du philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne. «A l’état actuel des choses, on ne peut pas imaginer les États se mettre d’accord sur un gouvernement africain. Ce gouvernement serait une coquille vide. Il gouvernerait quoi ?» s’est-il interrogé hier au cours d'une table ronde qu'il animait à l’Ucad II, sur «l’exode des cerveaux», rentrant dans le cadre du Festival mondial des arts nègres. «On n'a pas encore des mécanismes pour faire en sorte que nos politiques extérieures soient harmonisées. Et pour beaucoup d’entre nos pays, nous avons des relations verticales à l’Europe et très peu de relations horizontales entre nous», précise-t-il. Des préalables qu'il va falloir nécessairement assurer. Sans quoi «on aura un gouvernement qui sera un chapeau qui ne repose sur aucune tête», prévient Pr Diagne. C'est pourquoi il qualifie pareille idée de «pure gesticulation».
Selon le philosophe, «nous ne devons pas avoir les impatiences de Kadhafi qui a son propre agenda et sa propre manière de faire». Mieux, souligne-t-il, «au Sénégal, nous avions une démarche pragmatique ; nous devons l’avoir car nous avons vocation à avoir un rôle moteur dans la constitution de ces Etats-unis d’Afrique».
Aussi, «pour la réalisation des Etats-Unis d’Afrique, il serait bon de supprimer les visas. Faire en sorte que les universitaires africains n’aient pas à chercher des visas à l’avance». Dit autrement, il s'agira «que l’Afrique signale que son intelligentsia est une et qu’elle ne saurait connaître de frontières à l’intérieur de l’Afrique».
Concernant justement cette question de l’exode des cerveaux africains vers l’Europe, il dit sans ambages que la tendance n’est pas près de se renverser. Invitant à ne point se voiler la face, il martèle : «il ne faut pas s’obnubiler sur leur présence à l’étranger et penser leur retour prochain. Parce qu’une fois qu’on regarde le mouvement mondial et les flux mondiaux, on sait que le tropisme nord américain en particulier va continuer et que dans les années qui viennent, la tendance ne va pas s’inverser».
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