
En matière disciplinaire, le Conseil supérieur de la Cour des comptes s'appelle Conseil de discipline et il siège hors la présence du président de la République et du ministre d'Etat, ministre de l'Economie et des Finances. C'est le président de la Cour des comptes qui préside avec le commissaire du droit de la Cour des comptes, les présidents de chambre qui sont au nombre de trois et trois magistrats élus par leurs pairs : un pour les conseillers, un pour les conseillers référendaires et un pour les conseillers maitres. Quant au secrétaire général, il assure le secrétariat de séance. Tout ce beau monde s'est réuni hier à 9 h 30 pour statuer sur le sort du juge Aliou Niane accusé par Cheikh Tidiane Sy de manquements graves à l'obligation de réserve, mais également à l'honneur, à la délicatesse et à la dignité qui caractérise tout magistrat. Cela faisait suite à leur querelle lors des négociations entre l'Union des magistrats du Sénégal et le gouvernement le 23 janvier 2006.
Cheikh Tidiane Sy n'a pas pu convaincre le Conseil de discipline du bien fondé de ses accusations. Il a été débouté parce que le Conseil considère qu'aucune faute n'a été commise par le juge Niane. Une chose qui n'a pas dû lui faire plaisir.
D'après des informations livrées sous le manteau, le juge Niane a remis au conseil un document de réponse salé et poivré en se portant en faux contre les allégations du ministre. Ainsi le juge considère qu'en toute logique, c'est l'Ums qui aurait dû être à sa place au banc des accusés et que sous cet angle, il était en train de commettre un délit d'usurpation de la place de l'Ums devant le Conseil de discipline. Le juge Niane estimera que les magistrats lui doivent le rélèvement de l'indemnité de judicature à 800 000 F Cfa. Par conséquent, il affirme que chaque magistrat, quel que soit son rang, consomme les fruits de son action, fruits que le Garde des Sceaux, selon toujours le juge Niane, a l'ambition, à travers son réquisitoire-accusation, de pourfendre. Et le magistrat de s'interroger sur la personnalité du ministre en rappelant son comportement devant un bureau de vote lors des élections du 25 février.
Cependant, d'après nos sources proches du Conseil de discipline de la Cour des comptes, dans ses réponses, le magistrat Niane a traduit toute sa déception et son amertume de ne pas avoir reçu des lauriers de ses pairs pour son action pour toute la magistrature, mais d'avoir eu le triste honneur d'inaugurer devant l'histoire l'instance disciplinaire de la Cour des comptes. Une chose qui lui a fait se poser la question de savoir ce qui, dans ses faits, paroles et gestes explique qu'il soit le préposé à l'inauguration du chrysanthème disciplinaire de la Cour des comptes.
Cette plaidoirie a dû faire mouche si l'on se refère à la décision de la Cour qui a rejeté purement et simplement la requête de son ministre de tutelle, lequel a récemment réussi à suspendre la notaire Nafissatou Diop Cissé devant une cour semblable. Le magistrat Niane donne l'impression d'en vouloir à certains de ses pairs qui semblent l'avoir lâché au moment où il avait le plus besoin d'eux.
Le ministre de la Justice n'a plus aucun moyen de sanctionner son pire cauchemar Niane, le Conseil de discipline étant son ultime recours.
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