
Malaise dans les couloirs de l'Olympique de Marseille. Jean-Claude Dassier, le nouveau président du club, a-t-il dérapé ? Dans son discours de rentrée, il a expliqué à ses salariés qu'il n'avait pas l'intention d'être «un président la libanaise, ni à l'africaine». Plusieurs témoins ont, depuis, rapportés les propos de l'intéressé, persuadés qu'il s'agit d'une allusion directe à l'ancien président Pape Diouf, débarqué en juin.
«Marseille est une ville métisse, où vivent de nombreux Africains, et l'OM, dont l'équipe elle-même compte de nombreux joueurs africains, est un symbole de ce métissage», a ainsi rapporté l'un des membres du staff du président sous couvert d'anonymat. «Ces propos nous ont choqués», rapporte un autre. «On ne peut imaginer qu'il ne visait pas Pape Diouf [d'origine sénégalaise, ndlr], qui était très respecté», estime encore un salarié.
Dassier : «Cela n'a rien à voir avec le racisme !»
Interrogé mercredi par La Provence, Jean-Claude Dassier s'est expliqué sur le sens de ces propos: «J'ai évoqué des techniques de gouvernement, pour dire précisément que je ne souhaitais pas les appliquer», a-t-il déclaré. «A la libanaise, cela signifie un mode de gouvernement où tout le monde est là, ou chacun s'arrange, et où il ne se décide rien, une sorte de ventre mou de la gouvernance. La technique de gouvernance à l'africaine s'appuie sur un seul homme, qui décide de tout, non démocratique».
«Je veux avoir une technique de présidence faisant en sorte que le sportif, le commercial et la communication travaillent ensemble. Je me situe comme animateur, chef d'orchestre, à l'opposé d'une pratique omnisciente, omnipotente, ou qui ne décide rien», a poursuivi le président de l'OM, tout en reconnaissant que ces propos ont «peut-être été maladroits». «J'ai parlé de méthode de gouvernement, et pas de couleur de peau, cela n'a rien à voir avec le racisme !», a-t-il insisté, se défendant d'avoir visé Pape Diouf. «Je ne l'ai jamais attaqué», et «je lui ai rendu hommage au moins une demi-douzaine de fois».
Diouf : «Des propos ambigus et douteux »
Diouf, lui, a réagi mercredi dans la soirée devant quelques journalistes, s'estimant visé : «J'avais choisi une retraite médiatique depuis trois mois, j'étais disposé à rester dans l'ombre (...) pour ne pas nuire à la succession. Seul devait prévaloir l'intérêt de l'équipe (..). Je me suis tenu à cette règle, mais certaines déclarations me conduisent à sortir prématurément de ma retraite», a-t-il expliqué.
«Lorsque j'ai été mis au courant des propos de Jean-Claude Dassier, a-t-il ajouté, j'ai d'abord été très surpris. Ils sont pour le moins ambigus et douteux et viennent après certaines piques lancées de manière discourtoise. Ses paroles n'avaient pas lieu d'être, je suis profondément heurté».
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