Dakar, 18 jan (APS) - Le juge Kéba Mbaye avoue, dans un ouvrage posthume à paraître, qu'il visait ''toujours'' dans ses adresses au président de la République ''un but précis'', celui d'être en complicité avec les populations, mais ''jamais'' pour faire montre d'érudition et d'éloquence.''Ma préoccupation était de faire partager mes idées par les décideurs de notre pays en recourant au meilleur des complices : la population sénégalaise. Elle l'a d'ailleurs bien compris et a toujours joué son rôle avec une relative efficacité''.
''Je l'avoue; quand je parlais au président de la République, j'avais toujours un but précis. Ce n'était pas un ensemble de mots servis par hasard ou pour faire montre d'érudition et d'éloquence'', écrit-il dans ''Kéba Mbaye. Propos d'un juge'', un recueil de ses allocutions qui sera prochainement mis en vente par les Nouvelles éditions africaines du Sénégal (NEAS).
''Certes, j'en soignais la forme par habitude d'ancien instituteur mais ce n'était pas la préoccupation'', poursuit Kéba Mbaye, décédé jeudi dernier à Dakar à l'âge de 83 ans. Il a assumé plusieurs fonctions dans la haute magistrature sénégalaise, notamment comme président de la Cour suprême et du Conseil constitutionnel.
Il ajoute que la façon dont il abordait les thèmes de ses discours et allocutions prononcées ''à certaines occasions spéciales'', constituait ''chaque fois un message envoyé au gouvernants de même qu'aux autres acteurs de la politique au Sénégal''.
''En même temps'', c'était également une manière ''d'attirer l'attention des citoyens sur leurs droits et sur leur devoir de les connaître et de les défendre'', écrit encore Kéba Mbaye qui fut vice-président de la Cour internationale de justice de La Haye.
Concernant ses rapports avec le président Léopold Sédar Senghor, il révèle qu'à ''plusieurs reprises'', alors qu'il était premier président de la Cour suprême, le poète-président a voulu le nommer ministre, mais il a décliné l'offre, ''avec les mots de courtoisie qu'il fallait''.
''Il faut dire que je n'ai jamais appartenu, même jeune, à un parti politique. Je n'ai jamais milité dans un syndicat'' non plus. ''Si c'est une tare, je l'assume totalement'', explique le défunt juge.
Il rapporte qu'en répondant au président Senghor, il a eu ces mots : ''monsieur le président de la République, vous appréciez peut-être mon travail comme magistrat. Il n'est pas sûr que ce serait le cas si j'étais ministre. D'ailleurs, être ministre requiert des qualités que je n'ai pas et des défauts que je n'ai pas non plus''.
BK/CTN
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