"La clé à la présente crise qui secoue l'Ecole sénégalaise se trouve entre les mains du chef de l'Etat". Cette assertion a été largement partagée par les participants à l'atelier de partage et de renforcement des capacités des reporters, animateurs de Jolof FM et des correspondants locaux de Linguère dans le cadre des activités marquant le premier anniversaire de la radio communautaire de Linguère.
Un panel animé par des journalistes et des professionnels de la craie sur le thème "Communication pour l'Education" a regroupé divers acteurs de la communauté éducative dans la salle de délibérations de la mairie de Linguère.
"Nous n'avons que notre volonté et notre patriotisme! C'est le chef de l'Etat qui détient les moyens de dépasser cette situation ! Nous ne capitulerons pas! La médiation du Chef de l'Etat est impérieuse!" Ce sont les propos martelés par M. Mamadou Diop, le secrétaire général de l'Union Démocratique des Enseignants du Sénégal (Udes). Le responsable des enseignants en lutte répondait ainsi à des interpellations des participants qui ont massivement et très attentivement suivi sa communication sur "La prévention et la gestion des crises scolaires". Dans son intervention, le syndicaliste a apporté des éclairages sur les différentes étapes de la lutte que les enseignants ont engagée pour la défense de l'Ecole, des enseignants. Il fera noter que parmi les facteurs qui gangrènent le secteur et aggravent la situation, figurent le non respect des accords, l'absence de suivi et de dialogue social voire l'instabilité institutionnelle qui caractérise le Sénégal. Selon l'animateur, le changement à la tête des départements ministériels impliqués dans la gestion des carrières et des dossiers et la multiplicité des foyers de tension et des interlocuteurs, constituent des facteurs de blocage qui aboutissent à un pourrissement, comme l'a souligné un directeur d'Ecole de la communauté rurale de Warkhokh. Pour illustrer, il soutient que les autorités gouvernementales avaient tout le temps de se pencher sur les plate-formes revendicatives dès le dépôt des préavis de grève par les organisations syndicales(en décembre 2005 pour l'Uden), comme le comité de suivi sur les questions pédagogiques et de carrières consignées dans le protocole de 2003 n'est pas encore mis en place, et la subversion entretenue par certaines organisations d'enseignants avec la "complicité" du gouvernement relativement à la question des passerelles, des parcelles pour l'accès au logement ; l'application effective des résultats des élections de représentativité des centrales et syndicats et la tenue régulière de ces élections peuvent aider à contourner les difficultés qui résultent de la multiplicité des interlocuteurs du gouvernement. Dans certains pays comme le Bénin, le Burkina Faso, seules cinq centrales sont à la Bourse du Travail et discutent directement avec les employeurs en cas de conflit, ou pour les prévenir; le comité national pour le dialogue social ne joue pas pleinement son rôle et la médiation sociale souffre de la non-observance de ses recommandations.
En termes de prévention et de gestion des conflits, les communications sur la décentralisation de l'éducation et la couverture de l'Ecole ont permis à l'inspecteur Matar Ndiaye et aux journalistes Mamadou Mika LOM et Massamba Thiane, de montrer que des textes législatifs réglementaires existent, qui balisent la voie afin que tout le monde soit mis à contribution de manière opportune pour résorber les crises, les prévenir à tous les échelons.
Dans ce processus, les professionnels des médias et de la craie, d'une part, les décideurs locaux et nationaux, les autres partenaires comme les syndicats et la société civile d'autre part, doivent "communiquer, dialoguer" car en définitive, tout le monde n'a pas la même compréhension des enjeux et des défis, ni même l'information pertinente qui autorise à mettre en place des stratégies et des mécanismes de traitement des questions cruciales qui agitent le monde de l'Education. Les journalistes ont une responsabilité particulière dans le traitement de l'information sur l'école qui souffre de déséquilibre, d'impertinence, d'absence de profondeur dans les analyses. Les médias doivent aider à sensibiliser, faire comprendre, développer des plaidoyers, surveiller le respect des engagements pris par les différents protagonistes, dénoncer au besoin les manquements à la bonne gouvernance. "Il est attendu des journalistes des analyses pertinentes, rigoureuses car la presse est un organe d'alerte du public", a dit en substance le coordonnateur du réseau des journalistes de l'education, Mammadou Mika Lom de Sud Quotidien. Pour ce faire, il faut se documenter, chercher la bonne information dans le respect scrupuleux des principes de l'éthique et de la déontologie du journalisme et de la communication sociale, a dit Massamba Thiane.
Les reporters de Joof Fm, les correspondants de presse de la RTS, de Sud Quotidien, du Soleil, de DissoFm, de Walf, ont également eu droit aux interventions de qualité des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs que sont les parents d'élèves, les syndicalistes et les professionnels de la craie dont les contributions, les critiques et les interpellations, les inciteront à mieux couvrir la situation de l'Ecole.
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