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Ben Laden, le jihadiste qui a fait trembler les Etats-Unis

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Ben Laden, le jihadiste qui a fait trembler les Etats-Unis

Il était né avec une cuillère en argent dans la bouche, en mars 1957, dans une famille richissime, et très pieuse, installée à Riyad, la capitale de l’Arabie saoudite. Oussama ben Laden est le 17e enfant d’une fratrie de 54.

Son père, Mohamed, venu du Yémen, ne sait ni lire ni écrire. Il a fait fortune dans le BTP, a 4 épouses officielles et quelques concubines. Il construit des routes, des ponts et des aéroports et entretient des relations cordiales avec le roi Abd al-Aziz Ibn Saud, dont il a édifié un palais aux portes de La Mecque.

Oussama, élevé dans la tradition wahhabite, la plus rigoriste de l’islam, passe beaucoup de temps à la mosquée, a appris le Coran par cœur, participe à des séances de théologie financées par son père. Quand le patriarche meurt en 1968 dans un accident d’hélicoptère, Oussama et ses nombreux frères héritent de 80 millions de dollars (lire ci-dessous). S’il joue au foot, il refuse de danser, activité qu’il juge « haram » (impure). Plus tard, il s’interdira la télévision, la musique et des photos sur les murs. Cet immense échalas (1,96 m) au regard noir, nez busqué, moustache découvrant une bouche aux lèvres pleines, vit comme un ascète, d’où son impressionnante maigreur. S’il a fait quelques voyages en Occident, il préfère s’inscrire à l’université de Djeddah pour y étudier les sciences religieuses, plutôt que de rejoindre ses frères dans de prestigieux établissements américains ou britanniques.

En 1979, quand la CIA décide d’aider les groupes islamistes à bouter les Soviétiques hors d’Afghanistan, le prince Turki Ibn Fayçal, futur chef des services secrets saoudiens, dispose d’un candidat idéal pour faire la liaison entre le royaume et les moudjahidin. C’est à Peshawar (Pakistan) qu’il rencontre le prêcheur palestinien Abdallah Azam, membre de la confrérie des Frères musulmans et adepte du jihad, la guerre sainte. Si Oussama ne dédaigne pas de combattre, il est surtout imbattable quand il s’agit de récolter des fonds dans les pays du Golfe.

En juin 2001, il appelle tous les musulmans du monde au jihad

Quand les Russes quittent l’Afghanistan, en 1989, il est accueilli en héros par ses compatriotes. Ses faits d’armes parlent pour lui. Il est modeste, séduit ses auditeurs par l’arabe classique qu’il parle avec des accents doux et harmonieux. Sa nouvelle cause est la lutte contre le « mécréant » . Quand « l’apostat » envahit le Koweït, en août 1990, Ben Laden veut rassembler sous la bannière du groupe qu’il a fondé, Al-Qaïda (« la base » en arabe), 100000 combattants. Mais la famille régnante ne se laisse pas convaincre, préférant accueillir les troupes américaines.

Oussama ne supporte pas l’idée de ces milliers d’infidèles souillant les terres saintes de l’Islam. Il s’exile au Soudan, où la junte islamique d’Hassam Tourabi le reçoit à bras ouverts. Il y finance des écoles et des usines, mais rêve plus que jamais à l’établissement d’un « califat islamiste » qui régnerait sur « l’oumma », la communauté mondiale des musulmans. Sa haine contre ces infidèles d’Américains, ses anciens alliés qui ont selon lui « gangrené » le royaume saoudien, s’accroît quand ceux-ci obtiennent du monarque qu’il soit déchu de sa nationalité. Selon la CIA, les attentats commis au Yémen en 1992, en Arabie saoudite et à New York en 1993, une tentative d’assassinat contre en 1995, portent tous la signature d’Al-Qaïda. L’année suivante, le président Clinton donne l’ordre de détruire le réseau. Résultat : une déclaration de guerre qui se traduit par de nouveaux sanglants attentats. En 1998, les ambassades américaines de Tanzanie et du Kenya sont frappées. La tête de Ben Laden est mise à prix. En juin 2001, il appelle tous les musulmans du monde au jihad. Trois mois plus tard, les deux tours du World Trade Center s’effondrent.

Pour mettre la main sur Ben Laden, qui a trouvé refuge chez les talibans, les Américains envahissent l’Afghanistan, renversent le régime des « étudiants islamistes ». Ben Laden et le mollah Omar leur échappent. C’est le début d’une traque qui durera dix ans. Fin 2001, il échappe aux bombardements massifs de Tora Bora, se réfugie, croit-on, tout près, dans les zones tribales, qui séparent l’Afghanistan du Pakistan. On le croit mort, malade, atteint d’une insuffisance rénale. Il se manifeste rarement, quelques images vidéo, des messages audio, des menaces. Pourtant, de nouveaux attentats lui sont attribués, Madrid en 2004, Londres en 2005. Le « cheikh Oussama » s’est manifesté pour la dernière fois le 21 janvier dernier, exigeant pour la libération des otages français du Niger le départ des troupes françaises d’Afghanistan.
 

 



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