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Vendredi 01 Juin, 2018 +33

KAOLACK : L’oubliée du Sopi

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KAOLACK : L’oubliée du Sopi
Nouvel Horizon - Le cri de détresse est partagé par quasiment tout le personnel politique de la région. Kaolack est la grande oubliée de l’Alternance, du moins elle est considérée pour quantité négligeable par Wade et son régime. Quant aux populations locales, elles ne comprennent pas que la région soit aussi exsangue alors que son potentiel économique est très important.

C’est un véritable cri de détresse que viennent de pousser les « progressistes » de Kaolack. Réunis en Coordination régionale le 29 septembre dernier sous la présidence de leur Secrétaire général Madieyna Diouf, ils ont dépeint un tableau bien sombre de l’état de la région. Constatant « avec une profonde amertume, que le Saloum est marginalisé par le régime libéral de Abdoulaye Wade qui a plongé la région, après sept ans de pouvoir, dans une situation économique et sociale catastrophique ». Et les « progressistes » de Kaolack d’égrener tout un chapelet de griefs à l’encontre du régime libéral et qui vont des routes impraticables et dans un état de délabrement avancé, à l’installation endémique de la disette, jusqu’à l’ aggravation de la pauvreté, consécutivement à « la mort programmée et froidement exécutée par le régime libéral de la filière arachidière, épine dorsale de l’économie régionale ». Sans oublier la profonde décrépitude des secteurs de la santé, de l’éducation, de l’assainissement, de l’hydraulique, de l’élevage, ainsi que le chômage chronique et l’exode massif des jeunes « sans aucune perspective dans une région dont le tissu industriel est devenu inexistant avec la fermeture des unités des zones industrielles de Kaolack et Kahone, la chute des activités de l’usine de l’ex -SONACOS Lyndiane (SUNEOR) ». En somme, un tableau pas reluisant du tout qui amène ces « progressistes » de Kaolack à « exiger du pouvoir de Abdoulaye Wade une véritable politique économique prenant en compte, de façon équilibrée, toutes les potentialités régionales en lieu et place des choix catastrophiques fondés sur des intérêts inavoués et opaques assis sur la mal gouvernance et l’irresponsabilité ». Certes, on pourrait croire qu’il ne s’agit là que de propos d’opposants aigris et prompts à chercher la petite bête à Wade et à son régime. Que nenni. Parce qu à ce diagnostic sans appel de l’opposition, répondent comme en écho les complaintes des propres partisans du Sopi. Des libéraux authentiques ont en effet décidé de mêler leurs voix à celles de ces irréductibles opposants au régime Sopi pour dénoncer avec véhémence l’oubli dont leur région serait l’objet. Ainsi, après avoir été de tous les combats depuis la création du Pds en 1974, le Secrétaire général adjoint de la fédération urbaine, Babacar Mboup ne trouve pas de mots assez durs pour traduire son désenchantement vis-à-vis du Sopi. « Je croyais qu’il (Wade) ferait mieux que le régime Ups-Ps. Mais depuis l’Alternance en 2000, notre situation est stationnaire ou a même empiré pour certains. Les cadres intermédiaires que nous sommes sont royalement ignorés. Et même pour les postes attribués à certains se réclamant de Kaolack par erreur de casting, une fois enlevés à leurs titulaires, ils ne sont pas destinés à des fils de la région, mais à d’autres », déplore Babacar Mboup. Et de citer les cas les plus récents de Daouda Faye et d’Ablaye Diack, dégommés respectivement de leurs postes de ministre des Sports et de Pca de la Caisse nationale de crédit agricole (CNCAS) sans qu’un fils de Kaolack ne soit promu à leur place. De quoi mettre beaucoup d’eau au moulin des opposants à l’actuel régime dont certains rient carrément sous cape. A l’image du chargé de la Communication du Ps et fils de la région, Abdoulaye Vilane pour qui « Wade a déçu les Sénégalais et le reste du monde, mais il a surtout trahi les Pds authentiques du Saloum qui l’ont aidé à prendre le pouvoir ». Et Vilane de soutenir que « la situation actuelle de la région est totalement imputable à Wade et à son régime. Car, estime-t-il, au lieu de conforter tout ce qu’ils ont trouvé sur place comme acquis, notamment la culture arachidière, ils ont plutôt tué le monde rural à travers l’arachide ». Poursuivant son état des lieux, le chargé de la communication du Ps fait remarquer que : « sur le plan industriel, le Saloum avait en plus des Salins, la Sonacos de Lyndiane, la Senembal, la Sisac, la Sotexka et la Sodefitex à Kahone qui étaient toutes boostées par la centrale électrique de Kahone. A présent, toutes ces entreprises ne sont que des vestiges avant l’âge ». Et pour finir, il y a ce dernier coup de boutoir de Vilane à l’encontre de Wade : « à cela s’ajoute que dans le cadre de la promotion des ressources humaines du terroir, Wade a non seulement déçu et trahi les militants authentiques du Pds, mais il n’a surtout pas été capable de trouver à travers des fils du terroir des relais efficaces sur qui s’appuyer pour développer cette région dont la centralisé, son histoire et sa composition sociologique en font une tête de pont incontournable pour le développement économique et social du pays ».

Kaolack, victime de la politique politicienne

C’est dire que Wade doit avoir bien du souci à se faire, en réussissant ainsi la prouesse de faire pratiquement l’unanimité contre lui à Kaolack. Même s’il s’en trouve parmi les libéraux de Kaolack certains qui lui trouvent tout de même une excuse. C’est le cas du patron de la fédération urbaine Ousseynou Goumlbala pour qui « la raison de la descente aux enfers de Kaolack est économique avant d’être politique, la région n’ayant pas su s’adapter au nouveau contexte économique consécutif à la baisse des cours mondiaux de l’arachide ». Et Ousseynou Goumbala de souligner que « si le régime socialiste avait fait de la promotion de quelques fils du terroir sa priorité, sans rien faire à vrai dire pour les populations, l’actuel régime s’est surtout évertué à mettre en œuvre de grands projets d’utilité publique ». Et de citer pêle-mêle le projet Cœur de Kaolack, la construction de l’École de formation des instituteurs (EFI), celle en cours de la nouvelle gouvernance et d’un nouveau lycée, ainsi que la réhabilitation du port de Kaolack. Toutes choses qui semblent toutefois loin de répondre aux attentes que nourrissait toute une région vis-à-vis du Sopi. C’est qu’en vérité, Kaolack n’a de tout temps été l’objet de convoitises que pour son potentiel politique et non économique. C’est en effet de la fameuse crise de 1962 entre Senghor et Mamadou Dia que remontent les premiers contentieux politiques qui, au fil des années, freineront l’essor économique d’une région aux potentialités énormes. En effet, lorsque les événements de 1962 éclatent, Valdiodio Ndiaye, un fils du terroir était ministre de l’Intérieur. Supposé être de connivence avec l’ancien président du Conseil Mamadou Dia à propos du coup d’État que ce dernier aurait fomenté contre Senghor, Valdiodio Ndiaye sera alors farouchement combattu. Ce fut alors le début d’un règlement de comptes politiques qui se fera au détriment de l’essor économique de la région. Ibrahima Seydou Ndao, autre fils du terroir, sera alors promu par Senghor et devint pratiquement le numéro deux du régime socialiste avec comme objectif de museler le camp de Valdiodio. Aussi, pour récupérer le mécontentement des partisans de ce dernier qui étaient encore nombreux à en vouloir à Senghor, Wade avait-il choisi de tenir à Kaolack le premier congrès du Pds. Sentant le coup fourré, en fin politique qu’il était, Senghor promeut d’autres fils du Saloum dont Amadou Cissé Dia, ancien président de l’Assemblée nationale, Thierno Diop, ancien maire de Kaolack et ambassadeur et plus tard Moustapha Niasse, Momar Talla Sylla et surtout Babacar Ba. Lequel, tout puissant ministre de l’Économie et des Finances et en charge du fameux compte K2 se devait de promouvoir une bourgeoisie locale et de contrer ainsi les visées de l’opposant Wade dans une région jouissant d’une place centrale sur l’échiquier politique. Suivant les traces de son prédécesseur, Abdou Diouf, dont la première tournée économique en qualité de chef d’État a été réservée à Kaolack, va aussi s’appuyer sur Abdoulaye Diack comme relais dans la région. Idem pour Ousmane Tanor Dieng qui mettra en pôle position un autre fils du Saloum, en l’occurrence Mamadou Lamine Loum, Premier ministre de 1998 à 2000. Avant que l’Alternance n’eut raison de ce nouveau dispositif socialiste. Quant à Wade, il n’a manifestement pas su trouver à Kaolack un relais issu des familles authentiques et influentes. A moins de s’être trompé jusque-là de casting Faut-il pour autant que l’économie de toute une région en pâtisse. Assurément non.



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