
Considérée comme une journée dédiée aux femmes à travers le monde, le 8 mars ne prend pas pour autant les allures d’une fête chez les femmes travailleuses rencontrées au centre ville de Dakar. Trouvées dans leur lieu de travail, elles considèrent cette date comme "une journée comme les autres".Dans un coin très visible du centre-ville dakarois, Mme Thiam s’affaire, apparemment débordée par les clients assis sur des bancs d’infortune, formant un cercle autour de sa table de thé. Une grande théière bouillonne sur le gaz, un plat surchargé de tasses et des feuilles de menthe soigneusement posées dans un bol, renseignent sur le métier de cette dame.
"Je suis une vendeuse de thé, je ne connaissais que cela, depuis plusieurs années, c’est mon métier", lance tout de go Mme Thiam, pour qui la journée du 8 mars ne doit pas être un prétexte pour sécher le boulot."C’est tôt ce matin qu’un de mes clients m’a taquiné en me posant la question : +Pourquoi tu travailles aujourd’hui, alors que c’est une journée dédiée aux femmes+. C’est en ce moment que j’ai su que ce jour est le 8 mars", explique-t-elle tout en servant ses nombreux clients.
Âgée d’une trentaine d’années, notre interlocutrice avoue ne jamais fêter le 8 mars. "Je n’ai jamais célébré cette date (8mars). Pour moi, il n’y a rien de spécial, c’est un peu comme les autres jours", a commenté cette dame au teint clair et à la longue chevelure."Je suis tenue de venir au boulot tous les jours ouvrables. Chaque jour, je me réveille de bonne heure pour regagner le centre-ville vers les coups de 6 heures et 30 minutes, parce que la plupart des mes clients sont amateurs du thé matinal", a-t-elle confié.
A quelques encablures du ministère de l’Education, Oumy Touré tient un kiosque de la Lonase (Loterie nationale sénégalaise). Littéralement prise d’assaut par les parieurs, Oumy s’épuise à taper sur les boutons d’une vielle machine pour enregistrer la série de données choisies par les clients."Cette machine est vraiment vétuste, les boutons ne répondent plus", balbutie-elle, l’air énervée. A la question de savoir pourquoi est-elle venue au boulot, alors qu’on célèbre la journée des femmes, Oumy Touré semble peu intéressée par la remarque, affichant même un petit mépris."Moi, je suis une femme à qui la charge familiale revient entièrement. Je travaille comme journalière à la Lonase, donc si je ne viens pas, c’est une journée nulle pour moi et vous me parlez de fête de la femme", réplique-telle, les mains bourrées de tickets et les yeux rivées sur sa machine."Pour ne rien vous cacher, le 8 mars ne m’enchante pas du tout.
C’est une journée ordinaire pour moi. Comme chaque jour je me suis levée à 4 heures du matin pour me rendre au centre-ville par ce que c’est ici mon gagne-pain", dit encore dit Mme Touré pour qui "rester à la maison durant cette journée dédiée aux femmes équivaut à une journée chômée et non payée"."Je quitte la banlieue (dakaroise) tôt le matin, je prépare mes enfants pour l’école et nettoie la maison parce que mon solde ne me permet pas de louer les services d’une bonne. J’ai un salaire journalier, je ne peux pas payer le luxe de rester à la maison même si c’est le 8 mars", explique encore Oumy.A quelques jets de pierre de ce point de vente de la Lonase, Mme Diouf gère une boutique d’accessoires téléphoniques. Pour elle, la journée du 8 mars devrait être considérée comme une fête qui permet aux femmes travailleuses de rester à la maison.
"Nous sommes obligées d’être au boulot parce que nous ne sommes pas permissionnaires. Mais, dans les normes, la date du 8 mars devrait avoir un cachet spécifique et spécial pour les femmes", analyse cette dame qui travaille dans une boutique affiliée à un opérateur de téléphonie mobile."Si j’étais resté à la maison, je me consacrerais à faire quelque chose de spécial pour mon mari. Pourquoi pas un diner spécial pour qu’au moins, il (son mari) sache que c’est une journée pas comme les autres", fait-elle valoir, l’air rêveuse.
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