Saint-Louis, 21 mai (APS) - Gora Mbodj, professeur de sociologie à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, estime que l'Etat doit, pour enrayer le phénomène de l'émigration clandestine, agir ''énergiquement'' en proposant aux candidats à l'émigration de rester sur place. ''Il faut mettre un dispositif pour que ces jeunes puissent trouver un lieu et un espace où ils pourront se réaliser'', a déclaré M. Mbodj dans un entretien avec l'APS. Il estime que la somme servant à payer les passeurs peut être utilisée pour un tel projet.
Au lendemain de l'alternance (mars 2000), ces jeunes s'attendaient à mieux et l'Europe d'une manière générale est maintenant perçue comme un lieu pour se reclasser socialement, selon le sociologue. Gora Mbodj met l'accent sur le désespoir qui habite ces candidats à l'émigration.
‘'Il faut renverser la tendance pas à partir du verbe mais il faut trouver des passerelles pour convaincre ces jeunes de rester en leur faisant comprendre que l'Europe n'est plus l'eldorado rêvé et qu'ils peuvent se réaliser sur place'', a expliqué M. Mbodj pour qui cette situation découle d'une responsabilité collective des autorités européenne et africaine.
Poussant sa réflexion plus loin, il condamne aussi la mentalité en vogue au Sénégal. ''Quand on n'a pas d'argent, on n'est rien'', se désole-t-il déclarant comprendre ce rush des jeunes désespérés vers des lieux jugés plus propices à la réalisation de leur rêve de se procurer des richesses.
Comme pour conforter leur professeur, Moussa Traoré et ses camarades étudiants à l'UGB estiment que ‘'la situation n'est pas aussi désespérée que le laisse penser le choix fait par ces partants pour l'inconnu''.
‘'Non seulement ils risquent leur vie mais ils seront rapatriés'', avoue un de ces étudiants qui condamne en même temps la loi Sarkozy sur l'immigration ''choisie''. Ce projet vise selon lui à ''piller l'Afrique en proposant l'exil à ses fils les plus compétents''.
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