Dakar, 19 mai (APS) - Le recours à une réforme constitutionnelle pour instituer une vice-présidence de la République constitue ‘’la meilleure formule’’ pour éviter une ‘’incongruité’’ qui naîtrait de la création d’un tel poste sans passer par les représentants du peuple, a indiqué mardi à Dakar le ministre d’Etat, garde des Sceaux, ministre de la Justice.

Me Madické Niang défendait le projet de loi constitutionnelle instituant un poste de vice-président de la République soumis le même jour à l’examen du Sénat qui l’a adopté à une écrasante majorité. Seuls deux sénateurs ont voté contre le texte.
Répondant aux préoccupations exprimées par les parlementaires à l’issue du débat général, Me Madické Niang a rappelé que le chef de l’Etat avait la possibilité de recourir à l’article 50 de la Constitution en créant ainsi un ministre d’Etat qui se verra ensuite déléguer l’essentiel des pouvoirs du président de la République.
Mais cela aurait été un ‘’manque de courtoisie’’ et un ‘’manque de respect’’ pour les représentants du peuple, a précisé le ministre d’Etat, garde des Sceaux, ministre de la Justice.
Selon lui, la réforme constitutionnelle a l’avantage de faire en sorte que ‘’nul n’en ignore’’, tout en permettant aux parlementaires de s’approprier ce projet de loi, de la critiquer et de l’amender.
A ceux qui craignent que l’instauration d’un poste de vice-président ne crée le ‘’désordre’’ au sommet de l’Etat, il a rappelé que ‘’le désordre existait avant’’, en faisant référence sans le nommer à l’existence, sous le régime socialiste, d’un poste de ministre d’Etat, ministre des Affaires et services présidentiels.
L’actuel secrétaire général du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, occupait à l’époque ce poste sous le magistère du président Abdou Diouf.
‘’Tout est question de conjoncture, tout est question d’analyse de la situation actuelle’’, a encore soutenu Me Madické Niang selon qui le nouveau poste ‘’a pour soubassement quelque chose qui existe déjà’’. Il s’agira seulement, pour le chef de l’Etat, de déléguer une partie de ses pouvoirs au vice-président qui est chargé de l’assister dans le cadre de ses missions, a-t-il expliqué.
Selon le rapport de la commission des lois du Sénat, le président de la République nomme le vice-président pour une durée ne pouvant excéder celle de son mandat et peut mettre fin à ses fonctions dans tous les deux cas après consultation du président du Sénat et de celui de l’Assemblée nationale.
Des personnalités politiques, également spécialistes du droit, dont le député Me El Hadj Diouf (proche du pouvoir), se sont opposés à ce projet de loi examiné vendredi par l’Assemblée nationale et qui semble également réprouvé dans une partie de l’opinion publique.
Selon Me Diouf, l’instauration d’un poste de vice-président n’a pas de sens dans le contexte actuel de nos institutions et fait reculer la démocratie sénégalaise. Il a ajouté que l’adoption de cette disposition fera que le Sénégal ‘’la risée du monde entier’’, estimant que dans aucun pays l’exécutif n’est constitué d’un président, d’un vice-président et d’un Premier ministre.
Pour Me Doudou Ndoye, un juriste également proche du pouvoir, le parlement n’a pas respecté les limites que la nation lui a imposées en votant une telle disposition. Il a indiqué qu’il considérera comme illégitime la personnalité appelée à occuper ce poste et a appelé d’autres institutions, notamment judiciaires, à adopter la même position que lui.
Commentant devant les sénateurs ces différentes positions, le ministre de la Justice a appelé les uns et les autres à ne pas faire dans la ‘’confusion’’ et à s’abstenir d’appréciations ‘’excessives’’.
Il a assuré qu’aucune règle de droit ne s’oppose à ce projet assurant que le gouvernement a ‘’la maîtrise’’ qu’il faut pour ‘’surfer sur les vagues’’ de la contestation de ce projet. ‘’D’autres seront emportés par les vagues, mais nous ne le serons pas’’, a-t-il déclaré.
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